Bamako, 31 mai (AMAP) La compagnie Naama a présenté, vendredi soir, au Complexe Blonba, à Bamako, le spectacle Maa, i tè sabali ! (« Humain, il faut avoir de la mesure ! »), une performance théâtrale et chorégraphique portée par une trentaine d’artistes, interpellant l’humanité sur sa responsabilité face à la nature et à la paix.
Dirigée par Alioune Ifra Ndiaye, cette œuvre mêle masques géants, marionnettes et musique contemporaine. « J’ai voulu une pièce qui parle à la jeunesse urbaine, avec le numérique et la musique, tout en réfléchissant à la préservation de la planète », a déclaré Alioune Ifra Ndiaye, directeur artistique de la compagnie Naama.
Inspiré du sogobo, théâtre ancestral des Bozo, Bamana et Malinké inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO, ce conte moderne met en scène un tribunal symbolique où le lion et l’hyène jugent l’humain pour ses excès.
Sur scène, 21 danseurs, des masques dogon conçus par Yacouba Magassouba et des marionnettes manipulées avec expertise captivent le public. La musique électronique de Zack Prod et les chants de Diamy Sacko, soutenus par la mise en scène de Salif Berthé et la chorégraphie de Bazoumana Kouyaté TOM, créent une fresque visuelle et sonore.
Le body painting, dirigé par Bintou Alexandra Diarrah dans un style novateur appelé monopainting, fusionne tradition et modernité. « Les danseurs ont été maquillés pour incarner cette rencontre entre passé et présent », a précisé Ndiaye.
Le spectacle dure 1h05 et délivre un message universel. « C’est une invitation à la prise de conscience face aux défis mondiaux, notamment la relation entre l’humain et la nature », a dit Moctar Ouane, ancien Premier ministre, présent dans la salle.
La spectatrice Loubna Benhayoune a ajouté : « C’est magnifique, avec des marionnettes extraordinaires et un message fort sur notre responsabilité de destructeurs de la nature. »
Pour Fanta Niamakolo Dembélé, danseuse, l’expérience est unique : « Cette pièce parle des changements climatiques. C’est un message que nous transmettons en tant qu’humains. »
Fruit d’un an de travail et d’une équipe de près de cent personnes, « Maa, i tè sabali ! » a été créé au Festival des masques et marionnettes de Markala, puis présenté à Ségou (Centre)et au Centre international de conférence de Bamako (CICB). « Entre l’écriture, les répétitions et la fabrication des masques, c’est un travail titanesque », a souligné Ndiaye.
Ce spectacle incarne une vision dynamique de la culture. « La culture, ce n’est pas regarder en arrière, mais créer pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui », a insisté M. Ndiaye. Il a, toutefois, alerté sur les défis du secteur : « L’équipe technique de Blonba est au chômage depuis plus de deux ans. Nous luttons pour rouvrir ce lieu et programmer régulièrement. »
Moctar Ouane a conclu en appelant à un soutien institutionnel : « Il faut encourager et valoriser de telles initiatives pour renforcer la culture malienne. »
OS/MD (AMAP)