Par Ouka BA,
AMAP Diéma
Diéma, 7 Oct (AMAP) Chaque année, des enfants meurent, par noyade, dans le Cercle de Diéma, dans l’Ouest du Mali, où les mares et des cours d’eau ont atteint, cette année, des niveaux inquiétants à cause de l’abondance de pluviométrie. Ces mares et cours d’eau sont, certes, d’une grande utilité, puisqu’ils fournissent des poissons, permettent les activités maraîchères, assurent l’abreuvement des troupeaux et facilitent le ravitaillement en eau des chantiers.
Mais ces cours d’eau constituent, également, un danger pour les enfants qui les fréquentent quotidiennement. S’ils partent pêcher, en rentrant des champs ou en accompagnant leurs mères à la lessive, les occasions ne manquent pas pour les gamins de se débarbouiller. Il y a, aussi, ceux qui apprennent à nager. Malgré la sensibilisation par les radios de proximité, le phénomène persiste.
Seyba Diabaté, chef du centre de la protection civile de Diéma, explique que le nombre de cas de noyade, cette année, dans le cercle de Diéma s’élève à 6 dont 4 à Lambidou, 1 à Béma, et 1 à Diéma. « Lorsqu’on a l’information, on intervient rapidement pour tenter de sauver la personne ou pour extirper le corps de l’eau. Après opération, on remet la victime aux services de santé », dit-il en substance.
Le Chef du centre de la protection civile, souhaite, avec le soutien des autorités compétentes, initier, le moment venu, une formation en natation, à l’intention des jeunes, afin de réduire les nombreux cas de noyade que le cercle de Diéma enregistre annuellement.
Le grand cours d’eau du barrage situé non loin du quartier Bamaking, a, dit-on, besoin de sacrifice humain, « c’est pourquoi chaque année il prend la vie d’un être humain », soutient un pêcheur, s’apprêtant à placer sa ligne.
Cette année, il n’y a pas eu de cas de noyade à Diangounté Camara. Le 2ème adjoint au maire, Oudé Magassa, explique que la mairie n’a pas entrepris de sensibilisation dans ce sens mais « tous les parents sont conscients, aujourd’hui, des dangers de cette pratique vieille de plusieurs siècles ». C’est pourquoi, tous interdisent à leur progéniture de plonger les cours d’eau, durant ces périodes.
Assitan, aide son mouton terrassé par une forte pluie, à se tenir sur ses pattes flageolantes. Elle déclare que dans cette situation, les femmes ont une grande part de responsabilité. Lorsque certaines femmes partent faire la vaisselle ou a lessive à la mare, elles se font accompagner, parfois, par tous les enfants de la maison. Elles les laissent se s’amuser dans l’eau, Ce qui entraîne, souvent, des noyades.
Le fils de Hétan, essaie de la tromper. Chaque fois qu’elle lui demande s’il estallé se laver dans la mare Lambakoré, il jure, la main sur le coeur qu’il a arrêté. Mais, il suffit qu’elle voit l’état des yeux et du corps du petit, pour qu’elle se mette à le rudoyer, en dépit de la menace de répudiation proférée à son encontre par son époux.
Selon Mariko Traoré, conseiller communal, résident à Dioumara-Koussata, avec la sensibilisation, rares sont les parents qui laissent leurs enfants aller dans les cours d’eau. « Ici, ce sont les hommes qui veillent, généralement, sur les enfants », indique-t-il.
Karamoko, vendeur de boissons, d’ajouter que par incivisme, certaines personnes jettent dans les cours d’eau des cadavres d’animaux et toutes sortes de détritus. « Ces eaux souillées, on ne doit même pas les faire boire par un animal, a fortiori… », prévient-il
Makan, qui seconde l’imam à Lakamané, soiutiengt que cela fait partie des coutumes de la contrée : « si les enfants partent aux champs, ils se lavent dans les cours d’eau, au retour ». « On délivre des messages lors de nos prêches afin que les parents empêchent leurs enfants de se ruer vers les mares », ajoute Makan.
Bassi Coulibaly, notable à Guédébiné, certifie que chez eux « du début à la fin de l’hivernage, vous ne verrez aucun enfant se baigner dans une eau stagnante » « Le Directeur technique de notre Centre de santé communuautaire (CSCOM) et son équipe, dont je loue les efforts, sensibilisent les femmes qui viennent en consultation pour l’abandon de la pratique », ajoute-t-il.
Salim Diawara, Conseil communal de la jeunesse de Béma, expliqueque grâce à la sensibilisation, la pratique a considérablement diminué dans la commune, même si elle n’est pas totalement finie. « Avec l’existence de quelques bornes fontaines, poursuit-il, de nombreuses femmes ne se rendent plus dans les mares avec leurs enfants pour la lessive ».
Ganda Modibo Tounkara, chef du service de l’Hydraulique de Diéma, affirme que les eaux stagnantes sont souvent sources de contamination. « Si les enfants s’y baignent, ils pourraient attraper des maladies hydriques, comme la bilharziose, la diarrhée, les dermatoses, etc », a averti-t-il. « Il faut, conseille l’hydraulicien, renforcer la sensibilisation ».
« Toute eau qui ne coule pas, sa consommation peut rendre malade », renchérit un producteur, qui se désaltère, insouciemment, avec l’eau du bras de rivière qui passe à côté de son champ.
OB/MD (AMAP)