Budget 2024 : Prudence et maîtrise des dépenses publiques, selon le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou

Alousséni Sanou à l’ouverture des travaux du processus budgétaire 2024

Bamako, 7 fév (AMAP) Les perspectives macroéconomiques du Mali incitent « à la mise en œuvre d’une politique budgétaire prudente et responsable, malgré un regain de la croissance du Produit intérieur brut (PIB) », a déclaré, jeudi, à Bamako le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou à l’ouverture des travaux du processus budgétaire 2024.

Pour l’exercice 2024, M. Sanou a fait savoir que cette prudence s’impose, malgré un regain de la croissance du PIB. «La politique budgétaire vise un objectif de déficit budgétaire de 4,5% du PIB en 2024 compte tenu de nombreux engagements du gouvernement, notamment dans le cadre du renforcement des acquis en matière de défense et de sécurité ainsi que de l’amélioration des infrastructures socioéconomiques de base. Il reste entendu qu’à moyen terme, la politique budgétaire s’inscrirait dans la dynamique de revenir progressivement au critère de convergence communautaire de 3%», a-t-il expliqué.

Pour le patron de l’hôtel des Finances, « cette reprise économique doit être consolidée et renforcée à travers une planification budgétaire et une amélioration de la qualité de la dépense publique en veillant sur la viabilité à long terme des finances publiques. »

Le taux de croissance réelle du PIB, estimée à 3,7% en 2022, devrait s’accélérer en 2023 pour atteindre 5,2% en 2024, a assuré Alousséni Sanou.

Cette conférence a abordé trois thèmes importants pour le processus budgétaire 2024 dont celui sur «la Problématique de l’évaluation de la performance des programmes : les acquis, les contraintes et défis». Le deuxième a trait au «processus d’élaboration du budget et l’articulation entre les documents de planification stratégique nationale et les documents budgétaires : enjeux, bonnes pratiques et perspectives d’amélioration». Le troisième thème est relatif à «l’amélioration du contrôle budgétaire : les acteurs et leurs rôles».

Selon le ministre de l’Économie et des Finances, la composition des panelistes, qui reflète la diversité des acteurs, permettra d’éclairer le public, entre autres, sur les innovations du contrôle dans le cadre du budget programmes, les enjeux d’un contrôle budgétaire réussi, les risques liés à l’inefficacité du contrôle budgétaire et le rôle du contrôle citoyen.

PRESSION FISCALE – Parlant de l’inflation, le ministre Sanou a assuré que celle-ci demeure maitrisée et devrait se situer « en dessous de la norme communautaire de 3% grâce aux efforts conjugués du gouvernement, des acteurs du monde économique et une bonne campagne agricole. »

Le patron du département de l’Economie et des Finance a, ensuite, fait savoir que, pour ce qui concerne les premières estimations de l’exécution budgétaire 2022, la mobilisation des recettes fiscales est assez satisfaisante avec un taux de pression fiscale qui se situe à 14,1% du PIB contre une prévision de 14,0%.

L’exécution des dépenses a été contenue dans la limite des dépenses prévues soit 20,4% du PIB contre une prévision de 22,5%. Le niveau du déficit budgétaire est ressorti à 4,7% du PIB, nettement meilleur que la prévision de 5,3%. « L’année budgétaire 2023 qui démarre sous de bons auspices, le gouvernement maintiendra les efforts pour l’amélioration de l’exécution budgétaire à travers le double objectif d’intensification de la mobilisation des ressources intérieures et d’efficacité des dépenses de l’administration», a indiqué le patron de l’hôtel des Finances.

Il ressort de la présentation du directeur général du budget, Ahmadou Tijani Haïdara, que la progression des dépenses militaires et de sécurité est constante depuis 2019. Ainsi, les dépenses militaires en termes d’exécutions sont passées de 299,080 milliards de Fcfa en 2019 à 459,378 milliards de Fcfa en 2022.

Selon M. Haïdara, le montant inscrit dans la Loi de finances de 2023 est de 440, 934 milliards de Fcfa et les dépenses de sécurité en termes d’exécutions sont passées de 97,284 milliards de Fcfa en 2019 à 152,466 milliards de Fcfa en 2022. A ce niveau, le montant inscrit dans la Loi de finances de 2023 est de 171,905 milliards Fcfa.

Le coordinateur du groupe de dialogue économie, finances et développement du secteur privé et de la statistique, Albert Nshimyumuremryi s’est réjoui que cette conférence soit désormais « une tradition bien ancrée au Mali et constitue un rendez-vous majeur de dialogue entre le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers. »

En dépit des effets négatifs de la crise de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ainsi que de l’embargo de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) imposé au Mali durant 6 mois, en 2022, le contexte macro-économique sur le plan national qui prévaut pour l’élaboration du budget 2024 est plutôt rassurant.

Ce contexte macro-économique se caractérise par une amélioration progressive de la situation sécuritaire et sociopolitique avec en toile de fonds, la montée en puissance de l’Armée malienne.

La gestion budgétaire au Mali a basculé il y a cinq ans en mode budgets programmes conformément à la loi n° 2013-028 du 11 juillet 2013.

Babba B. COULIBALY