
« Le Mali intensifie ses efforts dans la lutte contre la corruption, un fléau qui fragilise la confiance des citoyens envers les institutions de l’État » : déclaration lue le lundi 16 juin 2025 à Vienne, par le secrétaire général du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, le Dr .Boubacar Dairrah.
Bamako, 18 juin (AMAP) Le secrétaire général du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, Dr Boubacar Diarrah, a détaillé lundi, à Vienne, en Autriche, les mesures prises par le gouvernement malien pour promouvoir une gouvernance transparente et responsable, a appris l’AMAP de source officielle.
« La lutte contre la corruption et l’impunité fait partie des préoccupations majeures de notre pays, car elle constitue la principale cause qui fragilise la confiance des citoyens dans les institutions de l’État », a déclaré Dr Diarrah, intervenant devant la 16e session du Groupe d’examen de l’application de la Convention des Nations Unies contre la corruption dans la capitale autrichienne,
Il a ajouté : « C’est à juste titre que le gouvernement a placé la lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière au cœur des mesures pour une gouvernance vertueuse dans notre pays. »
Le Mali a mis place plusieurs institutions dédiées et de nouvelles structures pour renforcer la lutte et concrétiser cet engagement. « Le Pôle national économique et financier, le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, l’Agence de recouvrement et de gestion des avoirs saisis ou confisqués, ainsi que la Cellule de communication du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme ont été créés », a précisé le secrétaire général. Ces structures visent à renforcer l’efficacité des enquêtes et des sanctions contre les actes de corruption.
Dr Diarrah a, également, mis en avant des innovations dans les nouveaux codes pénal et de procédure pénale. Concernant le Code de procédure pénale, il a cité : « la suppression des privilèges et immunités qui constituaient un terreau favorable pour l’impunité de certains agents publics ; l’imprescriptibilité des infractions en matière de délinquance économique et financière en lien avec les biens publics lorsqu’elles sont de nature criminelle ; la suppression des cours d’assises au profit des chambres criminelles au niveau des tribunaux de grande instance pour aboutir à la célérité dans le traitement des affaires criminelles et pour contribuer à désengorger les maisons d’arrêt ; »
Il y a, aussi, l’introduction des saisies pénales spéciales qui permettent des saisis en vue de sa confiscation notamment le patrimoine d’une personne mise en cause dans le cadre de la lutte contre la délinquance économique et financière ; et ce, depuis l’enquête préliminaire ; la protection des dénonciateurs, des témoins, des experts et des victimes ; l’introduction de la surveillance électronique comme alternative à la détention dans certains cas ; l’introduction du juge de l’application des peines dont la mise en œuvre se fera progressivement en fonction du niveau de l’effectif des magistrats ; l’institution du collège des libertés et de la détention.
Quant au nouveau Code pénal, il introduit des infractions spécifiques telles que « le blanchiment du produit de la corruption, les abus de fonction, le conflit d’intérêt, l’acceptation ou l’offre de cadeaux indus, le recel du produit de la corruption, le népotisme, le favoritisme et la prise illégale d’intérêt », a-t-il énuméré.
En termes d’actions concrètes, le gouvernement du Mali a instauré des outils innovants. « La première ligne verte gratuite, 36111, ‘Binkani Kunafoni’, a enregistré plus de 450 appels en 2024, permettant de mettre fin à certains abus », a expliqué Dr Diarrah. Il a également mentionné « l’affichage des frais de justice aux portillons des juridictions pour plus de transparence, la digitalisation des paiements pour le casier judiciaire et le certificat de nationalité, ainsi que le lancement imminent d’un logiciel de gestion des dossiers judiciaires. »
Enfin, des initiatives préventives ont été mises en œuvre, notamment l’institution, par le Décret n°2010-624/P-RM du 26 novembre 2010, d’une Semaine nationale de lutte contre la corruption. Cette semaine a « pour objet d’informer l’opinion publique sur les actions entreprises dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière en République du Mali et de contribuer par la sensibilisation sur le phénomène en vue de restaurer un climat de confiance entre les pouvoirs publics et les citoyens. »
Les organes de contrôle et d’inspection coexistent et agissent avec les autres structures impliquées dans la lutte contre la corruption comme l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), le Bureau du Vérificateur général (VBG), l’Autorité de régulation des marchés publics et des délégations de service public, la Section des Comptes de la Cour suprême qui vient d’être érigée en Cour des Comptes avec l’adoption de la Constitution du 22 juillet 2023, sont aussi de l’ordre de la prévention dans la lutte contre la corruption.
MMD/MD (AMAP)


