
Des moutons, il y en a mais les prix ont pris l’ascenseur !
Par Ouka BA AMAP
Diéma, 30 mai (AMAP) La fête de Tabaski se tiendra, cette année, dans un contexte économique et sécuritaire difficile. A Diema, les prix des moutons dépassent largement les bourses. Les moutons coûtent excessivement cher dans cette partie de la Bande sahélienne où l’élevage est en pleine expansion, malgré les cycles de sécheresse répétés, liés généralement à l’insuffisance et la mauvaise répartition des pluies dans l’espace et dans le temps.
Aujourd’hui, à Diéma, pour se procurer un bélier moyen, il faut débourser jusqu’à 110 000 Fcfa voire plus !
La question qui taraude tous les esprits est de savoir ce qui a occasionné la flambée des prix des moutons dans le Kaarta cette année. A propos, plusieurs raisons sont avancées. Certains pensent que les commerçants sénégalais n’étant pas venus cette année pour se ravitailler, on ne peut parler de rareté des moutons sur les marchés. De l’avis général, les causes sont liées à la cherté de la vie et, surtout, à l’insécurité qui sévit dans la zone. Ce qui empêche beaucoup d’éleveurs ont peur de conduire leur troupeau sur des marchés sous la menace terroriste.
DE LA CUPIDITE – Sur la place occupée par les marchands de moutons, au Razel, juxtaposée à l’emplacement de compagnies de transport, se déroulent, du lever au coucher du soleil, des transactions. Vendeurs, acheteurs, revendeurs et coxeurs, chacun y trouve son compte. On y assiste, quotidiennement, à un véritable tohu-bohu.
En provenance de Tinkaré, Dioby Macoulmack, est à la recherche d’un client pour son bélier qu’il désire vendre à 160 000 Fcfa, un prix non négociable, d’après lui.
Avec ses cinq béliers corpulents, aux cornes pointues, Lassana Konaté, espère tirer de son mouton la faramineuse somme de 750 000 Fcfa. Il s’arme de patience pour attendre les clients les plus audacieux.
Le revendeur Adama Boly, n’est pas avide d’argent. S’il parvient à gagner sur chaque mouton un bénéfice de 1 000 Fcfa, cela est suffisant.
A en croire, Bassékou Gambi, venu de Koromba Kouroumba, il existe toutes sortes de prix. Il suffit d’avoir un peu d’argent pour obtenir un mouton qui répond aux critères de l’animal de sacrifice.
Mamadou Diallo, éleveur, a fait un tour au Sénégal pour écouler ses moutons. En ce moment, il est venu aider son ami dans la vente.
Gaoussou Diarra, domicilié à Fangouné Massassi, s’est déplacé personnellement, malgré son âge avancé, pour venir acheter des béliers pour sa famille. Il trouve que les enfants sont souvent inexpérimentés dans le marchandage.
De l’imprudence chez Samba Traoré, qui dit attendre le jour même de la fête, juste avant la prière collective, pour chercher un mouton. « Car, explique-t-il, le visage décrispé, cela trouvera que tout le monde a eu son mouton. » « Alors certains marchands bazardent leurs troupeaux », espère-t-il.
DE LA MODESTIE – N’ayant pas assez d’argent pour se procurer un bélier, un homme qui préfère garder l’anonymat, vient d’acheter une chèvre de 6 mois à 25 000 Fcfa, qu’il compte immoler le jour de la fête.
Que dire de cet autre, qui laisse sa brebis pour chercher un bélier, afin de répondre à une exigence des membres de sa famille.
Mahamadou Sissoko, releveur de compteurs Energie du Mali (EDM), est obligé d’acheter, cette année, son mouton de Tabaski. Durant les années antérieures, il pratiquait l’élevage. Son activité avait beaucoup prospéré. Mais, par la suite, une maladie a décimé son troupeau.
Interrogé sur le sujet, le chef du service local des productions et des industries animales, Oumar Maïga, a indiqué que c’est de la pure surenchère. Il rapporte que le fait que beaucoup de gens soient impliqués dans le circuit (vendeurs, acheteurs, revendeurs, coxeurs), forcément les prix des moutons prennent l’ascenseur, « car chacun veut en tirer profit. »
« Dans cette affaire, poursuit-il, ce sont généralement les propriétaires d’animaux qui sont les grands perdants. » Il a aussi évoqué le problème d’insécurité, qui rend souvent difficile l’approvisionnement des différents marchés.
Le service local des productions et des industries animales assure correctement les rôles, qui lui incombent, afin de parvenir à une bien meilleure promotion de ce secteur dans le Cercle de Diéma.
OB/MD (AMAP)