
», a dit le ministre Modibo Kéita. Quelque 60% des 17 milliards de Fcfa consacrés à la production agricole sont destinés à l’achat d’engrais organiques (soit un peu plus de 10 milliards de Fcfa) et les 40% restants aux engrais chimiques
Par Moriba COULIBALY
Bamako, 25 oct (AMAP) Le ministre du Développement rural, Modibo Kéita, a accordé, lundi, un entretien exclusif à L’Essor dans lequel il a apporté des éclairages sur la gestion de l’approvisionnement des producteurs en fertilisants au titre de la campagne agricole en cours.
« Le gouvernement a décidé lors du dernier Conseil supérieur de l’agriculture, présidé par le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, d’apporter une subvention de 17 milliards de Fcfa à la production agricole », a dit le ministre Modibo Kéita.
« 60% de ce montant sont destinés à l’achat d’engrais organiques (soit un peu plus de 10 milliards de Fcfa) et les 40% restants aux engrais chimiques notamment le DAP, l’urée et le NPK (soit une enveloppe de plus de 6 milliards de Fcfa) », a-t-il précisé.
« La subvention supporte, en réalité, les 15% des besoins d’approvisionnement en engrais et les producteurs doivent supporter les 85% restants », a fait remarquer le ministre.
Depuis plus d’une dizaine d’années (plus précisément, la campagne agricole 2008-2009) le gouvernement à travers le département du Développement rural apporte une subvention financière à la production agricole en vue de booster la productivité agricole.
Pour la présente campagne agricole, qui ne fait pas exception à la règle, les cultures vivrières comme le riz, le maïs, le mil, le sorgho et le blé sont concernés et le coton pour les zones cotonnières. La clé de répartition de cette subvention a été décidée en fonction de la conjoncture internationale marquée par la guerre en Ukraine. Or, il se trouve que l’Ukraine, avec la Russie, sont les plus grands pays producteurs d’engrais minéraux.
La pandémie de la Covid-19 a aussi perturbé d’une part les productions et les transactions d’engrais et, d’autre part le transport maritime par lequel les pays acheteurs s’approvisionnent.
Tous ces facteurs exogènes ont amené le gouvernement à privilégier la démarche qui consiste à apporter une grande part de la subvention aux engrais organiques qui sont disponibles sur place et génèrent de l’emploi local et des ressources pour les industries locales productrices. « La part de l’engrais organique dans l’amélioration de la fertilisation des sols a aussi été démontrée par les spécialistes », a assuré le ministre Keita.
PRIX REPÈRES – Si l’approvisionnement des zones cotonnières est géré par les structures habilitées à savoir la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT) et l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN), celui des zones hors coton est géré et surveillé de près par la direction nationale de l’agriculture, sous la conduite du département du Développement rural.
Expliquant la démarche qui a été mise en place pour assurer un approvisionnement adéquat des producteurs en engrais subventionnés pour les zones hors coton, le ministre du Développement rural, a rappelé que le gouvernement a arrêté le prix subventionné de l’engrais chimique à 12.500 Fcfa le sac de 50 kg et celui de l’engrais organique à 2500 Fcfa le sac de 50 kg.
En dehors de ces prix subventionnés, le département a jugé utile de convenir avec les fournisseurs de prix repères, soit 33.750 Fcfa pour le sac de 50 kg d’urée, 42.375 Fcfa pour le sac de 50 kg de DAP, 32 500 Fcfa pour le sac de 50 kg de NPK et 5 500 Fcfa le sac de 50 kg pour les engrais organiques.
Il y a une majoration de 1 000 Fcfa pour le transport des engrais aux points de distribution. Ces prix repères ont été déterminés et fixés par le ministère de l’Economie et des Finances.
Les fournisseurs historiques ont proposé 55 000 Fcfa comme prix repères et ont ensuite posé des conditions qui se sont avérées difficiles à accepter par le département. Ils ont posé comme conditions le paiement intégral des arriérés que l’État leur doit, l’accompagnement de l’État pour obtenir des garanties bancaires et l’achat au comptant des engrais.
Ils ont campé sur leur position en dépit de multiples rencontres avec le département. « Pour éviter le blocage, a souligné le ministre Kéita, le département a démarché d’autres partenaires qui ont accepté les prix repères arrêtés et n’ont pas posé de conditionnalités pour satisfaire les commandes ».
Le ministre Modibo Kéita a rappelé, ensuite, que l’État accorde la subvention au producteur qui achète l’engrais au prix convenu et le reliquat est remboursé au fournisseur qui doit se présenter aux structures du ministère de l’Économie et des Finances avec la caution mentionnant les quantités livrées aux paysans.
Le département en charge du Développement rural doit veiller à la moralité de la procédure d’acquisition des engrais subventionnés par les paysans. L’État n’est pas fournisseur d’engrais. Il veille juste à ce que la procédure mise en place au bénéfice des paysans soit respectée dans les règles de l’art.
« Le département du Développement rural n’est nullement impliqué dans la gestion financière des engrais subventionnés », a précisé Modibo Kéita. Le suivi est aussi assuré, à la base, à travers une commission de réception et de distribution des engrais subventionnés qui est présidée par le représentant de la chambre d’agriculture et, avec comme membres, les présidents des interprofessions riz et maïs et l’agent d’encadrement des directions régionales et locales de l’agriculture.
Selon le ministre du Développement rural, les services techniques de son département ont assuré le suivi régulier de l’approvisionnement des producteurs en engrais à travers le travail de la commission.
Modibo Kéita a assuré avoir « veillé à ce que les producteurs ne soient pas grugés par les fournisseurs ».
MC/MD (AMAP)