Par Aminata SOUMAH
Bamako, 9 juillet (AMAP) Les perles ne sont pas seulement des objets de beauté, mais aussi un symbole du savoir-faire de l’artisanat féminin et de l’émancipation des femmes dans diverses sociétés.
Dans notre pays, elles occupent une place importante dans diverses cultures féminines à travers l’histoire. Au fil du temps, la valorisation de la perle s’est étendu sur diverses variétés de parures. Pour sa confection locale, la créativité implique souvent des compétences et de savoir-faire des génies locaux.
Mme Ballo Assitan Soumaoro est la gérante de l’atelier firdaous qui a pour objectifs de former les femmes dans la confection des perles et d’autres activités génératrices de revenues. Dans son atelier, on transforme des perles en sacs à main, pots de fleur, porteclés, colliers, chaussures, etc. Avec des couleurs au souhait des clients, parfois, le drapeau national est mis en valeur à travers ses tricolores.
Madame Ballo explique que les perles sont des objets valeureux qui représente la gente féminine, avec des styles attrayants surtout dans la tradition africaine. Par sa créativité, elle a su aller au-delà des anciens styles qui se limitaient aux atours des femmes. Ses œuvres qui servent à d’autres maquillages se vendent dans son atelier ou dans les marchés, les foires et à l’extérieur du pays.
La gérante de firdaous fait savoir que la formation est purement pratique chez elle. Cela, pour promouvoir le travail des femmes, pour leur autonomisation et leur émancipation. En 3 semaines de formation, beaucoup d’entre les apprenantes peuvent commencer à faire leur propre création de styles.
Elle dira que les graines de perles sont achetées au grand marché de Bamako, qui sont ensuite transformés à des différentes variétés de produits séduisants par son atelier avant de les exposer au marché. Mme Ballo Assitan Soumaoro affirme que la vente est bénéfique. Les produits fabriqués par l’atelier firdaous sont vendus de 500 à 1000 FCFA pour les portes clés, de 3000, 4000, voire 5000 Fcfa pour les sacs. Y existent aussi des produits de 15000 à 25000 Fcfa. Ils varient selon la taille et la qualité des objets.
En dehors des parures féminines, de nombreuses personnes l’utilisent pour accessoires d’instrument musical. Ousmane Diallo en témoigne. Confectionneur de « yabara ou tchichara », un instrument de musique local, cet artiste pratique ce metier depuis plus de 20 ans. Il le fabrique à l’aide des graines de perles tissées avec des cordons au tour de petites calebasses non ouverte. Ousmane Diallo dit que ses œuvres d’art sont beaucoup convoités par les artistes musiciens, des choristes et des griots. Les prix varient selon les qualités, de 3000f et plus. « Nous les mettons à la disposition des clients à tout moment pour satisfaire leurs demandes.
Dans la cour de l’artisanat, Ousmane Diawara fabrique un modèle de perle « Agade noire » très convoité par les hommes. Le jeune homme explique que les femmes aussi en trouvent leur compte. Ce métier, dira-t-il, lui a permis de participer à des foires nationales et internationales pour faire des expositions de ses produits, surtout dans les pays arabes et Asie.
Depuis plus de 10 ans, Oumou Traore évolue dans la vente des perles. Rencontrée ce mercredi 18 juin 2025 au grand marché de Bamako, elle déambule entre les coins et recoins du marché. Soudain, elle s’arrête pour présenter son étale de perles à un présumé client. Cette marchande ambulante révèle que grâce à cette vente, elle arrive à satisfaire ses besoins quotidiens.
Selon Oumou Traoré, le marché est actuellement morose, car elle ne vend que souvent 10.000 Fcfa par jour. Ses marchandises sont des bracelets, colliers, et autres commodités de parures pour enfants et adultes. La vendeuse avoue que l’industrie de la perle est non seulement une source de revenus pour des nombreuses femmes, mais c’est aussi vecteur d’émancipation.
Baïni Coulibaly confectionne et vend ses perles depuis belle lurette. Elle le fait selon la préférence des acheteurs. Parmis ses objets, on trouve des perles argentées, en plastiques, des lumineux qui font la différence par leurs éclats pendant la nuit, etc. « Nous vendons nos perles en détail et en gros, selon ce que veut le client. La douzaine de certaines est cédée de 750 Fcfa, 1000 Fcfa à 4000 Fcfa » précise-t-elle.
Chez Korotoumou Kanitao, vendeuse de perles à l’artisanat dans le grand marché de Bamako, on trouve des perles traditionnelles comme « mândja, mɔrɔmɔrɔ », les clous de girofle en perles. La vielle vendeuse qui a 60 ans d’expérience en la matière affirme que le prix de certains de ses produits s’élève de 30.000 Fcfa à 50.000 Fcfa. Les gens viennent acheter les perles en gros pour les exporter en Europe et dans des différentes foires d’expositions.
Aminata Fofana, cliente croisée sur les lieux, fait savoir qu’elle peut porter une dizaine de perles dans la semaine pour séduire son conjoint. «Certains de mes ports sont de protection contre les mauvais yeux», affirme Aminata.
La confection locale des perle constitue une véritable industrie qui rayonne de nos jours dans notre pays et permet à des artisans de tirer leur épingle du jeu.
AS/KM (AMAP)