Par Amadou GUÉGUÉRÉ
& Babba B. COULIBALY
Bamako, 01 sept (AMAP) Depuis quelques jours, le prix de la noix de cola a grimpé dans un contexte marqué par l’embargo imposé au Mali par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), suite à la démission de l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéita.
A ce propos, les avis et analyses des vendeurs de ce fruit aux vertus multiples, rencontrés lundi, à Bamako, divergent selon les différents espaces de vente. A «Worokourou» (marche de colas), au Grand marché, le président des vendeurs de cola estime que la pénurie, ces derniers temps, s’explique par deux raisons. «La première raison est la faible production au niveau des pays d’approvisionnement. La seconde s’explique par l’embargo. Ils ont dit que les frontières sont fermées, les fournisseurs ont eu peur d’envoyer la marchandise. Après, ils ont appris que les produits alimentaires ne font pas partie des produits soumis à la sanction», détaille Mamadou Traoré qui ajoute que cette difficulté a eu peu d’impact sur le prix de la noix cola.
Les tarifs varient en fonction de la qualité et de la disponibilité. «Nous avons beaucoup de types de cola. Aujourd’hui, le prix du panier varie entre 52.500 et 55.750 Fcfa, selon la qualité. Souvent cédée à 42.500 Fcfa, la même quantité peut valoir 100.000 Fcfa», explique le patron des vendeurs de cola de «Worokuru».
«Hamdallaye Worokuru», est l’un des plus grands marchés de vente de noix de cola à Bamako. Ici, les marchands de cola, comme ceux des autres marchés, s’approvisionnent à partir de la Côte d’Ivoire et de la Guinée. Président des vendeurs de cola au niveau de ce marché, Bourama Sangaré reconnaît que le marché de cola est peu attrayant depuis quelques mois, précisant que les prix n’ont pas changé. « La noix de cola est accessible s’il est abondant sur le marché, surtout en période de récolte. Passée cette période, les prix grimpent à cause de la réduction de la production », estime le vendeur.
«Actuellement, l’importation de la cola se fait comme d’habitude. L’embargo n’a apporté aucun changement négatif sur le marché de cola», insiste le septuagénaire. Qui estime que nos dirigeants doivent faciliter le dédouanement. Surtout au niveau de Zégoua où les marchandises trainent, selon lui, à cause du scanning.
Pour Massiri Keita, vendeur de cola au même marché, le fruit est disponible en abondance. «Nous avons accueilli deux véhicules chargés de noix de colas, il y a deux à trois jours. Quand le produit manque, les prix augmentent. Mais la différence de tarif excède rarement 2.500 Fcfa. Depuis l’arrivée des commandes, les prix sont revenus à la normale et commencent à partir de 50.000 Fcfa le panier», précise-t-il.
Pénurie ou pas, la noix de cola est utilisée en bien de circonstances au Mali. Toutefois, traditionnalistes et religieux sont unanimes que son usage en ces occasions n’est pas obligatoire. «La cola a toujours existé dans tous ce que nos parents font : démarches de mariage, baptêmes et décès, etc», rappelle le vice-président du Réseau des communicateurs traditionnels du Mali (RECOTRAD). Pour Amadou Dagamaïssa, la rareté et la cherté ces dernières années de ce produit symbolique a amené les gens à utiliser les dattes et les bonbons lors des cérémonies de mariages, baptême ou de décès. «S’il y a une crise de cola, on peut utiliser les dattes. Pour la bonne compréhension, il appartient aux communicateurs traditionnels (les intermédiaires) d’expliquer que ce changement est dû à l’embargo que le pays subit ou autre», propose le griot. Qui précise que la noix de cola est symbolique, mais pas obligatoire dans la célébration de mariage ou de baptême.
Selon l’imam Seydi Malick Diallo de la mosquée de Garantiguibougou 300 logements, la noix de cola fait partie de nos traditions non interdite par la religion musulmane. En cas de rupture, on peut utiliser des dattes ou des bonbons, comme cela est, d’ailleurs, de plus en plus fréquent lors de nos cérémonies de mariage et de baptême, estime le religieux.
AG/BC/MD (AMAP)