Ibrahim Boubacar Keita au Vatican : Couronnement spirituel du séjour italien

Par Moussa DIARRA

Envoyé spécial

Rome, 17 février (AMAP) La visite du président, Ibrahim Boubacar Keita, à Rome, en Italie, s’est déroulée « de fort belle façon, tant au plan des relations avec les institutions des Nations unies dédiées au développement agricole qu’avec ce couronnement spirituel, par la visite, au Vatican, chez le Pape François ».

Faisant, avec la presse nationale, le bilan de sa visite de trois jours, en Italie, Ibrahim Boubacar Keïta a dit : « Je pense que cela sera très très heureux pour les catholiques du Mali, à tous les Maliens, du reste, de savoir que le Saint Père a toujours souci du Mali et prie pour le Mali ».

Pour ce qui de la signification de cette audience avec le Pape, il estime que cela a un sens pour le Mali que « ce chef d’une des religions les plus puissantes au monde qui couvre le monde entier, la Chrétienté, ait dit son souci constant du Mali ». « Du reste, nous avons été témoin, dans son adresse à la ville et au monde (urbi et orbi), il avait, dans ce souci, indiqué et appelé à prier pour le Mali et appelé à la paix au Mali, de tous ses vœux ».

Le président malien n’est donc « pas surpris, du tout, qu’aujourd’hui, il (Le Pape) nous ai redit, encore, son accompagnement de tous les efforts que nous faisons à l’intérieur du Mali, pour que la paix règne sur nos régions, comme c’était l’habitude et comme nos peuples le souhaitent ». « C’est donc une constance, chez le Pape, que de prier pour la paix dans le monde, singulièrement le Sahel, et plus particulièrement le Mali », a dit le président Keïta

Pour lui, ce fut le bonheur, le matin même de son dernier jour de présence en Italie, d’être reçu en audience officielle par Sa sainteté, le Pape François, « qui, homme de foi et de culture, nous a fait une belle démonstration de profonde humanité, de profond souci, également, d’œcuménisme ».

« Le Pape a le souci de la paix mondiale, le souci que les religions du monde entier vivent en convivialité et plus fraternellement, comme aux premiers jours. Je pense que ces voyages en Orient, ses discours, tout indique à souhait cette inclination qui est très forte chez lui. Il nous l’a reconfirmé », a poursuivi le chef de l’Etat malien.

« Nous avons eu le meilleur accueil et, également, le bonheur », après l’audience avec le pape, « d’avoir une séance de travail avec le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, « un habitué du Mali, une vieille connaissance de notre pays, qui était venu nous voir, au Mali, à l’occasion du 100eanniversaire du pèlerinage de Kita ».

« Je pense qu’il en avait été marqué, très vivement. Il avait vu la foi des Maliens et la ferveur religieuse catholique au Mali dont il s’était félicité,  en même temps que les relations de  bon aloi et de très bon ton entre les religions catholique et musulmane ».

Le président a retenu beaucoup d’autres choses de cette visite, en Italie « à l’invitation du Fonds international de développement agricole (FIDA) qui a voulu, ainsi, considérer le Mali et saluer l’effort qui s’y déploie pour la promotion de l’agriculture et l’appui au secteur rural, à travers tout ce qui est connu désormais », Il s’est agi d’indiquer l’augmentation de la part dévolue à l’agriculture de 10 à 15 %, les subventions aux intrants agricoles, l’amélioration du revenu paysan. « Et tout cela ayant eu l’heureux effet que l’on sait. Je pense que la production céréalière a été boostée à plus de 10 millions de tonnes, cette année. La production cotonnière se porte à merveille bien que là-dessus je sois toujours gêné, d’indiquer, de souligner cela : dans le même temps, on note que peu de progrès ont été faits en matière de transformation du coton malien, au plan interne. Donc, une moins value objective ».

« Cela aurait pu être un bon socle, pour nous, de promotion de l’emploi jeune, de création de nouvelles richesses et, là malheureusement, nous sommes encore en train de lambiner, un peu en retard », a regretté le président Keïta.Mais, il « gage que dans les temps à venir, ce domaine de transformation des produits agricoles, cette industrialisation de base, sera, également, à l’ordre du jour ».

