Affaire des « bérets rouges » : Les faits

Bamako, 29 janvier (AMAP) La mise en liberté provisoire du chef de l’ex-junte, Amadou Haya Sanogo, et ses co-inculpésaccusés «d’enlèvement et de complicité d’enlèvement, d’assassinat et de complicité d’assassinat» dans l’affaire dite des «bérets rouges», est le deuxième acte concret enregistré depuis le début de la bataille juridique qui oppose l’ex-homme fort de Kati aux familles des commandos parachutistes assassinés et enterrés à Diago.

Le 30 avril 2012, des «bérets rouges » « Commandos parachutistes » ont tenté un contre-putsch, qui a été sévèrement réprimé par les tombeurs du régime d’Amadou Toumani Touré (ATT). C’est ainsi que 21 soldats et officiers du 33è régiment des commandos parachutistes seront enlevés et assassinés. Lorsqu’il a ouvert l’instruction du dossier, le juge Yaya Karembé du pôle économique de Bamako a d’abord posé l’inculpation «d’enlèvement de personnes». Le 10 avril 2015, il a requalifié les faits en assassinat. Infraction retenue par la Chambre d’accusation, la juridiction d’instruction du second degré, qui, au passage, a mis hors de cause le général Sidi Alassane Touré, patron de la sécurité d’Etat  au moment des faits.

Parmi les accusés, l’adjudant-chef Fousseyni Diarra dit Fouss, Tiemoko Adama Diarra et Mamadou Koné sont déjà passés aux aveux depuis l’instruction du dossier. Dans l’arrêt de mise en accusation et de renvoi devant la Cour d’assises, il est écrit : «Dans la nuit du 2 au 3 mai 2012, les 21 bérets rouges qui devaient être exécutés furent embarqués à bord d’un camion militaire, les mains attachées derrière le dos, les yeux bandés d’étoffe noire pour prendre la direction de Diago sous la garde de Fousseyni Diarra dit Fouss ou encore le «boucher de Kati» et de Tiémoko Diarra, qui furent rejoints plus tard sur les lieux par Mamadou Koné. Et une fois à Diago, sur les lieux de leur exécution, les suppliciés furent attachés et jetés dans une fosse déjà préparée, avant d’être arrosés par des rafales ». C’est par cette confession que ces inculpés ont reconnu formellement les faits d’assassinat reprochés à eux dans l’affaire dite des 21 bérets rouges.

Ont-ils commis ces crimes d’eux-mêmes ou recevaient-ils des ordres ? C’est la grande question à laquelle le procès devra répondre. Pour les juges qui ont signé, le 22 décembre 2015, l’arrêt de mise en accusation, il ne fait aucun doute que «la décision prise d’enlever et d’exécuter les 21 bérets rouges est une décision prise par les responsables» de la junte. Les yeux sont donc tournés vers Amadou Haya Sanogo même s’il est accusé de complicité d’enlèvement et d’assassinat.

Mais, Amadou Haya Sanogo, tout comme Oumar Sanafo dit «Kif Kif», Blonkoro Samaké, Soïba Diarra et Christophe Dembélé ont nié en bloc les faits de complicité d’enlèvement de personnes tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur. Cependant, le colonel Blonkoro Samaké aurait confirmé lors de son interrogatoire qu’Amadou Haya était régulièrement tenu informé de la situation des détenus.

Le général Yamoussa Camara, alors ministre de la Défense et Dahirou Dembélé, chef d’état-major au moment des faits, sont également poursuivis pour complicité d’assassinat.

La Cour d’assises de Bamako en transport à Sikasso avait tenté, en 2016, de trancher l’affaire. De suspension en suspension, le procès avait finalement buté sur une irrégularité de taille, relative à l’expertise des corps enterrés à Diago. La Cour avait alors ordonné une nouvelle expertise au niveau du laboratoire Charles Mérieux de Bamako. Ainsi, Amadou Haya Sanogo et les autres accusés sont restés en prison, malgré les tractations menées par leurs avocats pour obtenir une mise en liberté provisoire.

ID/MD (AMAP)