Par Baya TRAORE
Bamako, 23 oct (AMAP) La circulation bamakoise était assez fluide, ce mardi 22 octobre. De Kalaban Coura à Sabalibougou, en passant par Daoudabougou, sur la rive droite du fleuve Djoliba, pour rejoindre le centre-ville, sur la rive gauche, par le pont Fahd, aucune affluence sur le trajet. Alors que, généralement, c’est la croix et la bannière, aux heures de pointe sur ce tronçon. Cause de cette fluidité inhabituelle, la pénurie de carburant. En effet, la majeure partie des usagers de la circulation de la capitale malienne, Bamako, souffre de la rareté du liquide précieux et rare.
Ces derniers jours, ce beau monde s’agglutine dans les stations-service où de longs rangs sont devenus le quotidien des automobilistes et motocyclistes. Certains se mettent en fille la veille. Dans une station d’essence situé à Kalaban coura, la file d’attente est interminable. Les automobilistes. les motocyclistes ainsi que les conducteurs de tricycles, très nombreux, s’impatientent dans un charivari indescriptible, nécessitant parfois la présence de la police pour mettre un peu d’ordre et régler la circulation.
Habillée en robe rose et jaune assortie d’un grand foulard sur la tête, le bébé sur le dos, Oumou Dia, la trentaine révolue, comptable de son état, tenant sa moto, fait la queue. Il est 8h 50mn. Elle affirme être dans le rang depuis vers 7 heures du matin. Après d’une heure d’attente, elle demeure stoïquement patiente, attendant d’être servie. Selon elle, « il faut coûte que coûte, faire le plein. Ce, malgré le retard qu’elle accuse pour se présenter à son service. Pour la comptable, cette situation ne l’a pas découragée d’aller au travail car elle est convaincue que le Mali va sortir de cette épreuve. Elle trouve que cette situation n’est pas la fin du monde et que « c’est Dieu qui a voulu que notre pays passe par ces moments difficiles. » Malgré tout, notre interlocutrice dit avoir « toujours confiance en nos dirigeants » et appelle la population « à être sereine et confiante. »
Un peu plus loin à Bamako Coura, nous rencontrons Ousmane Traoré, chef d’entreprise. Selon lui, à part le retard des travailleurs, son entreprise gère un peu mieux la situation, car il avait déjà installé des panneaux solaires depuis la construction de son entreprise. En plus, elle dispose d’un groupe électrogène.
Mais face à cette situation, notre entrepreneur appelle la population « à l’unité nationale et à la patience » car selon lui, aucun pays n’a connu de bonheur sans passer par des moments de difficulté.
Dans la cour de l’hôpital Gabriel Touré, Saran Touré, en blouse de nettoyage, un balai à la main droite et un seau à la main gauche. Elle nous explique que tous les jours, elle vient au travail à 4 heures du matin. Mais à cause de cette crise de carburant, elle vient en retard. Car d’habitude, elle vient en auto stop ou elle emprunte des Sotroma (véhicules de transport en commun). Mais avec cette crise, elle dit avoir passé ces derniers jours, des heures avant de trouver une voiture car selon elle, il y a peu de véhicules qui circulent.
Enfin, notre interlocutrice soutient que le manque de carburant ne l’empêchera pas de venir travailler même si elle doit marcher, car selon elle, « si chacun reste à la maison et refuse de venir travailler, cela va aggraver la situation et fera plaisir à l’ennemi. » Saran Touré prie pour que nos autorités aient la force de gérer cette situation et appelle tout le monde au calme.
Assis sur sa moto, en face de la route, en entendant des clients, Oumar Doumbia est conducteur de moto taxi. Il témoigne qu’il est parti chercher du carburant depuis 6 heures du matin et c’est à 11 heures qu’il a pu trouver de l’essence. Oumar Doumbia dit que malgré tout ce temps passé dans l’attente, il n’a pas pu avoir le plein d’essence pour sa moto.
Selon lui, à cette allure, les prix de transport des mototaxis vont augmenter. Les transporteurs ne pourront pas faire beaucoup de courses. Notre interlocuteur poursuit, fataliste : « Seul Dieu peut aider notre pays à sortir de cette situation qui n’est ni bonne pour les autorités, ni pour la population elle-même ».
Dans une autre station bondée au Quartier du fleuve, il est 11 heures. Dans la file des motocyclistes, habillé en jean noir et d’une chemise bleue, Sidy Gouanlé, commerçant tient sa moto, tout en sueur. Pour lui, cette situation est difficile mais ce sont « les épreuves de la vie. » Selon le jeune commerçant, les autorités font de leur mieux pour la gestion de la crise. Pour cela, Sidy Gouanlé demande à la population d’être derrière les autorités, les soutenir car « elles se battent pour le bonheur de la population. » Il exhorte les Maliens à être forts et à rester soudés « car c’est le moment de montrer son patriotisme. »
Devant une autre station d’essence, assis dans sa voiture, habillé en boubou marron, Moussa Touré, fonctionnaire de son état, fait la queue comme tout le monde depuis plus de 2 heures. Visiblement découragé, il nous a confié que sa journée est perdue, car il a laissé son travail pour venir chercher du carburant. Selon Moussa Touré, le travail ne doit pas s’arrêter malgré cette panne sinon, cela va jouer sur l’économie du pays. « Ce qui est encore plus pire », trouve-t-il. Face à cette situation, il pense que les gens doivent utiliser les moyens disponibles comme les transports en commun pour aller travailler et laisser les voitures à la maison pour gérer cette situation.
Moussa Touré soutient que cela va alléger la situation au niveau des stations d’essence. Notre interlocuteur a ajouté que « les autorités doivent laisser les transporteurs gérer avec les groupes armés car, selon lui, c’est parce que l’armée escorte les camions citernes qu’il y a des attaques. »
Aussi, propose-t-il que « les autorités trouvent une solution politique » pour gérer cette situation. Enfin Moussa Touré appelle la population à garder son calme et à être disciplinée dans les stations d’essence.
BT/MD (AMAP)


