Tout est presque prêt pour une campagne agricole prometteuse au Mali. Les paysans n’attendent plus que les intrants agricoles, gage d’une bonne productivité.

Par Makan SISSOKO

Bamako, 20 juil (AMAP) La campagne agricole s’annonce prometteuse dans la zone de Manantali, dans l’Ouest du Mali, grâce au démarrage précoce de l’hivernage. Une opportunité que les producteurs ont saisie pour commencer rapidement les travaux champêtres par le nettoyage et le labour. Dans certains champs, les jeunes plants ont commencé à grandir. Dans d’autres, les producteurs sont au stade de labour, de semis, de l’installation des pépinières et de préparation de grands champs. C’est le constat général qui se dégage dans cette zone située dans la Région de Kayes (Ouest) traversée par le fleuve Sénégal.

Les travaux agricoles sont au cœur des activités de cette zone essentiellement constituée d’agropasteurs. L’hivernage s’est installé et les producteurs de la zone de Manantali n’attendent plus pour ne pas être les derniers. Ils sont motivés dans les travaux champêtres en attendant l’approvisionnement des intrants agricoles afin de favoriser la productivité de la zone.

L’Agence de développement rural de la vallée du fleuve Sénégal (ADRS) de la zone de Manantali est subdivisée en deux secteurs. Celui de Manantali et de Bafoulabé. Cette zone est constituée de plusieurs types d’aménagements dont deux grands périmètres à savoir, le périmètre B de Manantali avec une superficie totale de 682 hectares et le périmètre G/H de Mahina d’une superficie de 880 hectares.

Boubacar Sidiki Dao, ingénieur d’agriculture et du génie rural, est le chef de zone basé à Manantali. Il explique que la campagne a démarré dans sa localité dans des conditions sociales, économiques et sanitaires très difficiles avec la pénurie alimentaire, le faible niveau du pouvoir d’achat des producteurs ainsi que la rareté des denrées. Mais au-delà, il se réjouit du démarrage précoce des pluies.

L’ingénieur d’agriculture et du génie rural estime que sa zone a enregistré du début de la campagne à maintenant plus de 200 mm de pluie. Le département en charge de l’Agriculture a déjà procédé à la restitution du plan de campagne au niveau de toutes les structures du développement rural, les directions régionales, les agences et les offices. Pour le moment, l’ADRS de Manantali travaille pour répartir ce plan de campagne entre ses différents secteurs et les agents de terrain.

 

PLUS DE 6 000 TONNES – Pour cette campagne agricole 2023-2024, Boubacar Sidiki Dao explique que la zone ADRS de Manantali prévoit de mettre en valeur plus de 2 372 hectares pour toutes céréales confondues notamment, le riz, le mil, le sorgho, le maïs et le fonio. En objectif de production céréalière, la zone projette une production de plus de 6 417 tonnes. En ce qui concerne les cultures maraîchères, l’objectif de production est plus de 1 200 tonnes sur les petits aménagements à savoir, les Périmètres irrigués villageois (PIV) et les Petits périmètres maraîchers des femmes (PPM) exploités par les producteurs en plusieurs cultures dans les deux secteurs de la zone sur une superficie moyenne de 76 hectares, précise l’ingénieur.

Par rapport à la gestion des engrais, le chef de zone assure que déjà, des commissions de réception et de distribution des engrais ont été mises en place. Selon Boubacar Sidiki Dao, la direction générale de son Agence a présentement un quota de 1 325 tonnes d’engrais minéral et organique qui doivent être répartis entre les différentes zones de l’ADRS en fonction des niveaux de production.

Pour la zone de Manantali, c’est le riz et le maïs qui sont concernés par la subvention d’engrais. Par rapport à cela, le besoin en engrais minéral subventionné s’élève à 381 tonnes pour une superficie de 1 597 hectares concernés par la subvention. Le besoin de la zone en engrais organique est estimé à 1 113 tonnes pour le riz et 968 tonnes pour le maïs. Ce qui fait un besoin global en engrais minéral et organique de 2 081 tonnes pour une superficie totale évaluée à 1.597 hectares.

