Ségou, 22 novembre (AMAP) Dans la Cité des Balanzans, la pratique de la mendicité par les enfants talibés communément appelés «garibous» prend des proportions inquiétantes au point de compromettre la santé, l’éducation et l’épanouissement de ces enfants.
Souvent, issus de familles vulnérables et originaires des régions rurales du pays et du Burkina Faso, ces enfants sont confiés à un marabout pour apprendre le Saint Coran et les principes islamiques. Cependant, ils sont contraints de mendier dans la rue pour avoir leur pitance quotidienne.
Notre équipe de reportage s’est incrusté dans le quotidien des enfants talibés de Ségou à l’occasion de la journée internationale des Droits des enfants célébrée le 20 novembre. Ces mômes qui ne passent pas inaperçus dans la capitale des Balanzans, sont reconnaissables par leur boîte de tomate rouge vide qui sert à collecter tout ce qu’on leur donne allant du riz, de la bouillie, de la viande, … Les rues, marchés, lieux de culte et restaurants de Ségou sont fréquentés quotidiennement par les enfants talibés implorant les passants de leur donner de l’argent ou de la nourriture pour survivre.
C’est le cas de Lassine Traoré originaire du Burkina Faso que nous avons rencontré près de l’échangeur multiple de Ségou en ce mercredi du mois de novembre. Le visage marqué par la poussière et la fatigue, il tient un ballon de football sous son bras, et une boîte de tomate servant de réceptacle aux pièces de monnaie que les passants lui glissent par générosité. «J’exerce cette activité depuis un moment», nous confie Lassine Traoré qui suit chaque jour une routine bien établie à l’instar des autres enfants talibés.
Après la prière de l’aube et l’apprentissage des versets coraniques sous l’œil vigilant de son maître, Lassine Traoré arpente les rues et quartiers de la ville sous un soleil ardent pour mendier. Si certaines personnes lui tendent quelques pièces, d’autres par contre ne réagissent pas, admet-il, avant d’ajouter que c’est à l’heure de la prière de Safo (19h) qu’il retourne auprès de son maître coranique, à qui il remet la totalité de l’argent récolté.
Âgé de 10 ans, Boureïma Sawadogo porte une boîte de conserve attachée à une corde en bandoulière. Résidant dans la commune rurale de Pelengana, chez son maître coranique, le môme quitte chaque jour sa bourgade à pied pour se rendre en ville. Là, Boureïma Sawadogo se lance dans la quête de l’aumône ou part à la recherche de métaux qu’il pourra revendre, dans l’espoir de payer de quoi se nourrir et s’habiller. Cependant, cette pratique de la mendicité anéantit son rêve d’aller à l’école et d’exercer un jour son métier de rêve celui de construire des maisons.
Ousmane, un autre enfant talibé travaille comme collecteurs d’ordures ménagères. Le jeune adolescent se rend quotidiennement dans les maisons pour récolter les déchets qui seront déversés dans les dépotoirs. Disposant d’un pousse-pousse et d’un sac pour mettre ses déchets, Ousmane explique qu’il exerce ce métier depuis 3 ans sans équipement de protection adapté. «Je n’ai pas le choix. Je pratique le ramassage d’ordures ménagères afin de subvenir à mes besoins», nous a-t-il indiqué.
La Convention relative aux droits de l’enfant (CDE) par notre pays est une parfaite illustration de son engagement à protéger les Droits de l’enfant. Mais force est de constater, qu’après plusieurs années, la mendicité continue de faire son bonhomme de chemin, bien qu’elle soit interdite par la loi, notamment le code pénal et par l’islam. La place des enfants talibés ne se trouve pas dans les rues et quartiers de la ville, mais plutôt dans les écoles qui leur donneront l’opportunité de forger leurs destins. Pour ce faire, un combat pour l’éradication de la mendicité des enfants talibés doit être mené sur tous les fronts pour garantir un avenir meilleur à tous les enfants.
MS/KM (AMAP)