Bamako, 3 juin 2025 (AMAP) L’audience du procès de l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, a repris, mardi, à Bamako, devant la Cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers, pour être suspendue, aussitôt après la lecture, de 10h 45 à 11h 55 environs de l’acte de renvoi pendant une heure de temps
L’accusée, Mme Bouaré Fily Sissoko, a demandé à la Cour quelques minutes de repos. Et aussi pour relire l’acte de renvoi. Après consultation de ses conseillers et l’avis favorable du représentant du Parquet général, Koké Coulibaly, le président d’audience, Bamassa Sissoko, a suspendu l’audience à 12h 02 pour une trentaine de minutes. La reprise est attendue incessamment
Cette reprise du procès, aujourd’hui mardi, fait suite à une autre suspension, hier lundi,
La composition de la Cour a été réaménagée : deux des quatre conseillers ont été remplacés. Avec la reprise du procès, une vingtaine de témoins de premier plan seront entendus, parmi lesquels : Moussa Mara et Oumar Tatam Ly, anciens Premiers ministres et Madani Touré, ex-ministre du Budget au moment des faits.
Des hauts gradés de l’Armée malienne et d’anciens ministres sont également cités dans cette procédure de « détournement et d’atteinte aux bien publics « pour un montant d’environ 130 milliards de Fcfa ou, selon d’autres sources, de plus de 88 milliards Fcfa injectés dans des contrats controversés. Les faits remontent à 2014 sous le pouvoir du défunt président, Ibrahim Boubacar Keita (IBK).
Le 22 mai 2025 devant la même Cour d’assises spéciale, Mme Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre malienne de l’Économie et des Finances, est arrivée à son procès allongée sur une civière, recouverte d’un drap.
Avant cette nouvelle phase du procès, ses avocats avaient alerté la Cour sur son état de santé, plaidant pour un report ou un aménagement des conditions de comparution. Ces demandes ont été refusée par la juridiction criminelle.
Transportée en ambulance médicalisée, de Bouaré Fily Sissoko est entrée dans la salle d’audience, pâle et immobile, allongée sur une civière. Sa présence dans ces conditions a suscité une vive émotion, certains membres du public ont quitté la salle en larmes.
La scène de Bouaré Fily Sissoko sur une civière a suscité des réactions devant un tel événement qui ne s’est jamais produit dans un procès d’envergure au Mali. Et des interrogations sur l’équilibre entre justice et humanité, notamment dans les procès impliquant des personnalités politiques.
L’ancien ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Me Malick Coulibaly, a exprimé son indignation dans une tribune intitulée « Tempérance pour Bouaré Fily Sissoko ». Il s’est dit profondément « peiné de voir une femme âgée ayant servi l’État, allongée sur une civière devant ses juges. »
Il a suggéré un système de vidéoconférence, permettant à l’accusée de suivre et participer aux débats depuis l’hôpital, à condition que son état le permette et dans le respect de sa dignité.
« Que Dieu confère aux sages de la Cour d’assises spéciale la lucidité de percevoir ce qui est juste, le courage de le défendre et la volonté de l’appliquer », a-t-il écrit.
ST/MD (AMAP)


