Abdoulaye Diop devant les ambassadeurs africains à Moscou : « Le Mali reste dans la dynamique des négociations avec la CEDEAO»

Devant les diplomates africains en Russie, M. Diop a expliqué le point de vue du Mali sur la crise que traverse son pays

Envoyé spécial

B. TOURE

Moscou, 20 mai (AMAP) « Le Mali reste dans la dynamique des négociations avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a déclaré, jeudi, à Moscou le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.

Le chef de la diplomatie malienne, à la tête d’une délégation ministérielle qui séjourne dans la capitale russe, a rencontré, en fin d’après-midi à l’ambassade du Mali, le groupe des ambassadeurs africains en poste à Moscou. Ce séjour, entamé mercredi avec pour objectif d’explorer les voies et moyens d’établir un pont économique et commercial entre le Mali et la Russie.

Devant les diplomates africains en Russie, M. Diop a expliqué le point de vue du Mali sur la crise que le pays traverse, notamment la controverse entre le Mali et la CEDEAO, qui dure depuis de longs mois. « Le Mali subit les sanctions qu’il juge illégales de la part de l’organisation communautaire à cause d’une divergence de lecture de la crise », a estimé Abdoulaye Diop pour qui l’analyse de la CEDEAO était trop centrée sur l’organisation des élections. « Tandis que pour les Maliens, la profondeur de la crise oblige à mener des réformes politiques et institutionnelles avant d’appeler les citoyens aux urnes », a argumente M. Diop. Selon lui, Il y a une juxtaposition de crises (politique, sécuritaire et de gouvernance) qui rend la situation très complexe au Mali.

Cependant, le chef de la diplomatie malienne s’est réjouit de la récente évolution positive augurant qu’un accord est dans l’ordre du possible dans un bref délai. « Les partenaires adhèrent à l’idée des reformes et les positions se sont rapprochées », a apprécié Abdoulaye Diop, tout en assurant que le Mali reste dans la dynamique des négociations.

Il a, également précisé que son pays n’a pas désigné un nouveau  médiateur en sollicitant l’appui du président togolais, Faure Gnassingbé.« Goodluck Jonathan  reste le médiateur désigné par la Conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO », a-t-il dit. 

Auparavant, le chef de la diplomatie malienne a précisé que sa visite dans la capitale de la Fédération de Russie. avait pour objectif d’établir un pont économique entre Bamako et Moscou. « Il s’agit, a-t-il expliqué, de porter les échanges commerciaux au niveau des relations dans le domaine militaire. « La délégation malienne est présente à Moscou pour explorer  les voies et moyens d’un approvisionnement correct du Mali en biens de consommation », a-t-il repeté.

Abdoulaye Diop a, aussi, évoqué d’autres sujets comme le départ de Barkhane du Mali, la 

dénonciation des accords de défense avec la France, le retrait du G5 Sahel. Sur ce dernier dossier, il a précisé que le Mali tient à conserver des relations bilatérales cordiales avec tous les pays membres de l’organisation sahélienne dont il vient de claquer la porte. « Nous avons été amenés à prendre cette décision pour protester contre l’injustice consistant à empêcher le Mali de bénéficier de son droit à exercer la présidence tournante du G5 Sahel », a-t-il précisé, tout en déplorant le fait que cette situation était due principalement aux manœuvres d’une puissance extra-continentale pour isoler le Mali sur la scène internationale. 

Pour le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, ce qui vaut au  Mali, l’hostilité non dissimulée de certains pays est pourtant le minimum qu’un pays puisse demander dans ses relations avec ses partenaires : la souveraineté dans les choix stratégiques, le respect mutuel, la coopération gagnant-gagnant.

Les ambassadeurs présents à la rencontre ont, tour à tour, pris la parole pour exprimer leur solidarité avec le peuple malien et assuré que l’accompagnement de leurs pays respectifs ne fera pas défaut. Tout en soulignant le droit du Mali de choisir ses partenaires, les uns et les autres ont insisté sur la nécessité pour les pays africains d’unir leurs forces pour défendre leurs intérêts et affirmer leur dignité.

BT/MD (AMAP)