
Champs d’arachide (Archives)
Par Fatoumata M. SIDIBÉ
Par Bamako, 9 oct (AMAP) En cette période, l’arachide est le produit vedette qui capte immédiatement l’attention des usagers du marché de Ouolofobougou, en Commune III du District de Bamako. Les sacs d’arachides de certains commerçants grossistes et les étals surchargés des détaillants, peu soucieux de l’ordre public, débordent sur la principale voie bitumée qui traverse ce marché. Piétons et conducteurs d’engins doivent redoubler de vigilance pour éviter les accidents. Entre commerçants, la concurrence est rude : chacun interpelle, à sa manière, les passants. Dans cette zone surnommée «Bougouni place», l’arachide se vend comme du petit pain.
Président du marché des arachides de Ouolofobougou, Abdoulaye Konaté, entouré de plusieurs vendeurs et revendeurs, explique que l’arachide est à la fois une denrée importée et exportée. « Avant que notre propre récolte ne débute, nous importons l’arachide de la Côte d’Ivoire. Ensuite, nous l’exportons au Sénégal, d’où les Gambiens s’approvisionnent également », explique notre interlocuteur. Il précise que la « campagne de l’arachide » commence au Mali après celle de la Côte d’Ivoire. « Ici, l’exportation se fait avec un chargement quotidien de quinze à vingt wagons », dit-il.
Le prix du sac d’arachide de 100 kg fluctue selon l’état du marché : vendu actuellement à 18 000 Fcfa, il peut parfois atteindre 25 000 Fcfa ou descendre à 15 000 Fcfa. Et le sac de 100 kg de cacahuètes destinées à la fabrication de pâte d’arachide est vendu à 70 000 Fcfa.
Abdoulaye Konaté estime que ce commerce est très bénéfique pour l’économie nationale, notamment grâce aux frais de douane qui peuvent aller jusqu’à plus de 250 000 Fcfa par camion. « Chaque camion doit s’acquitter de ces frais, ce qui constitue une source de revenus non négligeable pour le pays », commente le commerçant. Il note qu’une bonne partie de sa marchandise provient des Régions de Sikasso et de Bougouni, notamment des localités de Kolondièba et de Wassolo.
À quelques mètres de là, Moussa Haïdara, un autre exportateur, explique que ses principaux clients sont des étrangers et des femmes locales. « Nous avons des jeunes qui se chargent d’exporter notre arachide vers le Sénégal et la Gambie », affirme-t-il. Selon lui, la qualité du produit joue un rôle déterminant dans les revenus. « Avec une arachide de bonne qualité, il n’y a pas de souci à se faire. Les clients paient le prix fort pour la qualité », assure-t-il. Cependant, des problèmes peuvent survenir, comme quand les cacahuètes pourrissent en cas de panne des véhicules de transport.
Selon Moussa, la production est excédentaire cette année, ce qui permet de couvrir largement la demande locale et d’exporter vers des pays voisins, particulièrement le Sénégal. « Nos gros clients sont des Sénégalais. Certains achètent jusqu’à 60 sacs à la fois », confie-t-il.
TracasserieS – Medoun Sarr, un exportateur sénégalais, fait face à d’importantes difficultés lors de l’acheminement de ses cargaisons. Bien que « les documents requis (feuille de route, certificat sanitaire, etc.) soient en règle », il se plaint des contrôles routiers fréquents qui bloqueraient les marchandises pendant des heures. « Nous obtenons ces documents qui coûtent 40 000 Fcfa auprès de transitaires agréés, mais lors des contrôles, on nous dit souvent qu’ils ne sont pas valides », se plaint-il.
« Récemment, ma cargaison a fait deux jours de route à cause des douaniers. Pour éviter des pertes, j’ai été obligé de payer 500 000 Fcfa », accuse le commerçant sénégalais. Il appelle les autorités maliennes à s’impliquer pour faciliter les procédures.
Massama Sidibé, un vendeur d’arachide depuis plus de dix ans, discute avec un client en français du prix des sacs d’arachide. Prenant quelques graines dans sa main pour bien le faire voir au client, il met en avant l’importance de l’exportation pour soutenir la production locale. « Le Mali ne peut pas consommer toute l’arachide qu’il produit. L’exportation est donc essentielle pour réguler les excédents et stimuler la production », soutient-il.
Selon le chef de la division statistique, suivi et évaluation à la Direction nationale de l’agriculture (DNA), Samba Barry l’arachide constitue l’un des moteurs de l’économie nationale. M. Barry estime que la promotion de cette filière peut contribuer à améliorer le Produit intérieur brut (PIB) à travers la vente de l’arachide coque et l’huile d’arachide.
Et de souligner qu’en 2023, les superficies emblavées en arachide sont de 494 788 ha sur une prévision de 493 174 ha, soit 100,33% de réalisation. La production est de 454 736 tonnes en 2023 contre 442 679 tonnes en 2022, soit une hausse de 3%.
Samba Barry précise que les principaux bassins de production sont les régions de Koulikoro, Kayes, Bougouni, Kita et Sikasso.
FMS/MD (AMAP)