
« Avant l’ouverture de cette case de santé, on devait faire 40 km pour aller au centre de santé le plus proche, voire aller à Tombouctou dans le pire des cas », la mère d’un enfant malade
Par Oumar SANKARE
avec MSF
Bamako, 01 juin (AMAP) Depuis le lancement, en juin 2021, de leurs activités à Niafunké (dans Nord du Mali), les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF), en collaboration avec les autorités du District sanitaire, ont soigné plus de 1 100 enfants âgés de 0 à 15 ans hospitalisés au centre de santé de référence.
Plus de 2.200 consultations médicales ont, également, été menées par les équipes de santé communautaire auprès des populations affectées par l’insécurité dans la zone du Gourma de Tombouctou.
M. B. est originaire d’un village loin de Niafunké. Elle est au chevet de son enfant H. Y. malade hospitalisé au service de pédiatrie de l’hôpital de la ville. Elle nous partage son histoire et le parcours de soin de son enfant. Son enfant avait mal au cœur et au ventre depuis sa naissance et les premiers soins au village ne l’ont pas guéri. « Sa santé s’est aggravée. C’est pourquoi j’ai décidé de l’amener à l’hôpital de Niafunké à moto. Cela fait maintenant une semaine que nous sommes ici. Aujourd’hui, il l’enfant) va beaucoup mieux. Son ventre lui fait moins mal et son cœur aussi », dit la mère, soulagée.
F. T, elle, est originaire d’un village qui se trouve derrière le fleuve Niger à Niafunké. « Mon enfant était malade. Nous avons marché un long moment, puis nous avons pris la pirogue pour venir à l’hôpital de Niafunké. Il était dans un état critique mais à notre arrivée, il a été bien traité. Ce matin, il va beaucoup mieux. », dit-elle
Mené dans la Région de Tombouctou, (Nord), le projet prend en charge gratuitement les enfants malades âgés de 0 à 15 ans au niveau du service pédiatrique de l’hôpital de Niafunké.
« Dans le cadre de la gestion intégrée des cas communautaires (ICCM), nous avons aussi lancé des activités communautaires dans quatre sites nomades, situés dans la zone du Gourma de Tombouctou », déclare Dr Junaid Khan, Chef de mission de MSF au Mali.
Afin de fournir des soins essentiels curatifs et préventifs, des cases de santé fixes ont été mises en place pour les communautés qui rencontrent des difficultés d’accéder aux soins principalement liés à l’insécurité, à la distance et aux coûts. En à peine quatre mois, plus de 2249 consultations médicales y ont été réalisées », ajoute – t-il.

L’insécurité a réduit la mobilité des patients pour accéder aux soins, ainsi que des équipes médicales à certaines aires de santé
Ce projet a été mis en place dans un contexte sécuritaire de plus en plus difficile dans la région, qui affecte durement l’accès des populations civiles aux soins de santé. Cette crise a affecté le système de santé local provoquant ainsi la défaillance au niveau de certaines structures de santé.
Dr Souleymane Cissé est le responsable de l’unité Pédiatrie de l’hôpital de Niafunké. Selon lui, « la situation sanitaire dans la zone de Niafunké est difficile compte tenu de beaucoup de facteurs. Le cercle de Niafunké dispose d’une vingtaine de Centres de santé communautaires fonctionnels qui arrivent à offrir le paquet minimum de soins. Et la quasi-totalité de ces centres sont situés dans la zone du Gourma, où il y a une forte concentration des populations ».
« En raison de la crise actuelle, l’insécurité a entrainé une mobilité réduite de nos équipes médicales au niveau de ces aires de santé. Et cela complique, aujourd’hui, l’accès des populations aux soins de santé. Mais on fait de notre mieux pour continuer à offrir des soins aux populations en dépit des contraintes sécuritaires », explique le médecin.
Parmi les pathologies fréquentes dans la zone, il y a le paludisme, surtout en période hivernale et pendant la décrue. « Il y a, également, la malnutrition. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’enfants malnutris qui sont hospitalisés à la pédiatrie de l’hôpital. Cette situation est due au contexte sécuritaire qui empêche les paysans de cultiver suffisamment. À cela s’ajoute le faible pouvoir d’achat des populations. Les gens ici sont très pauvres », poursuit le praticien.
« Aujourd’hui nous avons des craintes face à l’augmentation des cas d’enfants malnutris que nous recevons à la pédiatrie. Actuellement, en moyenne, les équipes des soins intensifs reçoivent, chaque mois, quinze enfants en situation de malnutrition aiguë sévère souffrant de complications », révèle Dr Cissé.
Il dit craindre que ce taux reste élevé dans les prochains mois compte tenu de la mauvaise récolte de cette année, de l’insécurité qui complique l’accès des populations aux services santé, de la flambée de prix des denrées de première nécessité et de la rareté de certains produits nutritionnels sur les marchés locaux.
La présence de MSF, à côté des agents de santé de l’Etat, donne un signe d’espoir et contribue à faciliter l’accès des populations aux soins.
MSF est une organisation humanitaire médicale internationale qui apporte ses secours aux populations touchées par des conflits, des épidémies, des pandémies, des catastrophes naturelles ou encore l’exclusion des soins.
Au Mali, MSF gère actuellement des projets dans la capitale malienne, Bamako, à Ansongo, dans les Régions de Kidal, Gao, (Nord), Mopti (Centre), dans les localités de Ténénkou, Douentza et Koro), Ségou (Niono, au Centre du pays) et Sikasso (Koutiala, dans le Sud).
OS/MS (AMAP)