«Mais pour le moment, le quota de l’ADRS n’est pas encore reparti entre ses différentes zones et la mise en place des engrais n’a pas commencé. Après la répartition des engrais, la zone de Manantali aura le quota le plus élevé, car c’est elle qui comptent les plus grandes superficies», précise l’ingénieur d’agriculture. Sur les difficultés de la campagne, Boubacar Sidiki Dao souligne les problèmes de sous équipement des producteurs, le retard habituel dans la disponibilité des engrais et le chevauchement des deux campagnes : la saison et la contre saison. «À présent, certains producteurs n’ont pas fini de récolter la contre saison et les pépinières sont installées pour la saison. Et cela mettra la campagne nouvelle en retard», déplore le technicien.

 

MISE EN PLACE DES ENGRAIS – Par rapport à la gestion des intrants agricoles pour cette campagne, les producteurs de la zone de Manantali veulent la mis en place, sans délais, de l’engrais subventionnés. Et aussi de mettre à leurs dispositions les documents de gestion.

Cependant, le chef de zone ADRS de Manantali souhaite une gestion efficiente pour que l’engrais mis à disposition soit exclusivement destiné aux producteurs. Il prône également la mise en place d’une commission de supervision pour la réception et la distribution de l’engrais.

Dans le secteur de Bafoulabé, « la pluviométrie est, pour le moment, jugée bonne contrairement à l’année précédente où il y a eu quelques poches de sécheresse en début de saison », souligne Sambou M. Sissoko, producteur de riz au périmètre G/H de Mahina.La maîtrise de l’eau dans ce périmètre, favorise les cultures de contre saison.

À présent, quelques paysans n’ont pas bouclé les récoltes pour cette période. Sambou M. Sissoko produit en contre saison et en saison pluvieuse. Il détient un demi-hectare de champ dans le périmètre G/H de Mahina sur lequel, il cultive du riz durant cette phase. Au-delà de ce périmètre, il cultive d’autres céréales comme le maïs et le mil sur un autre champ d’environ un hectare à Dioubedala, village situé à 2 kilomètres de la ville de Mahina. Le producteur est en avance car, il a vite fini les récoltes de contre-saison, en attestent les pieds de maïs qui ont commencé à germer dans son champ.

En ce début de campagne, Sambou fonde beaucoup d’espoirs sur l’approvisionnement à temps des engrais subventionnés pour booster la productivité de ses cultures. Il utilise également l’engrais organique. «En ce moment, les champs ont besoin d’engrais car les semis et la culture des pépinières ont commencé. Et jusqu’à présent, nous n’avons rien reçu», déclare le producteur.

Même constat dans le secteur de Manantali où les producteurs sont également en attente d’engrais chimiques. Fadiala Dembélé est producteur dans le périmètre B de Manantali. Il travaille en saison pluvieuse comme en contre-saison. Ce dernier cultive essentiellement du maïs et du riz. Comme lui, les producteurs de cette zone sont confrontés au manque d’engrais de fond indispensable au repiquage du riz.

Cette année l’installation de l’hivernage a pris du retard dans ce secteur par rapport à l’année dernière. Les producteurs sont au niveau des labours et semis. «Ici, les sols sont très pauvres en fertilisants, l’utilisation de l’engrais chimique est nécessaire pour obtenir un rendement moyen ou élevé», révèle le producteur comme pour inviter les fournisseurs à mettre les engrais à leur disposition à temps.

Fadiala Dembélé affirme que l’ADRS de Manantali soutient les producteurs et les coopératives de la zone. Selon le paysan, l’Agence, à travers une banque de la place, a mis un prêt à la disposition des producteurs afin de leur permettre de s’approvisionner en intrants agricoles.

Interrogé au sujet des engrais subventionnés, le directeur général de l’ADRS, explique que la livraison a commencé pour la zone de Kita qui a reçu, à ce jour, 621 tonnes d’engrais organiques et minérales. Pour la zone de Manantali, rassure Moussa Ben Issak Diallo, le processus est enclenché et la livraison débutera dans les jours à venir.

Il s’agit, selon lui, de 704 tonnes d’engrais tous types confondus qui seront mises à la disposition des 2 536 producteurs dont 447 femmes. Concernant l’équipement des producteurs de la zone de Manantali, le directeur général de l’ADRS souligne que son service a mis un tracteur à la disposition des producteurs pour les travaux de labours et un fonds pour l’achat d’équipements et d’intrants agricoles.

MS/MD (AMAP)