Lait et viande de dromadaire : Que de vertus et de vitamines !

L’utilité du dromadaire ne se limite pas seulement au transport des bagages dans le désert : son lait et sa viande servent à nourrir l’homme mais aussi à traiter certaines maladies.

Par Abdourhamane TOURE

Gao, 18 oct (AMAP) « Le dromadaire est très utile. Son utilité ne se limite pas seulement au transport des bagages. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que le lait et la viande du dromadaire ont des vertus et sont très riches vitamines A et C», révèle le directeur du Centre régional de recherche agronomique (CRRA) et représentant de l’Institut d’économie rurale (IER) à Gao, le Dr Mohomodou Moussa.

Selon le directeur du CRRA, qui a soutenu sa thèse de doctorat sur l’évaluation de la production et de la productivité du dromadaire en zone subhumide et sahélienne, assure que le lait du dromadaire contient du cholestérol digestif qui n’a pas d’inconvénient sur la santé.

« Le lait du dromadaire est très digestif, il contient beaucoup d’insulines et peut aider à traiter le diabète. Un litre de lait du dromadaire peut contenir jusqu’à 5,8 unités d’insulines », indique-t-il. Ce n’est pas tout, notre interlocuteur ajoute que le lait du dromadaire « est également très efficace dans le traitement des maladies métaboliques notamment l’hypertension artérielle et peut être utilisé dans le traitement  de l’arthrose. »

Selon Dr Mohomodou Moussa qu’il n’existe pas de chameaux au Mali, mais plutôt des dromadaires dont le nom scientifique est «camelus dromaderus». Le dromadaire a seulement une bosse.

Le Mali compte environ 1,2 million de têtes de dromadaire, grand mammifère domestique du genre camelus, selon les statistiques de 2015 de la Direction nationale des productions et industries animales (DNPIA).

«En fonction des localités, notre pays possède plusieurs espèces de dromadaires : le dromadaire de Tamasna, de Dossahak , du Sahel, de Berebiche, de l’Adrar des Ifogas et le dromadaire de Timitrine de Gao», précise-t-il.

VERTUS THERAPEUTIQUES – Selon Dr Mohomodou Moussa, la direction du CRRA a déjà lancé des projets de recherche pour la production de fromages et de yaourts à base de lait de dromadaire mélangé avec de la papaye. La structure a également initié l’élevage des dromadaires au centre, à l’IER de Bamako et Niono.

Le président de la Coopérative des éleveurs de dromadaires du Sahel de Gao, Mohamed Ag Hamati, indique que le regroupement est constitué de 80 éleveurs. Elle compte des hommes et des femmes et dispose d’un point de vente de lait qui peut collecter 20 litres de lait par jour. La vente du lait de dromadaire est lente, parce que les populations de Gao ne sont pas friandes de ce lait.

Ce sont surtout les nomades qui consomment le lait de cet animal. Ils achètent un à trois litres chaque semaine à raison de 1 500 Fcfa le litre. « Le problème principal de la coopérative, explique Mohamed Ag Hamati, c’est le manque de vétérinaires et le fait que l’animal ne peut pas être élevé en ville ».

Le directeur général de l’hôpital de Gao, Dr Youssouf Touré, se souvient que que durant son enfance, ses parents lui donnaient à boire le lait de dromadaire pour étancher sa soif. A cette époque-là, les puits n’étaient pas nombreux dans la brousse. «A cause de la rareté de l’eau, souvent nous constations sur le passage des ossements de bergers ou de voyageurs  morts de  soif. »

CINQ TÊTES PAR JOUR – Dr Touré ne cite pas de documents scientifiques sur le dromadaire au Mali, mais il se souvient que ses parents utilisaient l’urine, l’estomac et les bouses du dromadaire pour traiter des maladies comme le paludisme, l’ulcère, le hoquet etc.

La viande du dromadaire a les mêmes vertus que le lait de l’animal. L’estomac du dromadaire est utilisé dans le traitement traditionnel de l’hémorroïde, de l’ulcère gastrique et de l’asthme. Certaines personnes traitent le rhumatisme avec les os de l’animal.

Médecin nutritionniste à la Direction régionale de la santé de Gao, Dr Isaac Kodio affirme que la viande de dromadaire diffère de la viande bovine.

Boucher de son état, Hado vend la viande de dromadaire au marché de Gao depuis près d’une trentaine d’années. «Avant la crise (Ndlr, sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA), je pouvais abattre cinq têtes par jour. Sur le marché de Wabaari, le prix d’achat d’un dromadaire varie entre de 600.000 à 650.000 Fcfa. Un kilo de viande du dromadaire sans os coûte 3 000 Fcfa contre 2 500 Fcfa pour la viande avec os ».

« La viande du dromadaire est meilleure que celle de la vache», tranche le boucher qui ajouter «La viande du dromadaire, la peau, l’estomac et même les sabots de l’animal sont utilisés dans le traitement de plusieurs maladies. Quant à son urine, elle sert pour le traitement du paludisme».

Harber Maiga est routier entre Gao et le Ghana. Lui aussi connaît bien la viande de dromadaire et ne tarit pas d’éloges sur l’animal. Selon lui, la plupart des médecins traditionnels conseillent la viande de l’animal aux personnes du troisième âge à la place du boeuf, du mouton ou de la chèvre.

Harber Maiga assure que la consommation de la viande du dromadaire peut guérir de nombreuses maladies. « Quand on y goûte une fois, on ne peut plus s’en passer », affirme-t-il.

AT/MD (AMAP)