Les bonnes affaires des vendeuses de henné

Par Aminata Anawodi Barry

Bamako, 7 février (AMAP) Il est 9 heures et demi à la Maison des artisans, à la limite du Grand marché de Bamako. Le sol d’une grande partie de la cour est couvert de poudre de henné. Déjà, de nombreux récipients remplis du produit fétiche sont prêts pour être acheminés sur les aires de vente dans les quartiers. Plusieurs vendeuses couvertes de poudre de henné appellent les clients.

Elles sont convaincantes dans leur méthode d’approche pour ferrer le client. « Vous voulez du henné ? » ; « Ma chérie, viens acheter du henné. Je te ferai des remises ». « Ne me dépassez pas ! », nous lance la vendeuse Aye Sow, sans chercher à connaitre le but de notre présence sur les lieux. Cette dame, au teint clair, la quarantaine dynamique, vend le henné depuis plus de trois ans. Les habits totalement couverts du produit, elle affirme acheter le sac de 50 kilos à 31.500 Fcfa. Elle cède le kilo à 900 Fcfa. Elle vend de petits paquets au détail à 100 Fcfa. Elle trouve le marché assez florissant car elle peut gagner 6.000 Fcfa par jour. Les Ivoiriens, les Burkinabè et les Nigériens constituent ses clients grossistes. « Les Maliens se contentent d’acheter au détail », précise-t-elle, sereine.

Une cliente, Djènèba Sangaré, exprime son attachement au henné. « J’utilise le henné uniquement lors des fêtesou quand mon mari rentre de l’étranger», affirme-t-elle, en souriant. Elle s’approvisionne toujours chez Aye Sowa dont le henné est dit de très bonne qualité.

La vendeuse Aissata Mariko a abandonné l’école pour se consacrer au commerce de henné. Ses fournisseurs arrivent du village de Sirakola. Elle gagne entre 3,000 et 3500 Fcfa, par jour, dans le commerce de détail et de gros ». Selon Aïssata, le marché est rentable, pendant toute l’année, particulièrement pendant les saisons des vagues de mariages.

Sa voisine, Mariam Traoré, est également commerçante de henné. Elle exerce le métier depuis huit ans, en face de l’Institut national des Arts (INA). « Nous nous approvisionnons à Banamba. Un sac de 50 kg de henné coûte 32.500 Fcfa, la boite est à 1.000 Fcfa. Je détaille à 100 Fcfa », explique-t-elle. Ses bénéfices  atteignent environ 5000 Fcfa par jour.

Le henné est cultivé dans les localités de Banamba, Boro et Sirakola, dans la région de Ségou. « Je suis vendeuse de henné depuis une quinzaine d’années. Il ya de l’affluence sur le marché, surtout à l’approche des mariages », explique Badjèneba Dembélé. Elle cède le kilo à 900 Fcfa et le vend au détail à partir de 100f.

Awa Tounkara, elle, exerce depuis une dizaine d’années au Marché rose de Bamako. « Je peux avoir une trentaine de clientes ou plus par semaine. Je vends au détail le sachet à 100 Fcfa et la boîte à 1.000 Fcfa», précise-t-elle.

Une explication religieuse à l’utilisation du henné révèle le pouvoir magique de la poudre de henné. La religieuse Kadiatou Siby (Malimatou) affirme qu’ « une jeune mariée doit toujours avoir du henné sur ses mains et ses pieds. Cela renforce son charisme et diminue les petites querelles ». Ainsi, le henné favoriserait-il la bonne entente entre époux et la paix dans l’entourage.

Kadiatou Siby soutient que les vœux d’une femme qui applique, fréquemment, le henné seront rapidement exaucés.

Dans les familles musulmanes, le henné est appliqué sur les mains et les pieds des défuntes avant de les porter en terre. Pour les musulmans, le henné est une plante du paradis.

Originaire du sud de l’Iran et de la Mésopotamie, le henné est un arbuste épineux.Il est, certainement, la plus emblématique des plantes tinctoriales, la plus connue. Il est utilisé depuis près de 5.000 ans. Il rentre dans la composition de presque toutes les colorations végétales et constitue un signe de bénédictions. Il symbolise la fécondité pour les mariés. Il constitue une sorte de rite de passage entre le statut de célibataire à celui de l’épouse.

C’est un rituel pour la mariée. Le henné est très important dans notre tradition ou dans la religion musulmane. Il représente la fête, le bonheur et la joie. Il fait partie de l’arsenal d’élégance des femmes maliennes, lors des cérémonies sociales. Pour leur bonheur.

Il renferme d’autres vertus pour le corps et les cheveux. Les feuilles de cet arbuste, réduites en poudre, contiennent une molécule particulière.Elles produisent desteintes rouges, jaunes, orangées rose. Son application est symbole de bonheur et de joie.

Au Mali, les femmes l’utilisent pour embellir leurs pieds et mains lors des cérémonies de mariage et baptêmes. C’est pourquoi, de nos jours, de nombreuses commerçantes de henné se frottent pas mal les mains.

AAB/MD (AMAP)