Des syndicalistes assurent le piquet de grève devant un établissement bancaire

Par Babba B. COULIBALY

Bamako, 24 nov (AMAP) Des clients de banques maliennes ont exprimé, mardi, leur exaspération devant une nouvelle grève de 72 heures et reconductible déclenchée, mardi, par le Syndicat national des banques, assurances, micro finances, établissements financiers et commerces du Mali (SYNABEF).

Certains clients que l‘AMAP a interrogés trouvent indécente l’attitude des grévistes dont l’intention manifeste est de prendre en otage le paiement des salaires. Pour eux, la grève est certes un droit mais les syndicalistes ne doivent, en aucun, cas prendre en otage les salaires.

«Ils ont le droit d’aller en grève. Mais nous ne sommes pas responsables du désaccord entre les syndicats et le patronat. Donc, ils (Ndlr, les syndicalistes) ne doivent pas nous priver de nos avoirs», peste Alhassane Touré. Il invite les autorités à s’investir afin de résoudre cette crise pour le bonheur des populations.

Un autre client estime que la période choisie est inappropriée, car elle empêche les retraits bancaires et autres opérations  des salariés, en cette fin de mois. «Les banquiers ne doivent pas oublier aussi la part des salariés dans les fonds qu’ils brassent, sur lesquels ils sont payés en partie. Je trouve indécent que les syndicalistes veuillent, chaque fois, ramener leur grève vers la fin du mois en vue de pénaliser les salariés et les opérateurs économiques pour obtenir satisfaction», interpelle-t-il.

D’autres demandent aux patrons de banques de s’assumer. Plusieurs d’entre eux menacent de retirer leur argent de toutes les banques qui observent cette «grève sauvage». Ainsi, soutiennent-ils, les grévistes comprendront qu’ils ne valent rien sans les clients qu’ils semblent mépriser au regard des propos tenus par les leaders syndicaux.

«Nous sommes dans la grève illimitée qui ne dit pas son nom. Même les samedis et dimanches, nous ne travaillerons pas», a dit le secrétaire administratif du SYNABEF, Cheick Oumar Diakité, d’un ton discourtois. Comme pour dire aux clients qu’ils n’auront pas leur argent jusqu’à la satisfaction des doléances des grévistes. Il est totalement indifférent aux difficultés des clients des banques.

Rencontrés au siège de la Banque malienne de solidarité (BMS S.A), le secrétaire administratif du SYNABEF et ses camarades assuraient le piquet de grève. «La pression de la population ne va pas nous démotiver, parce que nous sommes prêts à continuer cette grève», ajoute notre interlocuteur qui donne un aperçu des raisons de la radicalisation de son syndicat.

«Pendant toute la durée de la trêve, l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF-Mali) ne nous a pas approchés. C’est le lundi vers 18 heures que les patrons sont venus dire qu’ils veulent négocier, mais ils sont restés sur leurs décisions de ne pas bouger», explique-t-il.

Les syndicalistes demandent la revalorisation de la grille du salaire de base de 15% déjà provisionné, la régularisation de la situation des prestataires/intérimaires, conformément à l’article L313 du Code du travail et l’application du décret de 1971 sur le fonds social.

Pour cette première journée d’arrêt de travail, le mot d’ordre a été suivi presque par toutes les banques, assurances, micro finances et établissements financiers affiliés au SYNABEF. Pas même de service minimum. Cependant, la Banque de développement du Mali (BDM Sa) et la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC) se sont désolidarisées de cette grève comme c’était le cas lors des deux précédents mouvements d’arrêt de travail.

Le secrétaire général du Comité syndical de la Banque nationale de développement agricole (BNDA) et ses camarades disent veiller au respect strict du mot d’ordre de grève dans leur banque. Interrogé au sujet de la non observation du service minimum, Alassane Sanogo se veut formel. «Aucune loi ne nous oblige à observer un service minimum. C’est prévu dans les entreprises, mais il n’y pas un décret d’application», croit savoir le syndicaliste.

BBC (AMAP)