Cercle de Niono : Accord de cessez-le-feu définitif entre chasseurs traditionnels et djihadistes

Bamako, 19 avr (AMAP) Les groupes armés de donzos (chasseurs traditionnels) et djihadistes qui font régner l’insécurité dans la circonscription administrative de Niono, (Centre), notamment dans le village de Farabougou, sont parvenus à une entente, le 16 avril dernier, grâce aux efforts du Haut conseil islamique du Mali (HCIM).

Dans un communiqué, la commission de bons offices et de médiation du HCIM révèle que l’accord de cessez-le-feu signé entre les «Donzos et les djihadistes, dans le Cercle de Niono, est devenu un accord de cessez-le-feu définitif entre ces deux groupes. Cet accord définitif a été conclu ce vendredi 16 avril dans la forêt de Hadji-wêrè, dans le Cercle de Niono ».

Selon la même source, le texte inclut « toutes les clauses de l’Accord du 14 mars dernier, sauf le départ des Forces armées maliennes (FAMa) de Farabougou. De ce fait, le départ de l’Armée n’est plus une condition pour la paix et la réconciliation dans le Cercle de Niono».

La Commission, poursuit, le communiqué, remercie le président du HCIM et le ministre de la Réconciliation nationale pour « leur implication personnelle et leur sens élevé pour la paix et la réconciliation, les groupes donzos et djihadistes pour leurs engagements et leur disponibilité à inscrire désormais leurs actions dans l’intérêt des populations du Cercle de Niono ainsi que toutes les bonnes volontés qui ont accompagné les médiateurs du HCIM durant tout le processus de la médiation».

Depuis septembre 2020, ce village de la Commune rurale de Dogofri (Cercle de Niono) est devenu tristement célèbre à cause des groupes armés qui ont empêché ses 4000 âmes de mener leurs activités et ont commis des exactions sur la population.

Le HCIM que dirige le prêcheur Chérif Ousmane Madani Haïdara a offert sa médiation. Une commission de bons offices et de médiation conduite par Moussa Boubacar Bah, membre du HCIM, président de Sabati 2012 et ancien ministre, est parvenue à arracher un accord de cessez-le-feu partiel entre les sédentaires et nomades, le 14 mars 2021, à Farabougou.

Pour que cet accord se concrétise sur le terrain, les groupes terroristes avaient posé plusieurs conditions parmi lesquelles le départ des Forces armées maliennes (FAMa) de Farabougou.

TOUT SAUF LE DÉPART DES FAMa – Cette condition a été jugée inacceptable par les autorités maliennes. Le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel-major Ismaël Wagué, s’est rendu le 12 avril dernier à Farabougou, certainement pour marquer la présence de la force publique dans la localité. Un communiqué de son département précise que cette visite «fut l’occasion pour le ministre de la Réconciliation nationale de transmettre le message de soutien et d’encouragement du gouvernement». «Il s’est dit satisfait de retrouver les populations de Farabougou requinquées, malgré les évènements douloureux qui ont émaillé le secteur », indique le communiqué.

Quatre jours après cette visite du ministre Wagué, les belligérants sont parvenus à un accord de cessez-le-feu définitif qui satisfait toutes les parties.

Les autorités avaient envoyé un détachement des FAMa sur place, le 15 octobre 2020, pour sécuriser la population. L’opération appelée “Farabougoukalafia”, était conduite par le colonel Assimi Goïta, vice-président de la Transition. Auparavant, l’Armée avait largué des vivres et des médicaments pour secourir rapidement les habitants dans le besoin. Les forces étrangères (Barkhane et Minusma) sont aussi intervenues à Farabougou mais uniquement à titre humanitaire (largage de vivres et de médicaments à la population).

SIX CIVILS TUÉS – La présence des FAMa à Farabougou n’a pas permis de contenir les assauts incessants des groupes armés. Ayant quitté le village, ces derniers se sont repliés sur les principaux axes d’accès empêchant les villageois d’aller dans leurs champs où dans d’autres villages, comme Dogofri, chef-lieu de la Commune.

Un habitant que nous avions contacté témoignait: « L’axe Dogofry-Farabougou est sous le contrôle des terroristes. Tant que cette voie n’est pas libérée, la population de Farabougou va continuer à souffrir. Il n’y a pas de marché à Farabougou. Les habitants font tous leurs échanges commerciaux au marché de Dogofry… C’est vrai que l’Armée a apporté des vivres et des médicaments, mais ce n’est pas suffisant. Il faut que la route Dogofry-Farabougou soit accessible ».

Le blocus des terroristes était devenue une préoccupation aussi bien nationale qu’internationale. Le secrétaire général des Nations unies, dans son rapport sur le Mali en septembre 2020, a écrit: « La situation dans le Centre du Mali reste très préoccupante. Une série de violences graves a été enregistrée dans la région de Ségou où, depuis début octobre, le village de Farabougou et des villages voisins de la Commune de Dogofri, dans le Cercle de Niono, ont été la cible d’attaques et de blocus de la part de ce que l’on présume être des combattants extrémistes. »

Le siège et le blocus des villages ont causé la mort d’au moins six civils et fait des dizaines de blessés, et se sont traduits par l’enlèvement d’au moins 20 civils, le déplacement de plus de 2.000 familles des villages des communes de Dogofri, de Mariko, de Siribala et de Sokolo et des vols de bétail.

On estime que près de 4.000 personnes sont actuellement bloquées dans le village de Farabougou, privées d’accès aux biens de première nécessité et aux soins de santé et, constamment, menacées de violences.

MK/MD (AMAP)