
Le Premier ministre et chef du gouvernement, Moctar Ouane
Bamako, 24 mai (AMAP) Des militaires maliens mécontents du nouveau gouvernement annoncé, lundi, par les autorités de transition ont conduit de force le président et le Premier ministre, le même jour, au camp militaire de Kati, à 15 kilomètres de Bamako, la capitale.
Peu après l’annonce du remaniement ministériel, des hommes en armes se sont rendus au domicile du Premier ministre, Moctar Ouane. Le chef du gouvernement a pu joindre au téléphone nos confrères de l’Agence France presse (AFP) et signalé la présence d’hommes armés chez lui « en train de le conduire chez le président de la Transition ».
D’après un proche du chef du gouvernement, le Premier ministre et le président de la Transition ont été conduits à Kati. Une ville-garnison située à une quinzaine de kilomètres de la capitale est l’ancien fief de l’ex-junte. Cette localité sur les hauteurs de Bamako a été l’épicentre de tous les coups de force récents au Mali.
La ville de Bamako est restée plutôt calme vers 21h, heures locales et GMT. La circulation est normale. Et la télévision nationale, en service minimum, en raison d’une grève de cinq jours de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la plus grande centrale syndicale, a même rediffusé, dans la nuit, le communiqué officiel annonçant la liste des membres du gouvernement.
Des militaires, membres de la junte auteur du coup d’Etat d’août 2020 sont mécontents du remaniement qui a vu deux des leurs quitter les ministères de la Sécurité et de la Défense. Selon certaines sources, les militaires exigeraient la dissolution du nouveau gouvernement, la démission du Premier ministre Moctar Ouane, la nomination d’un nouveau Premier ministre qui formera un nouveau gouvernement dans 72 heures.
Depuis plusieurs jours, des rumeurs, ici, ont fait état de ce grogne. Et même de l’arrestation du président Bah N’Daw, de retour jeudi de Paris, en France, où il a participé au sommet sur le financement des économies africaines.
Le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la crise malienne et ex-président nigérian, Goodluck Jonathan, est attendu mardi dans la capitale malienne.
Dans un communiqué conjoint, face à la situation au Mali marquée par l’arrestation du Président de la transition, du Premier ministre et de certains de leurs collaborateurs », le Comité local de suivi de la transition exige « la libération immédiate et inconditionnelle des autorités » arrêtées et souligne « que les éléments militaires qui les détiennent seront tenus personnellement responsables de leur sécurité ».
Ce comité composé de la CEDEAO, de l’Union africaine (UA) et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), avec des membres de la communauté internationale, y compris la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne (UE), « condamnent fermement la tentative de coup de force survenue à la suite de la publication du décret portant nomination des membres du gouvernement par le Président de la transition sur proposition du Premier ministre »
Les membres du comité « réaffirment leur ferme soutien aux autorités de la transition et demandent que la transition reprenne son cours pour se conclure dans les délais prévus ». « La communauté internationale rejette par avance tout acte imposé par la contrainte, y compris des démissions forcées », insiste le comité.
Le Comité local de suivi de la transition exprime « sa profonde préoccupation » et souligne que « l’action inconsidérée conduite, ce jour, porte en elle le risque d’un affaiblissement de la mobilisation de la communauté internationale en faveur du Mali ».
Les membres du comité local de suivi de la transition au Mali « se félicitent de l’annonce de la venue demain (Ndlr, mardi) de la délégation de la CEDEAO » et demandent à tous les acteurs concernés d’apporter « leur pleine coopération aux efforts déployés en vue de la reprise immédiate du cours normal de la transition ».
MD (AMAP)