Bamako, 20 août (AMAP) L’ancien Premier ministre du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt, pour « atteinte aux biens publics» présumée, par la Chambre d’instruction de la Cour suprême, mardi, à Bamako, a annoncé son avocat, Me Cheick Oumar Konaré, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
En garde à vue depuis le 12 août dernier au Pôle économique et financier de Bamako, l’ex-chef du gouvernement est poursuivi dans un dossier portant sur des irrégularités présumées relevées par des rapports du Vérificateur général transmis à la Cour suprême.
Selon Me Konaré, l’ancien chef du gouvernement « conteste les faits reprochés, se dit serein et estime qu’un homme politique doit s’attendre à tout, y compris la prison et la mort ».
Toujours selon son conseil, Dr Choguel Kokalla Maïga se réjouit que son directeur de cabinet de l’époque, Pr Issiaka Ahmadou Singaré (80 ans), « soit poursuivi non détenu dans le même dossier ».
Le montant non justifié reproché à l’ancien PM par le rapport du Vérificateur général tourne autour de 1,7 milliard de Fcfa. Il implique plusieurs autres anciens responsables financiers de la Primature dont des ex-Directeurs des finances et du matériel (DFM).
L’ancien Premier ministre a été interpelé suite à la publication de ce rapport du Vérificateur général sur la gestion de la Primature. Cette mission de vérification financière et de conformité de la gestion de la Primature a concerné les exercices 2021, 2022, 2023 et 2024 (30 novembre). Elle fait suite à une saisine.
Dans le rapport, le montant total des irrégularités financières s’élève à 2.068.394.986 de Fcfa. Sur ce montant, 6.825.920 de Fcfa ont été régularisés à la suite des travaux de vérification et 330.218.000 de Fcfa ont été justifiés pendant la séance du contradictoire. Le reliquat des irrégularités financières non justifiées s’élève à 1.731.351.066 de Fcfa.
Dans les faits, il est reproché à l’ancien Premier ministre d’avoir autorisé, à travers des mandatements signés par le directeur de cabinet, l’exécution de dépenses non éligibles sur le filet social.
Il est, aussi, dit dans le rapport que le directeur des finances et du matériel de la Primature « a irrégulièrement ordonné le paiement de dépenses de souveraineté au Premier ministre dans le cadre de missions à l’intérieur et à l’extérieur du Mali. »
Dans un communiqué de presse rendu public, le procureur général Mamoudou Timbo a, sans citer nommément l’ancien locataire de la Primature, confirmé l’information.
« En retenant sa compétence, la Chambre d’instruction de la Cour suprême a procédé, à la date de ce jour 19 août, à des interrogatoires dits de première comparution à l’occasion desquelles des inculpations ou mise en examen ont été prononcé(e)s, des notifications de poursuites pénales en étant non détenus, de même que des mandats de dépôt ont été décernés », précise le communiqué. La source précise que « les faits sont susceptibles de recevoir les qualifications juridiques pénales de faux et usages de faux, d’atteintes aux biens publics d’un montant égal à plusieurs milliards de Fcfa de blanchement d’argent et de complicité desdites infractions. »
« Ces faits, souligne le document, sont reprochés à des opérateurs économiques et à des fonctionnaires. Il s’agit des fonctionnaires qui ont essentiellement géré les finances publiques relevant du Budget de la Primature sur une période allant de 2021 au 30 novembre 2024 et des fonctionnaires et opérateurs économiques ayant géré des contrats de marchés conclu dans le cadre de la convention de partenariat liant l’Agence d’exécution des travaux d’infrastructures et d’équipements ruraux (AGETIER) à la Primature. »
En la matière, insiste le communiqué, « les volets relevant de la compétence du Pôle judiciaire spécialisé en matière de lutte contre la délinquance économique et financière sont renvoyés au niveau du procureur national financier, ministère public, compétent en la matière.
Le procureur général Mamoudou Timbo assure que la justice suivra son cours afin de tenir « un procès équitable (…) dans le strict respect des droits de la défense notamment le principe de la présomption d’innocence. »
AT/MD (AMAP)