Gaz butane subventionné: Le prix a-t-il baissé chez les revendeurs ?

Reportage d’Amadou B. MAÏGA

Bamako, 20 février (AMAP) La Direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC) a, récemment, annoncé que les prix indicatifs plafonds du gaz butane subventionné sont fixés à 2.910 Fcfa pour la bonbonne de 6 Kg et à 1.335 Fcfa pour celle de 2,75 Kg. Ce qui correspond, respectivement, précise un communiqué de la Commission de suivi du mécanisme de taxation des produits pétroliers, à une baisse de 590 Fcfa et de 270 Fcfa. Rappelons que la bouteille de 6 kg était vendue à 3.500 Fcfa, contre 1.605 Fcfa pour la bouteille de 2,75 Kg.

Cette réduction du prix du combustible domestique survient après une crise entre opérateurs gaziers et le gouvernement. Les importateurs de gaz, qui réclamaient des impayés, avaient décidé de rompre toute collaboration avec l’Etat. Conséquence : les prix avaient flambé, au grand dam des consommateurs. C’est pourquoi la DGCC a, dès l’entrée en vigueur de cette décision, invité les consommateurs à signaler auprès de ses structures déconcentrées, les cas de non-respect des prix plafonds indiqués. «Les manquements seront sanctionnés conformément à la règlementation en vigueur», a indiqué le communiqué dont nous avons reçu copie. Qu’en est-il véritablement sur le terrain ?

Dimanche 16 février, l’horloge affiche 10 heures. L’air frais matinal dégagé par le fleuve Djoliba souffle sur Badalabougou, un quartier de la Commune V du district de Bamako. Une ballade au marché nous conduit chez Moussa Dicko, revendeur de gaz butane et de divers produits. Assis devant sa boutique, son fils Mohamed s’occupe des clients.

Interrogé, notre interlocuteur affirme sans transiger que le prix indicatif plafond fixé par le gouvernement ne marchera pas. D’après lui, ces tarifs sont mal pensés. Il dit payer à 3.000 Fcfa la bouteille de 6 Kg. «Quelqu’un qui achète une marchandise à 3.000 Fcfa, est-ce qu’il peut la revendre à 2.910 Fcfa ? Ce n’est pas possible», dit le commerçant. Après un long moment de discussion, une dame vient payer une bouteille de 6 Kg, sans poser de problème. Elle semble plutôt heureuse d’avoir le gaz. «Il y a quelques semaines, j’achetais la bombonne de 6 Kg à 5.000 Fcfa voire plus souvent. A un moment donné, je ne parvenais plus à en trouver sur le marché», confie-t-elle.

Lundi 17 février. En cet après-midi, le marché Dibida grouille de monde. Boutiquiers, vendeurs ambulants et autres usagers se démènent pour se frayer un chemin. La chaleur est suffocante. Là, la quasi-totalité des revendeurs interrogés affirment céder la bouteille de 6 kg à 3.500 Fcfa au lieu de 2.910 Fcfa fixés comme prix indicatif plafond par la DGCC. Pour eux, le prix de 2.910 Fcfa est un faux prix, car il ne prend pas en compte les difficultés d’accès à ce produit. Amadou Kida, l’un d’eux, révèle avoir acheté la bombonne de 6 kg à 3.000 Fcfa chez Sodigaz. « Avant la fixation des prix indicatifs plafonnés », précise le négociant. Pour espérer m’en sortir « je suis obligé de revendre une bouteille à 3.500 Fcfa», avance-t-il.

Au même marché de Dibida, le revendeur Birama Diarra est le seul qui cède la bouteille de 6 Kg à 3.000 Fcfa au lieu de 3.500 Fcfa. Arrondissant ainsi les 2.910 Fcfa à 3.000 Fcfa. Cela, précise celui dont la marchandise s’arrache, « dans le but d’éviter le souci de jeton qui risque de se poser avec les 2.910 Fcfa. En attendant l’arrivée de nouveaux stocks, il promet de maintenir ce prix jusqu’à nouvel ordre.

Contacté à ce propos, le directeur général de Sodigaz, Oudiari Diawara, a expliqué, lundi, qu’au niveau de sa société, la bombonne de 6 Kg est vendue entre 2.450 Fcfa à 2.500 Fcfa aux distributeurs.

Précisons que ce sont ces intermédiaires (les distributeurs) qui revendent le gaz aux revendeurs qui ont alors la charge de céder à 2.910 Fcfa la bouteille de 6 Kg et à 1.335 Fcfa celle de 2,75 Kg. Pour le patron de Sodigaz, la réduction des prix du gaz subventionné risque d’augmenter la subvention de l’Etat qui s’élève cette année à près 7 milliards de Fcfa. Alors qu’il n’a pas encore, à l’en croire, payé tous les arriérés de 2019.

Pour s’assurer que les prix fixés sont respectés par les revendeurs, la direction régionale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence a mis à la disposition du public des numéros verts que les utilisateurs peuvent appeler pour signaler tout manquement à cette directive. Il s’agit pour la Commune I du numéro 66 81 04 59, Commune II, 16 49 22 91, Commune III, 76 13 50 47, Commune IV, 66 71 79 57, Commune V, 66 46 42 80 et Commune VI, 76 45 01 69.

ABM/MD (AMAP)