Par Moussa Diarra
Bamako, 25 oct (AMAP) Derrière les propos diplomatiques tenus par la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a séjourné à Bamako, du 23 au 24 octobre, et s’est dit « suffisamment imprégnée » de la situation du Mali, les positions se rapprochent sur une prolongation de la durée de la transition politique au Mali.
« Seules les négociations avec les djihadistes n’ont pas été évoquées à la Primature, sinon tout le reste est acquis. Ils (ndrl, les diplomates du Conseil de sécurité) pensent, hors micro, que la Transition a des arguments en béton », a dit, une source proche des discussions, sous le couvert de l’anonymat.
Si pour la communauté internationale l’urgence est de préparer les élections, les autorités de la Transition mettent en avant la stabilité et la refondation du pays. Les autorités maliennes n’ont ainsi pas caché que la date de fin février 2022, prévue pour l’organisation des élections présidentielle et législatives, pourrait être reportée. Il s‘agit, en fait, d’un principe de réalisme : il est matériellement et techniquement impossible de tenir les scrutins dans le reste de temps de la Transition.
Le discours officielle accrédite, de plus en plus, cette possibilité d’une prolongation du délai imparti à la Transition. Ainsi, en septembre dernier, le Premier ministre Choguel Kokala Maïga, au cours d’une rencontre avec les membres du corps diplomatique, a clairement indiqué que la priorité du gouvernement est d’abord l’organisation des Assises nationales de la Refondation (ANR). Et que celles-ci prévues en décembre prochain détermineront le chronogramme détaillé devant conduire aux élections générales.
Le Mali vit un contexte de tensions diplomatiques, notamment entre Paris et Bamako. A cette crise diplomatique, s’ajoute la pression de plus en plus accrue de la communauté internationale sur les autorités de la Transition afin qu’elles respectent le délai de 18 mois, préalablement imparti à la Transition.
Lors d’une conférence de presse, au terme de leur visite, les ambassadeurs du Kenya, Martin Kimani, du Niger, Abdou Abarry et de France Nicolas de Rivière ont indiqué qu’ils ont pu s‘entretenir avec les différents acteurs, notamment les autorités de la transition, la société civile, les signataires de l’Accord de paix. Devant ces différents interlocuteurs maliens, la délégation du Conseil de sécurité a indiqué, avoir particulièrement insisté sur la durée de la transition politique au Mali.
L’objectif principal de la mission onusienne, la 5è du genre, était d’évaluer la situation politique, sécuritaire, humanitaire, de droits de l’homme, de développement, du calendrier de la Transition ainsi que l’état de la mise en œuvre des mesures prioritaires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger par les parties signataires.
Cette mission est co-présidée par les représentants du Kenya à l’ONU, Martin Kimani, du Niger, Abdou Abarry et celui de la France, Nicolas de Rivière La délégation est composée, aussi, de la Russie, Chine et des Etats-unis. « Tous ces pays ont été positifs dans leur intervention. Le Niger et le Kenya aussi. Le français se justifiait…. », a ajouté notre source.
Au cours de son séjour, la délégation onusienne a eu des rencontres avec les Autorités de la Transition, le personnel de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), les différentes parties impliquées dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, ainsi qu’avec les autres acteurs nationaux et internationaux de la crise malienne.
« On a dit aux différents interlocuteurs que la meilleure transition, c’est la transition la plus courte. Si on ne peut pas avoir d’objections pour des réformes, il ne faudrait pas retarder de façon prolongée la feuille de la transition », a expliqué Abdou Abarry, ambassadeur du Niger à l’ONU cité par Radio France internationale (RFI) sur son site.
Pour sa part, l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière, estime que, « comme dans beaucoup de crises de ce type, la réponse sécuritaire est évidemment nécessaire, mais n’est pas suffisante ». » Et la priorité doit certainement être de part et d’autre de relancer une véritable dynamique politique et de ramener la paix partout dans le territoire », ajoute le diplomate cite par la même source.
En résumé, la délégation du Conseil de sécurité a expliqué être venue transmettre un message de solidarité et de soutien au Mali. Mais, aussi, pour écouter les autorités de la transition.
Elle a été recue, dimanche, à la Primature par le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, accompagné par plusieurs membres du gouvernement. Le chef du gouvernement a indiqué que cette visite intervient à un moment crucial de la vie de son pays, marquée depuis quatre mois par la rectification de la trajectoire de la Transition, intervenue le 24 mai 2021.
Le Premier ministre a expliqué à ses hôtes, les quatre axes du Plan d’action de son gouvernement. Avant d’insister sur le besoin de sécurité, de justice, de réforme voire de refondation, ajoutant que la situation de la Transition politique en cours est le fruit de cette aspiration populaire.
Il a rappelé que le Mali a basculé d’abord en 2018, puis en 2020, dans une crise politique post-électorale. D’où la décision de la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections et celle de la tenue des Assises nationales de la Refondation.
Le chef du gouvernement a invité les membres du Conseil de sécurité et l’ensemble des partenaires bilatéraux et multilatéraux du Mali à apporter leur soutien à la réussite de la Transition et à continuer à avoir une lecture réaliste et lucide des défis complexes auxquels le pays est confronté.
Après le chef du gouvernement, la délégation du Conseil de Securité a été reçue à Koulouba par le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta.
Cette mission s’inscrit dans le cadre des consultations régulières entre le Gouvernement du Mali et l’Organisation des Nations unies depuis l’adoption en 2013 de la résolution 2100 (2013) du Conseil de sécurité créant la (MINUSMA”, rappelle la Mission permanente du Mali au siège de l’ONU,
Le Mali a connu deux coups d’Etat en neuf mois, en août 2020 et en mai 2021. Le pays est confronté à une insécurité persistante dans le Nord et le Centre et à la menace d’attentats terroristes, rappelle-t-on.
Les militaires au pouvoir se sont engagés, auprès des partenaires internationaux, à rendre le pouvoir aux civils et à organiser des élections nationales en février 2022 à l’issue d’une transition limitée à 18 mois.
MD (AMAP)