
©ÊOUMAR DIOP, AMAP, METEO, BRUME DE POUSSIERE A SUR LA VILLE DE BAMAKO, LE 30/04/2012.
Par Rachel Dan GOÏTA
Bamako, 29 janvier (AMAP)De la poussière en suspension qui enveloppe la ville, tous les matins. C’est le quotidien des habitants de la capitale malienne, Bamako, depuis quelques semaines. Beaucoup de Bamakois sont loin d’en soupçonner les multiples causes.
Cette brume de poussière est due à des phénomènes qui se passent à des milliers de kilomètres de la capitale. Selon Mali-météo, elle est liée «au renforcement de vent au niveau du sol dans des foyers de poussière qui sont localisés, principalement, au Nord du Mali, dans certaines parties du Tchad, du Niger et du Burkina Faso ».
Cette semaine, aussi, précisément, mercredi, les Bamakois ont pu observer le phénomène, une bonne partie de la matinée. Selon les prévisions, la brume pourrait persister encore quelques jours. « Nous pensons que ça va aller jusqu’aux 27, 28 janvier ou au-delà. A partir de là, ça va commencer à diminuer d’intensité », confie le directeur du réseau d’observation de la prévision météorologique de Mali-météo, Moussa Touré.
Pour le spécialiste, c’est la moitié Est du Mali et Bamako qui sont concernées par cette suspension de poussière « à laquelle s’associe une inversion de température qui contribue à bloquer les poussières en surface ». « Normalement, plus on va en altitude, plus la température diminue. Mais, on constate l’inverse ces derniers jours. Plus on monte en altitude, surtout les matinées, plus la température augmente ». C’est ce qui fait que globalement les poussières et tout ce qu’il y a comme fumée sont bloquées en surface », explique le spécialiste. Il incrimine, aussi, les fumées de pot d’échappement des voiture et celles provenant d’activités industrielles qui, à cause de l’inversion de température, restent « bloquées en surface ».
Si les Bamakois constatent une atténuation du phénomène vers le milieu de la journée, avec l’augmentation de l’ensoleillement, nombreux sont ceux qui prennent tout de même des précautions. Comme Oumar Abdoulhamidou Dicko, enseignant. Cache-nez, paire de gants et pull-over sont ses moyens de protection. Lui, pense que ce phénomène est lié au réchauffement climatique. Notre interlocuteur estime que la situation nécessite pour les usagers de la route une certaine concentration. « Parfois on a du mal à distinguer les gens à une certaine distance. Cela peut provoquer des accidents », se plaint-il.
L’amélioration à laquelle on devrait assister cette semaine pourrait être compromise, selon M. Touré, par l’insistance de l’inversion de température matinale qui va provoquer certainement une réduction de la visibilité dans la matinée. Ainsi, il recommande de prendre quelques précautions. « Il y a deux aspects (la fumée et la poussière) qui, mises ensemble, peuvent jouer sur le système respiratoire. Ce que nous demandons à la population, c’est vraiment de se protéger avec des cache-nez et d’éviter de rester longtemps dehors », conseille Moussa Touré. Pour lui, les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées sont les plus vulnérables.
Selon le spécialiste de Mali-météo, l’année 2019 a été l’une des plus chaudes sur le plan mondial. En ce qui concerne la température pour le mois de février, il ajoute que conformément aux prévisions météorologiques, elle ne sera pas très en baisse, « même si, parfois, on peut avoir des chutes du niveau du mercure (température en chute libre) ». De plus, concernant la saison chaude à laquelle les Maliens se préparent pour mars, le spécialiste confirme qu’elle « sera un peu chaude ».
Bien que le phénomène de la brume de poussière s’explique scientifiquement, certains, par superstition, y voient un mauvais présage. « La suspension de poussière n’augure jamais rien de bon. J’en ai fait le constat. A chaque fois, elle est suivie d’une grande affliction », croit savoir Moussa Kanté (ce n’est pas son vrai nom). « Je vais aux obsèques d’un membre de la famille. En plus, c’est tout le Mali qui est en deuil, suite à l’attaque de Sokolo, puis rappelez-vous bien, à chaque fois qu’il est sur le point d’arriver un grand malheur, comme les évènements de 2012, on constate des phénomènes similaires », argumente notre interlocuteur. Si on l’écoutait, il y aurait de quoi s’inquiéter donc.
RDG/MD (AMAP)