BCEAO : Lancement officiel de la plateforme PI-SPI, une révolution pour les paiements instantanés

Bamako, 30 sept (AMAP) La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a procédé au lancement officiel de la Plateforme Interopérable du Système de Paiement Instantané (PI-SPI), une infrastructure régionale inédite destinée à moderniser les paiements et renforcer l’inclusion financière dans l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).

Pensée comme un outil stratégique au service des populations et des économies de l’Union, la PI-SPI permet désormais à tout usager disposant d’un compte bancaire, d’un portefeuille de monnaie électronique ou d’un compte en microfinance d’envoyer ou de recevoir des fonds instantanément, 24h/24 et 7j/7, quel que soit le prestataire utilisé.

« PI-SPI est un bien public numérique, accessible à tous, interopérable et sécurisé », a déclaré Jean-Claude Kassi BROU, Gouverneur de la BCEAO. Selon lui, cette plateforme constitue l’aboutissement d’une vision de long terme de l’Institut d’émission, axée sur la modernisation des paiements, la réduction de l’usage du cash, et la consolidation de l’intégration économique régionale.

Grâce à la PI-SPI, l’ensemble des acteurs de l’écosystème financier – banques, fintechs, institutions de microfinance, établissements de paiement – sont désormais connectés sur une même infrastructure, capable de traiter les transactions en moins de 10 secondes. Les envois et paiements sont gratuits pour les particuliers, et les utilisateurs peuvent utiliser un alias (numéro de téléphone, QR code, adresse) pour initier leurs paiements sans exposer leurs données sensibles.

Pour Guy-Martial Awona, président de la Fédération des Associations Professionnelles de Banques et Établissements Financiers de l’UEMOA (FAPBEF-UEMOA), PI-SPI marque « un tournant décisif vers un écosystème unifié, au service d’un secteur bancaire inclusif, moderne et résilient ». Il souligne que l’infrastructure représente une réponse concrète aux défis d’exclusion, de lenteur et de fragmentation qui freinent l’accès aux services financiers.

« Cette plateforme doit devenir un standard, non une exception », a-t-il ajouté, appelant les acteurs encore en phase de connexion à rejoindre rapidement le système. Il a également salué la résilience des populations et des institutions ayant participé aux phases pilotes, ainsi que le leadership de la BCEAO.

Cheikh Diba, Ministre sénégalais des Finances et du Budget, a quant à lui insisté sur les bénéfices attendus pour l’administration publique et le secteur privé : « Les paiements sociaux, les impôts et taxes, les subventions et les salaires peuvent désormais transiter par une infrastructure unifiée, interopérable et traçable, avec un impact direct sur la transparence et l’efficacité budgétaire. »

Il a souligné les perspectives qu’ouvre PI-SPI pour le financement de secteurs clés comme l’agriculture et les PME : « Grâce à la digitalisation, les coûts d’exploitation diminuent, les risques fiscaux se réduisent, et la base clientèle s’élargit. »

Le gouverneur Brou a rappelé que PI-SPI s’inscrit dans une trajectoire de digitalisation entamée depuis 2015 par la BCEAO, marquée par un bond des transactions numériques de 260 millions à 11 milliards entre 2014 et 2024. “Le taux d’inclusion financière atteint désormais 74 %, mais il reste encore beaucoup à faire”, a-t-il affirmé.

Le succès de cette infrastructure repose désormais sur l’engagement des États, des institutions financières et du secteur privé à accompagner les usagers, garantir la sécurité du système, et stimuler l’innovation. La BCEAO s’engage à continuer d’adapter le cadre réglementaire et technique pour faire de PI-SPI un levier central du développement économique régional.

OS