Mali : Exposition de plus de 200 objets culturels issus de fouilles, pillages et de trafic illicite

Les objets, issus de fouilles, pillages et du trafic illicite restituent un pan de l’histoire du Mali et rappellent aussi l’immense richesse de son patrimoine culturel

Bamako, 24 août (AMAP) Une exposition de biens culturels, issus de fouilles, de l’inventaire, du pillage et du trafic illicite,  intitulée «Protégeons nos bien culturels pour les générations futures» se tient au Musée national depuis lundi jusqu’au 30 septembre prochain.

Cette exposition de plus de 200 objets est aussi virtuelle et offre l’opportunité à d’autres continents de découvrir les merveilles de la civilisation malienne. Elle est organisée par le département en charge de la Culture dans le cadre de la mise en oeuvre du projet : «Sensibilisation, éducation à la lutte contre le trafic illicite et exposition des biens culturels».

L’exposition est financée par l’ambassade américaine dans le cadre d’un accord, signé le 19 septembre 1993 entre les gouvernements des Etats-Unis et du Mali. Cet accord est relatif à l’imposition de restrictions à l’importation de certaines catégories de biens archéologiques et ethnologiques, en provenance du Mali et a été renouvelé, lundi, pour la 7è fois. La signature de ce document a été l’un des temps forts de la cérémonie.

Les objets exposés sont constitués de canaris, terres cuites, masques, bracelets et autres objets d’une valeur inestimable. L’exposition met en exergue ces objets archéologiques saisis par la douane américaine et retournés au Mali dans le cadre de l’Accord bilatéral. Elle se compose d’artéfacts issus de fouilles scientifiques et du pillage des sites archéologiques et ambitionne de contraster les résultats et de montrer que seules les fouilles réalisées dans un contexte scientifique, permettant d’apporter des informations complémentaires à la connaissance de notre histoire.

Le vernissage a été présidé par le ministre de l’Artisanat, de la Culture de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo, en présence de l’ambassadeur des États-Unis au Mali, Dennis B. Hankins, et du chef du Bureau de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Edmond Mukala.

Le ministre Guindo a rappelé la réception de 900 objets restitués au Mali, le 7 décembre 2021, sous la présidence du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga. Selon Andogoly Guindo, le pillage inconsidéré des sites archéologiques prend l’allure d’une véritable catastrophe pour nos compatriotes, légitimement soucieux de connaître les traces laissées par leurs ancêtres, depuis des millénaires.

PILLAGE – Face au danger que représente le pillage, le Mali a entrepris une politique de protection de son patrimoine archéologique, en adoptant des textes législatifs et règlementaires, en ratifiant des conventions internationales et en concluant des accords. C’est dans cette optique, que le Mali et les Etats-Unis ont signé un accord le 19 septembre 1993 relatif à l’imposition de restrictions à l’importation de certaines catégories de biens archéologiques et ethnologiques en provenance de notre pays.

À en croire le ministre Guindo, l’exposition en cours est un bel exemple de mise en œuvre de cet accord. Elle permettra à de nombreux Maliens d’être informés sur « leur héritage, de percevoir sa richesse, de renforcer sa protection et de prendre conscience des effets négatifs du pillage et du trafic illicite des biens culturels ».

Enfin, il a invité la société civile à œuvrer pour la préservation et la promotion du patrimoine culturel et à se réapproprier les biens culturels issus du pillage et du trafic illicite.

Le diplomate américain a exprimé l’engagement des Etats-Unis à œuvrer pour la protection et la sauvegarde du patrimoine culturel. Il a souligné l’excellence des relations entre Washington et Bamako, avant de rappeler la crise de 2012 qui a entrainé une insécurité résiduelle.

Le phénomène du trafic illicite des biens culturels, bien qu’ancien, a pris, au cours des cinq dernières années, une dimension toute particulière dans les pays du Sahel. Et Dennis B Hankins de signaler qu’une étude effectuée dans les années 1990 indique que 80 à 90% des sites du Delta intérieur du Niger furent touchés par le pillage. Certains d’entre eux furent totalement détruits donc définitivement perdus pour la recherche.

«L’assistance culturelle du gouvernement des États-Unis au Mali est conçue pour promouvoir l’héritage culturel du Mali», a conclu le diplomate américain.

AS/MD (AMAP)