
© OUMAR DIOP, AMAP, EDUCATION, RENTREE DES CLASSES
Mohamed D. DIAWARA
Sidi Y. WAGUE
Bamako, 3 sept (AMAP) La reprise des cours dans les différents ordres d’enseignement, annoncée pour mercredi par le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a été victime de la paralysie des établissements publics, à cause de l’arrêt de travail qu’observent les syndicats de l’éducation depuis mi-août. Comme on pouvait s’y attendre, avec le boycott de toutes les activités pédagogiques décidé par les syndicats d’enseignants, les élèves, en tout cas ceux des établissements publics n’ont pas repris le chemin de l’école.
Les syndicalistes avaient clairement laissé entrevoir, dans tous leurs messages, qu’ils ne reprendront qu’après l’application de l’article 39 de la loi 007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant des enseignements secondaire, fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale.
Dans les établissements publics que nos reporters ont visités, rien n’indiquait la reprise des cours. Partout régnait un calme plat. Au niveau du groupe scolaire Mamadou Goundo Simaga à Badalabougou, a Bamako, les classes étaient fermées, les élèves absents. Le coordinateur de cette école, Dramane Dembélé, présent sur les lieux, accepte volontiers de s’entretenir avec nous. Il explique n’avoir aucune information officielle sur la réouverture des classes, mieux, le Centre d’animation pédagogique (CAP) n’a pas convoqué la traditionnelle réunion sur la reprise des cours.
Au niveau de l’école fondamentale Moriba Traoré de Niamakoro, même constat ! Le mot d’ordre de boycott des activités pédagogiques était bien suivi. Tout comme au lycée Aminata Ba. Dans ces différents établissements, les enseignants n’ont pas répondu présents.
Si le public n’a pas repris les cours, quelques établissements privés ont rouvert. Kalilou Cissé, directeur de l’école fondamentale Maire Mamadou Sidibé, au quartier Mali, et non moins coordinateur des écoles privées du même quartier, a confirmé la reprise des cours dans les écoles privées. On pouvait constater la présence des élèves dans son établissement.
« Lors des réunions préparatoires à propos des écoles privées, il y a quelques temps, nous avons rencontré au niveau d’une coordination nationale des écoles privées, le CAP qui a nous rassurés qu’une solution sera trouvée à la revendication des syndicats de l’éducation et que les cours se poursuivront », a-t-il souligné. Selon lui, la reprise était annoncée par le gouvernement pour le 1er septembre et aucun communiqué officiel n’a été fait pour dire que ça été reportée. Il relève que son établissement compte achever le programme scolaire. Il rappelle que les élèves des classes d’examen avaient déjà repris les cours. La réouverture concerne donc les autres classes qui n’ont pas pu terminer les leçons de l’année du fait de la suspension des cours liée à la Covid-19.
« Les écoles privées attendent que les CAP reprennent le service pour recevoir les instructions nécessaires », a expliqué le coordinateur des établissements privés du Quartier Mali, avant d’inviter les syndicats de l’éducation à faire des concessions, en acceptant les propositions du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Pour lui, il est important de comprendre que les anciens dignitaires ont mis le pays à genou au point qu’en insistant trop, on risque de compromettre l’avenir de nos enfants.
PRIVE CONTRE PUBLIC – Au lycée privé Mamadou Goundo Simaga, quelques élèves étaient présents. Selon N’golo Diarra, censeur de cet établissement secondaire situé au Quartier Mali, seule la Terminale sciences sociales (TSS) suivait les cours. Le directeur des études a souhaité voir toutes les classes reprendre les cours, au plus tard, lundi prochain. « Je pensais que le communiqué pour la reprise allait être largement diffusé à la télévision nationale et sur les radios. Hélas ! Cela n’a pas été le cas », regrette le pédagogue. Il a aussi déploré l’absence de plusieurs enseignants.
Pour N’golo Diarra, la reprise vise à sauver l’année. Il propose que le gouvernement fasse composer les élèves du privé qui ont déjà épuisé le programme.
Mahamadou Diabaté, élève en TSS au lycée privée Mamadou Goundo Simaga, se réjouit de la reprise des cours. Il espère que les examens se feront à date échue. Le jeune apprenant invite ses camarades à se concentrer sur leur réussite cette année.
A l’école Abdoul Karim Camara à Badalabougou, les élèves du premier cycle prenaient des cours. Le directeur de l’établissement, Seydou Fémory Koné, explique être prêt à tout mettre en œuvre pour la reprise totale dans son établissement, au plus tard, lundi prochain. « On va faire peut être deux mois et demi, le temps de faire des propositions de passage en classe supérieure adressées à notre CAP », indique le directeur Koné.
Quant au doyen des enseignants de cette même école, Mamadou Coulibaly, il regrette que les écoles publiques n’aient pas repris les cours en même temps que les établissements privés qui sont obligés de payer la location et les salaires de leurs enseignants mais, surtout, de trouver les moyens d’éponger au moins cinq mois d’arriérés de salaires.
Elève de la 6è année à l’école Abdoul Karim Camara, Fatoumata Ballo, est contente de retrouver ses camarades de classe. L’adolescente de 10 ans, élégamment mise dans tenue scolaire de couleur marron, est pressée de voir la fin de la grève.
Lundi dernier, le secrétaire général du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement et de la Recherche scientifique, Kinane Ag Gadéda, avait rencontré les responsables d’institutions d’enseignement supérieur (IES), les universités et directeurs des grandes écoles mais, aussi, des instituts de formation pour les instruire de prendre les dispositions pour une bonne reprise des activités d’enseignement supérieur et de recherche scientifique.
Il leur a aussi expliqué qu’un accent particulier doit être mis aussi sur les mesures barrières contre la Covid-19.
Les responsables universitaires se sont, en retour, engagés à relever le défi malgré les multiples difficultés.
MDD/SYW/MD (AMAP)