
Ces bijoux en argent trempés dans l’or, adaptés à toutes les cérémonies sociales ou soirées, sont prisés pour leur qualité et leur coût jugé abordable
Fatoumata M. SIDIBÉ
Bamako, 07 déc (AMAP) L’argent trempé dans l’or, également appelé «or plaqué» ou plaqué or, est un bijou au design inspiré de celui de l’or, notamment du style «Djeddah». Il est souvent difficile de le distinguer de l’or véritable.
Cette parure, de plus en plus apprécié par les femmes, offre une alternative abordable pour celles qui souhaitent l’élégance de l’or, sans en supporter le coût. Réalisé désormais à l’aide de machines, ce procédé moderne remplace les techniques artisanales d’autrefois.
Fatoumata Diaby, surnommée Latifa, vendeuse de bijoux depuis plus de six ans, affirme que l’argent trempé est actuellement très en vogue. Assise dans sa boutique à Magnambougou (Commune VI de Bamako), elle pèse une chaîne pour en estimer le prix.
La commerçante explique que ce type de bijou est apparu il y a longtemps, mais demeurait un secret bien gardé. Elle souligne que ces ornements sont un coût abordable. « C’est un bon bijou car il est en argent et recouvert d’or. En plus, on peut le replonger dans le bain d’or lorsqu’il noircit. Nous avons ici des produits et des machines qui le rendent identique à l’or », précise Faty Diaby, dont les produits proviennent de Dubaï.
Elle précise que le prix de l’argent augmente parfois parallèlement à celui de l’or, car le procédé inclut de l’or. Au début, le gramme coûtait 3 000 Fcfa, mais il est maintenant à 3 500 Fcfa, l’or atteignant presque 50 000 Fcfa le gramme.
L’avantage de ce modèle, selon elle, est qu’il peut être transformé en argent blanc si l’on souhaite changer de couleur. «L’entretien est simple. En le nettoyant avec de l’eau tiède et le détergent après chaque utilisation, il peut rester intact pendant des années », assure Latifa, qui vend ses articles en gros et au détail.
Elle souligne que ses clients incluent des amateurs de bijoux soucieux de leur budget et, même, des personnes fortunées souhaitant varier leur collection sans mélanger leurs bijoux avec l’or. « En termes de bénéfices, on ne dépasse pas 1 000 Fcfa par bijou. Notre stock est souvent écoulé en moins de dix jours », dit-elle.
IDENTIQUE À L’OR – Mamou Sow, Une cliente, est présente lors de notre passage. « Ces bijoux en argent sont de qualité et le revêtement en or donne un résultat magnifique. Ce nouveau design Djeddah, identique à l’or, me motive à l’acheter. Lors des cérémonies, on me demande souvent si mes bijoux sont en or », confie-t-elle, en essayant une paire de boucles d’oreilles.
Djénéba Traoré, Malienne vivant en Côte d’Ivoire, commercialise également de l’argent trempé. Elle indique qu’il est différent de l’or, car il peut se déteindre après un certain temps. « Mes clients l’achètent pour pallier le manque d’or, devenu très coûteux. Après plusieurs utilisations, il peut perdre son éclat. Ce que j’explique toujours clairement aux acheteurs », dit-elle.
Ce bijou reste très prisé, puisqu’il est polyvalent et s’adapte à toutes les occasions avec élégance, que ce soit pour une sortie en ville ou une soirée. Factory Mali, une industrie spécialisée dans la transformation des bijoux en or et en argent, fabrique de l’argent trempé localement grâce à des machines similaires à celles de Dubaï.
Souleymane Traoré, son directeur général, explique que face à la demande croissante, il a investi dans des machines pour la production nationale. Debout derrière son comptoir, il fait face à 2 kg de production qu’il vient de tremper dans un liquide d’or. Il tient dans ses mains une boucle d’oreille et une chaine pesant 10 grammes pour un coût estimé à 27 500 Fcfa. « Nos produits sont très appréciés dans la sous-région. Initialement, je voulais produire à Dubaï, mais j’ai décidé de le faire ici pour contribuer au développement du Mali », dit-il, expliquant que l’argent blanc est importé.
Notre interlocuteur affirme que ses bijoux sont trempés dans trois bains et un dernier contenant du liquide d’or pur. A Factory Mali, des articles sont cédés à 1 250 Fcfa en gros, ce qui permet à chacun d’y trouver son compte. Et en détail, il faut débourser 2 000 Fcfa contre 2 400 en gros à Dubaï. « J’ai eu le témoignage de plusieurs personnes dans la sous région confirmant qu’il préfère mes designs à celui de Dubaï à cause de la couleur. Parce qu’il y a des clandos à Dubaï qui ne sont pas reconnus et qui vendent de la mauvaise qualité », fait savoir celui qui travaille avec une trentaine de personnes actuellement.
Souleymane Traoré ajoute que ces bijoux sont trempés dans trois liquides et le quatrième se fait avec le liquide de l’or appelé lingot.
PRIX ABORDABLES – Ces détails sur le prix et la qualité du produits fournis par Souleymane Traoré semblent motiver le choix de Fatoumata Haïdara pour le plaqué or. Cette jeune mariée raconte avoir opté pour des bijoux en argent trempé dans l’or, qu’elle juge plus accessibles et tout aussi beaux que l’or. « Avec 80.000 Fcfa, j’ai pu acheter trois ensembles de bijoux complets et quelques boucles d’oreilles. Ce montant n’aurait même pas suffi pour acheter trois grammes d’or », conclut-elle avec satisfaction.
Bana Coulibaly, qui opère dans l’achat et la vente des bijoux de Dubaï à Bamako, depuis une vingtaine d’années, nuance cette comparaison entre le plaqué or et l’or véritable. Ce spécialiste en bijoux précise que le plaqué or Djeddah est un ensemble de colliers non dégradables avec de très jolies couleurs et motifs en fleur. « Contrairement à l’or, soutient-il, l’argent ternit, provoquant une coloration brun clair qui s’assombrit jusqu’à devenir brun foncé, et finalement, gris foncé ou noire ». Et d’ajouter qu’avec l’or plaqué, le principal avantage est son prix inférieur par rapport à l’or massif. « Généralement, l’or utilisé pour le placage est un or de 14 ou de 18 carats. Les bijoux dorés à l’or fin sont recouverts d’une épaisseur d’or qui se situe entre 0,3 et 1 micron d’or », signale-t-il.
Le commerçant note que les gens achètent des bijoux plaqués or parce qu’ils sont durables et pas chers. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas prendre soin d’eux, ils ont besoin d’entretien. « L’acidité de la peau, l’utilisation de produits chimiques ou d’alcool sont autant de facteurs extérieurs qui peuvent diminuer la durée de vie du plaqué or », dit-il.
FMS/MD (AMAP)