Attaque de Hèrèmakono : Des policiers et un douanier ont résisté

Ahmadou CISSÉ

Envoyé spécial

Sikasso, 13 mars (AMAP) Les malheureux événements de Hèrèmakono continuent d’alimenter les causeries à Sikasso. Les populations en sont encore bouche bée. Attaquer la frontière aux nez et à la barbe du camp militaire de la ville ? Les commentaires vont dans tous les sens. Dans l’arrière cour d’un hôtel, un responsable politique ne décolère pas, dix jours après l’attaque qui a vu mourir un chauffeur, près de son véhicule.

En ce lieu de détente, début de soirée, la personnalité locale dénonce le manque de réactivité des autorités militaires qui sont cantonnées dans la ville, sans se mettre à hauteur de leurs missions. Le Conseil des ministres du mercredi dernier a remplacé le gouverneur de région. Les mauvaises langues de la place racontent que c’est la conséquence logique de l’attaque de Hèrèmakono.

Et viennent les dernières nouvelles. On apprend que les assaillants, ce qui n’a jamais été dit, ont perdu des combattants lors de l’assaut. Ils avaient ouvert trois fronts : le poste péage, le bureau des douanes et le site que se partagent la police et la gendarmerie. « Les gendarmes avaient reçu l’information sans daigner alerter les autres », croit savoir notre homme.

Renseignement d’une large portée qui sera corroboré par le fait que les assaillants n’ont trouvé âme qui vive au poste de la gendarmerie. Les policiers, en revanche, établis en face, de l’autre côté de la route, presqu’en face de la barrière, étaient sur zone. Selon les témoins, les policiers ont vigoureusement riposté aux tirs ennemis.

Du côté de la douane, un agent en poste s’est battu et a utilisé de toutes ses munitions. Il aurait tenu, le temps de vider son chargeur. Aux dernières nouvelles, les assaillants étaient vus, traversant des villages, avec des corps sans vie sur les bras. « De source sûre, ils sont eu des pertes. Mais, comme à leurs habitudes, ils ont emporté leurs cadavres », conclut-il.

Les Sikassois sont encore pantois devant un autre constat : le sacrilège des tirs à l’arme lourde sur la mosquée. Les fous de Dieu seraient-ils sous l’emprise de matières psychotropes ? Sont-ils devenus fous au sens propre ? Beaucoup de personnes en sont arrivées à ce jugement.

Un autre indice relevé sur le terrain soutient cette thèse. Le point de tir de l’assaillant qui a ouvert la première rafale indique qu’il n’avait pas une bonne maîtrise de son arme. Des impacts sont constatés sur le bitume, les arbres aux alentours et même sur les blocs de béton aux abords de la route, après la construction du poste de péage.

AC (AMAP)