Bamako, 10 oct (AMAP) Le procès de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, après une suspension lundi dernier, a repris mercredi, avant d’être renvoyé sine die, quelques heures après pour « complément d’informations »,
À la demande du parquet, les juges ont ordonné le renvoi de l’affaire devant la Chambre civile d’instruction de la Cour suprême pour l’audition d’anciens Premiers ministres
Prenant la parole, le contentieux de l’État a soulevé des exceptions par rapport à l’audition de certaines personnes pour la manifestation de la vérité, notamment les anciens Premiers ministres Oumar Tatam Ly et Moussa Mara, le ministre délégué du Budget d’alors, Madani Touré, l’ancien ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé de la Promotion des Investissements et de l’Initiative privée, Moustapha Ben Barka et l’homme d’affaires français Marc Gaffajolli.
Le ministère public a appuyé le contentieux de l’Etat, estimant que même l’ancien président de la République, feu Ibrahima Boubacar Keïta (IBK) devait être entendu dans cette affaire, s’il n’était pas décédé, Le parquet a ensuite demandé le renvoi du dossier pour une autre session pour complément d’informations.
« Il y a des zones d’ombre dans la procédure. Nous estimons qu’il y a encore des personnes à entendre. Il faut que celles-ci soient là pour asseoir certaines vérités. Ordonnez un complément d’informations, conformément à l’article 285 du Code pénal », a-t-il requis.
Les avocats de la défense sont pas du tout de cet avis du procureur général Kokè Coulibaly. S’alignant sur une même ligne de défense, ils ont sollicité la Cour de ne pas suivre l’avocat général dans sa démarche.
« C’est un manque de courage de sa part, il n’a pu rien démontrer », a lancé l’un des conseils. Et un autre d’ajouter que l’intervention du parquet et celle du contentieux démontrent qu’ils n’ont rien contre leurs clients. Ajoutant que le ministère public est en difficulté et devrait être courageux en renonçant à la poursuite.
Pour les avocats de la défense, le dossier est vide et cela a été compris par tous après deux semaines de débats et que son renvoi est impossible à moins qu’un acquittement ne soit prononcé. Le parquet est revenu à la charge en expliquant clairement la nécessité de l’audition de certaines personnes. « C’est déterminant pour la manifestation de la vérité ».
Après cette joute verbale entre les parties, la Cour s’est retirée pour statuer sur la question. Elle est revenue pour suivre le ministère public dans sa logique, en ordonnant le renvoi de l’affaire devant la chambre civile d’instruction de la Cour suprême pour « complément d’informations » pour entendre les anciens Premiers ministres Ly et Mara et le ministre délégué du budget à l’époque Madani Touré, ainsi que pour produire les factures des contrats du protocole Guo-Star au niveau du budget.
Lorsque le président de la Cour, Bamassa Sissoko, a annoncé le renvoi du procès, la salle s’est immédiatement vidée. Et les inculpés présents n’ont pas caché leur mécontentement face à cette décision.
Les mis en cause doivent attendre encore pour connaître leur sort. En attendant, seul Mahamadou Camara qui a obtenu une libération sous caution rentre chez lui. Quant aux autres accusés, ils retournent tous en détention. Leurs conseils entendent user des voies de droit pour demander la liberté provisoire avant la reprise du procès.
Selon l’avocat de Mme Bouaré Fily Sissoko, Me Dianguina Tounkara, sa cliente avait demandé en vain auprès de la même chambre l’audition de ces personnalités. « On a ignoré cette demande de l’ancienne ministre chargée des Finances, mais la même requête a été réitérée au cours des débats », a déclaré Me Tounkara, tout en précisant que la Cour n’a pas pu statuer sur le sort de leurs clients détenus, mais sur le renvoi demandé par le parquet.
TC/MD (AMAP)