Bafoulabé : De plus en plus de jeunes filles apprennent le métier de tailleur

Alboukadri Touré (au centre) forme beaucoup de jeunes filles depuis une décennie

Par Boubacar MACALOU

Bafoulabé, 21 juil (AMAP) Dans le Cercle de Bafoulabé, dans l’Ouest du Mali, le métier de tailleur attire beaucoup la couche juvénile, filles comme garçons. Le secteur est pourvoyeur d’emplois en cette période de crise et de manque de perspectives.

Les apprentis suivent une formation initiale auprès de maître-tailleurs de la place, à l’image d’Alboukadri Touré, qui forme beaucoup de jeunes filles, depuis une décennie. Il a installé son atelier de couture dans la Commune de Mahina, à 5 km de Bafoulabé, le chef-lieu de Cercle.

A Mahina, chef-lieu de commune, on rencontre plusieurs jeunes filles encadrées, pour la plupart par Alboukadri Touré.
Les apprenantes, une fois leur formation achevée, ont du mal à s’installer à leur propre compte à cause des problèmes de financement et d’équipements. Ces jeunes en appellent aux bonnes volontés pour les équiper, notamment en machines à coudre afin de faciliter leur insertion socioprofessionnelle

Depuis sa période d’apprentissage, M. Touré avait compris que beaucoup d’artisans de Mahina perdaient leurs clients du simple fait qu’ils ne respectaient pas leur rendez-vous.
Ainsi, à peine installé à son compte au marché de la ville, il n’a pas oublié les conseils de ses encadreurs. “Accomplir le travail avec conscience “, dit le maître-tailleur à ses stagiaires.

C’est pourquoi, d’après une cliente, Alboukadri ravit la vedette aux autres tailleurs de la contrée, “par son savoir, son savoir-faire et son savoir être.” Même si le bonhomme trouve que la transmission du savoir en ce 21ème siècle, “n’est pas du tout une tâche facile.”

“J’ai commencé a être sollicité pour former les jeunes filles en 2013. Tout a commencé avec une jeune fille, Assa Diallo, qui a abandonné les bancs de l’école. Deux mois après, sa mère est venue me la confier ”, se souvient le tailleur. “Au départ, j’ai eu des difficultés de communication avec les filles débutantes. Mais, au fil du temps, nous nous sommes compris », raconte avec fierté, Abdoulkadri Touré.

L’encadreur, qui dit en être à sa 4ème promotion, forme actuellement 12 jeunes filles chez lui.
 Pourquoi, ce métier suscite tant d’engouement chez beaucoup de filles ?
 “L’homme est le boulanger de sa vie”, nous lance Mariam Dembélé, porte-parole des élèves-tailleurs de Abdoulkadri Touré.

“Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes personnes”, ajoute la porte-parole des stagiaires..

“Nous n’avons pas été loin dans les études. Au lieu d’être une charge pour nos parents, nous avons préféré venir nous confier à Alboukadri Touré pour apprendre le métier de tailleur afin d’assurer notre autonomie”, poursuit Mariam.

Elle invite “toutes les jeunes filles qui ont abandonné l’école et, même, celles qui ne sont pas scolarisées, à exercer un métier pour être indépendantes financièrement.”

“On voyait d’un mauvais oeil d’avoir choisi un métier d’homme. Nous avons toujours répondu qu’il n’y a pas de métier d’homme, que tout métier que l’homme exerce, peut aussi l’être par la femme », dit cette dame.

“Nous aimons ce métier”, plaident Mariam Dembélé et ses camarades stagiaires qui soutiennent avoir “beaucoup appris auprès de leur patron.” En à peine une année et demie de formation, les auditrices soutiennent pouvoir confectionner n’importe quel modèle.

BC/MD (AMAP)