President Keïta avec le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Qu Dongyu

La considération du FIDA à l’endroit du Mali, a été, également, magnifiée par les autres partenaires de cette organisation, le triptyque des Nations unies dédié au monde agricole (FIDA, PAM et FAO). « Je me suis entretenu avec le Directeur exécutif de la FAO qui nous a dit ses engagements constants en l’endroit du Mali, la poursuite de ce qui est en œuvre actuellement et l’amplification.

Le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, « a souci, également, que dans les poches de déficit que nous connaissons, malheureusement, chez nous, en dépit d’un stock de disponible assez important, (10 millions de tonnes de céréales, c’est important), on pourrait penser qu’il y a quelque paradoxe parce que, dans le même temps, notre pays connaît des poches de déficit, Hélas ! ». « Chacun sait, aujourd’hui, quelle est la situation ambiante au plan de la sécurité. Ce n’est donc pas étonnant », estime le président.

Le président malien avec le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley

« Ces poches d’insécurité où sévit une certaine pénurie du disponible alimentaire ne sont pas laissées pour compte », a assuré Ibrahim Boubacar Keita. « Avec l’appui de nos partenaires,  avec nos forces armées, on s’y déploie, également, pour faire en sorte qu’aucun Malien ne manque de manger une seule foi par jour et qu’il n’y ait pas de famine au Mali, dans le même temps où nous avons aujourd’hui 10 millions de tonnes de céréales dans nos granges », a-t-il dit.

« Je pense que c’est un séjour qui aura été utile, dans la réaffirmation de nos engagements, dans le conseil également que nous sommes et serons accompagnés. Le ministre de l’Agriculture est ici présent pour l’Assemblée générale de la FAO et la réunion des gouverneurs du FIDA.  Il est témoin qu’au sortir, notamment, de l’audience avec le président du FIDA, nous avons eu le bonheur de nous voir reconfirmé la disponibilité de 20 millions de dollars (Environ 10 milliards de Fcfa), aux fins d’appuyer nos jeunes et nos femmes dans ce secteur là, selon des projets qu’il leur plaira de proposer, à vocation toujours d’appui au développement à la base dans le domaine agricole ».

S’exprimant sur son entretien avec le président italien, Sergio Mattarela, Ibrahim Boubacar Keïta, a dit que son homologue  a conscience que le Mali traverse une situation singulière, difficile. « Il avait peur que cela n’ait impacté trop sur notre capacité de production économique, singulièrement, agricole. Je l’ai rassuré en lui disant les chiffres que l’on sait désormais qui nous mettent, en tous cas, à l’abri de l’insécurité alimentaire, avec le disponible de cette année ».

Le président italien « avait souci, également, que les familles paysannes aient été  disloquées en raison du conflit dans le Centre(du Mali) dont une certaine presse s’était plu à dire qu’il avait un caractère communautaire et interracial ». « Sur la complexité de cette affaire, la simplicité et, également, le simplisme de certaines analyses qui sont très courtes, là aussi, le président dit à son hôte que « nous avons, nous, mis en chantier, un Programme de sécurisation intégré des régions du Centre (PSIRC) qui commence à faire ses effets dans la mesure où des populations, qui avaient été dispersées, déplacées, en raison de l’insécurité autour d’elles, sont en train, aujourd’hui, à la faveur du PSIRC et de ses effets heureux, de revenir sur leur terroir d’origine, sécurisées qu’elles sont désormais par la présence des forces de l’ordre, de l’Armée » et, aussi, la réouverture de certains services sociaux de base (école, santé).

« Bouquet final, je lui ai dit que le pays est en train de faire en sorte que, dans toutes les parties, sur l’ensemble national, sa présence soit une réalité. Le cas de Kidal  est très très indicatif à cet égard. Je lui ai dit le niveau de progression de nos forces vers Kidal qui est une progression mesurée, prudente, patiente, structurée et de bon aloi ».

MD (AMAP)