Un marché devenu un dépotoir d’ordures. Crédit photo AMAP

Par Abdoul Karim COULIBALY

Bamako, 13 Oct (AMAP) Une partie du grand marché de Kalabancoro reconstruit, pour en faire des magasins et des hangars, il y a quelques années, cherche désespérément des occupants. Vu de l’extérieur, le site rénové et entouré d’immeubles et de magasins, répond aux normes d’un marché moderne bien entretenu. Le constat est tout autre quand on fait un tour à l’intérieur. Ce souk des plus fréquentés de la rive droit est devenu un dépotoir d’ordures. Les odeurs fétides que dégagent les immondices ont fait fuir les commerçants qui occupaient les hangars. Ils ont alors, à en croire certains anciens locataires, préféré s’installer le long de la route plutôt que d’occuper cet endroit insalubre et en proie à l’insécurité.

Bintou Koné fait partie de ces négociantes qui ont opté pour cette alternative. Cette vendeuse de fruits dit avoir choisi de s’établir hors du marché à cause des odeurs nauséabondes qui se dégagent des déchets. Visiblement, elle a été imitée par bon nombre de commerçants et de commerçantes.

La nature ayant horreur du vide, des délinquants de tout poil ont investi les lieux. Ces marginaux y sèment la terreur, témoigne un usager qui assiste, impuissant, à cette situation. Au problème d’insalubrité, est venu s’ajouter un banditisme récurrent. Des témoins, qui ont requis l’anonymat, confirment que le marché de Kalabancoro est devenu aujourd’hui un nid de brigands. Vol, viol, prostitution, attaque à main armée….sont les activités qui y prospèrent, en lieu et place du négoce.

Face à cette situation inquiétante, « la mairie ne reste pas les bras croisés », assure le premier magistrat de la Commune. «De mon élection en 2017 à nos jours, les forces de l’ordre ont effectué plus de dix descentes dans le marché qui reste un nid de bandits», confirme le maire, Tiècoura Hamadoun Diarra, que nous avons rencontré, à son bureau, il y a une semaine. Soulignons que la construction du marché a eu lieu sous le magistère de son prédécesseur.

Tiècoura Hamadoun Diarra pointe un autre problème. «Des issues de secours ne figurent nulle part dans la configuration actuelle du marché. » Selon lui, ces équipements sont, pourtant, nécessaires pour éviter le pire, en cas de catastrophes comme les incendies qui peuvent survenir à tout moment. « Des experts ont été commis pour faire ce travail », rassure-t-il, précisant qu’à partir de la voie bitumée, des ouvertures seront créées pour permettre aux secouristes d’avoir un accès facile au marché.

Pour le maire, la reconstruction constitue la solution définitive aux problèmes que connaît le marché central de Kalabancoro. M. Diarra entend justement refaire le marché pour, dit-il, « le bien-être » de sa population. Selon lui, ce souk ne répond pas aux exigences d’un vrai marché. D’où la promesse de campagne qu’il a faite de le reconstruire, s’il devenait maire.

RECONSTRUCTION – Pour y arriver, M. Diarra envisage de rompre les contrats de bail, qui auraient été élaborés en 2010 par l’ancienne équipe municipale. Accordés pour une période de dix ans, « ces contrats de bail seraient arrivés à terme, au mois de mai dernier », souligne l’élu local. Selon lui, « l’expiration de ces conventions, qui ne seront pas renouvelées, devrait permettre à la mairie de démolir certains magasins pour pouvoir réaménager l’intérieur du marché, afin de créer plus d’espace et permettre à ceux qui le désirent d’occuper les hangars ».

Car, l’espace mis à la disposition des commerçants est insuffisant pour recaser les anciens occupants. «L’espace destiné à la réalisation des hangars a été aménagé pour en faire des boutiques. Ce problème doit être résolu pour soulager ceux qui doivent ou veulent occuper ces hangars», ajoute-t-il. Surtout que les hangars sont, à l’en croire, très sollicités par les marchands. « Tout le monde n’a pas les moyens nécessaires de construire ou de louer des magasins », note le maire Diarra. En guise de dédommagement, l’édile promet que ceux qui ont des magasins à l’intérieur du marché auront chacun deux hangars où ils pourront s’installer confortablement.

Quant au sort réservé aux immeubles, le maire envisage une solution qui ne semble pas faire l’unanimité. En la matière, une clause du contrat de bail établi en 2010 admettrait la possibilité d’une vente définitive des bâtiments, rappelle le maire de Kalabancoro. « Pour les acquérir à titre personnel, les locataires d’immeubles doivent d’abord se mettre à jour dans le paiement de leurs redevances », invite Tiècoura Hamadoun Diarra. « Les ressources, qui seraient issues de la vente de ces immeubles, pourraient permettre à la mairie d’entreprendre sa politique de reconstruction du marché », estime-t-il.

Interrogé à ce propos, un des membres de l’association en charge de la gestion du marché de Kalabancoro, qui a voulu garder l’anonymat, rejette en bloc toute idée de reconstruction. Selon lui, cela ne saurait être la solution adéquate pour résoudre le problème. Pour lui, la mairie doit, plutôt, aménager les hangars et assainir le marché pour que les gens puissent revenir s’installer.

AKC/MD (AMAP)