Gao : Succès du tissu artisanal « Dali Fini »

Par Abdourhamane TOURE

Gao, 11 mai (AMAP) A Gao, la Cité des Askia, dans le Nord du Mali, les commerçants n’arrivent plus à satisfaire la forte demande du pagne «Dali fini».

Le pagne «Dali fini» en langue nationale Bamanan est un tissu artisanal en coton tissé par nos artisans. Ce tissu est originaire de la Région de Ségou. Si dans notre pays on l’appelle «Dali fini», au Burkina, c’est le «Faso fani». Actuellement, il est très prisé sur le marché de Gao. Ce regain d’intérêt pour le made in Mali peut être attribué au Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui porte constamment ce tissu. 

À Gao, s’en vêtir est devenu un phénomène de mode. «Je vendais avant ce tissu «Faso fani» et pouvais passer des mois sans en écouler le moindre mètre. Mais depuis que le Premier ministre le porte, les clients se sont ruées là-dessus. Malheureusement, il y a une rupture», explique la commerçante Hawa Traoré, originaire du Burkina Faso.

Elle dit avoir beaucoup de commandes non encore satisfaites.  «J’achète mes tissus au Burkina Faso à trois endroits différents, notamment chez les revendeurs, les tisserands et au niveau des associations féminines burkinabè. Souvent, j’achète 2 pagnes à 6.000 Fcfa et les revends à 15.000 Fcfa. Il y a aussi un autre motif dont les 2 pagnes coûtent 18.000 Fcfa. On revend ce modèle à 25.000 Fcfa», explique la commerçante. 

La clientèle de Hawa Traoré est majoritairement constituée de femmes qui en achètent pour leurs époux, en guise de présents. Ce tissu a une valeur culturelle ancestrale parce quon le retrouve dans le trousseau de mariage. Mais, la différence réside dans le motif choisi en fonction des ethnies.

Au Mali, le «Dali fini» est produit dans les Régions de Koutiala, Ségou, Sikasso et Bamako. «Même avec toutes ces productions, on n’arrive pas à satisfaire les commandes, autrement dit à approvisionner le marché suffisamment»,  confie un responsable du Centre de développement artisanal des textiles. Selon lui, ce tissu coûte 4.000 Fcfa l’unité à Bamako, la capitale, alors qu’à Gao, les trois pagnes sont cédés à 25.000 Fcfa. Dans la boutique de la société Adama Maïga et Frères, on trouve des pagnes de toutes les qualités (wax, bogolan) à l’exception du «Dali fini» ou «Faso fani». Le gérant de la société, Modibo Kane Maïga, oriente les clients qui cherchent  le «Dali fini» vers la commerçante Hawa Traoré.

Mme Sidibé Kadia Maïga, fraichement mariée, confie être venue chez «Maïga et Frères» pour acheter du bogolan parce qu’elle a déjà dans son trousseau de mariage trois pagnes de «Dali fini». L’opérateur économique Albouhari Alhousseini déclare que s’habiller avec du «Dali fini» est une reconnaissance des efforts de nos cultivateurs, mais aussi un acte de panafricanisme et d’affirmation de l’indépendance du Mali.

Quant à l’enseignant à la retraite, Youssouf Maïga, il estime que le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, assure bien la promotion du Made in Mali, avant d’ajouter : «Si nous voulons notre souveraineté, nous devons consommer ce que nous produisons».

Le directeur régional de l’artisanat de Gao, Sékou Diakité, relève qu’hier le «Dali fini» n’était pas à la portée de tout le monde parce que, selon lui, c’était le mode vestimentaire des plus nantis. Aujourd’hui, il est accessible à tous.

Il recommande aux autorités de développer des industries textiles pour davantage vulgariser ce tissu.

AT/MD (AMAP)