Diéma : Concombres à gogo !!!

Par Ouka Ba

Diéma, 08 sept (AMAP) Le concombre est une plante potagère de la famille des cucurbitacées, d’origine orientale, qui produit des fruits allongés, et par extension est le fruit de cette plante, comme le défini le Dictionnaire français.

Cette année, la culture du concombre prospère dans le cercle de Diéma, dans l’Ouest du Mali. A en juger par la disponibilité du légume très abondant sur les marchés. En effet, en marge de la culture de la pastèque, de nombreux producteurs agricoles s’intéressent, aujourd’hui, au concombre à cause surtout de sa rentabilité.

Durant ces dernières années, plusieurs femmes commerçantes n’ont plus besoin de parcourir, souvent dans des conditions difficiles et incertaines, des dizaines de kilomètres pour se rendre jusqu’à Nonsombougou (Cercle de Kolokani) pour s’approvisionner en concombres et revenir revendre leurs marchandises à Diéma contre, parfois, de modiques gains, compte tenu du coût du transport et des moyens inappropriés de conservation.

Les avantages du concombre sont multiples. On utilise ce légume dans plusieurs plats, notamment pour la préparation de la laitue, des hors d’œuvres, du riz au gras, du « gnougoubala yelen », de la pomme de terre, des grillades de viande ou de poisson.

D’après certains, les étuves du concombre constituent des remèdes efficaces contre certaines maladies comme l’hypertension artérielle, les dermatoses….

UNE FILIERE PORTEUSE – Selon les constats, quasiment tous les acteurs impliqués dans la production et la commercialisation du concombre, se réjouissent des retombées positives de leur activité. Actuellement 50 kg de concombre coûtent 12 000 Fcfa, voire moins bord champ. Tandis que l’unité est vendue à 50 ou 100 Fcfa par endroit.

A en croire le président de la Chambre locale d’agriculture, Boubou Traoré, producteur agricole de son état, qui exploite un demi-hectare de concombres, cette plante rampante n’aime pas trop d’eau. « L’année où il pleut abondamment, les plantes de concombre produisent des fruits maigres et de mauvaise qualité », rapporte celui qui se dit « ami de la terre ». Il soutient que les plantes ont besoin d’être régulièrement traitées avec des produits phytosanitaires biologiques, pour les mettre à l’abri des nuisibles.

L’homme assure que ces derniers temps, les clients affluent quotidiennement vers son champ de concombres, qui lui rapporte assez d’argent.

EPOUSE GENTILLE ! Si Horiyé Coulibaly entretient des planches de concombre dans un coin de sa cour, c’est pour la consommation de sa famille. « C’est une manière pour moi de contribuer à réduire les frais de condiments », dit la dame, en épluchant deux gros concombres luisants, pour le dîner de son mari qui s’abstient de manger des aliments lourds pendant la nuit.

A cause de ses vertus médicinales, Makan Coulibaly, domicilié à Fangouné Massassi, mange le concombre cru, sans l’éplucher, soutenant qu’il permet de normaliser la pression artérielle. Il explique qu’il a passé deux ans à Ambideidi, dans la Région de Kayes (Ouest), où il cultivait, principalement, du concombre. « Quand je suis rentré au village, j’ai aménagé une partie de mon verger de manguiers pour la culture du concombre. La majeure partie de ma clientèle constituée de femmes. Je leur cède souvent mes concombres à moindre coût pour leur permettre de réaliser de petits bénéfices », dit-il.

« Ma brave épouse aussi m’aide à écouler mes produits. Avec les ressources générées, je parviens à entretenir correctement ma famille, sans être contraint de m’endetter auprès de qui que ce soit », ajoute notre interlocuteur, pas peu fier de sa réussite.

Le conservateur Siaka Doumbia, sirotant son rituel thé, explique ce qui fait que le goût du concombre devient amer. « Selon une croyance populaire, cela dépend de la main qui sème les graines. Si votre main est mauvaise, comme on le dit, vos concombres seront forcément amers. De même, en matière de cuisine, cette croyance compte beaucoup. La ménagère a beau utiliser tous les condiments du monde, si elle n’a pas une bonne main, ses repas ne seront jamais appréciés », argue-t-il.

Son ami, assis à côté de lui, ajoute sans ambages, que « ce sont surtout les enfants qui en sont friands.  « Certains gamins le croquent en entier. C’est difficile à faire passer par la gorge. Mais, lorsque j’étais en exode, j’ai travaillé avec un asiatique qui mangeait crûment du concombre, parce que, soi-disant, si l’on l’épluche, il perd tous ses apports nutritifs. »

Quelle ne fut la stupéfaction de cette femme en découvrant, un jour, que tous ses concombres sont avariés. « Quand on laisse les concombres en contact direct avec le sol jusqu’à ce qu’ils mûrissent, ils peuvent pourrir. De plus, cette plante réussit, surtout, pendant la saison froide. Au moment venu, je ferai du concombre Inch’Allah », rapporte Amorou Fofana, à la recherche d’un manœuvre, pour l’aider à désherber son champ de mil, à la suite de son départ, en catimini, de son fils à l’aventure.

Sans la vente de concombres, la veuve Binta Aba, avait du mal. Cette vendeuse ambulante, du haut de ses trente ans, qui fréquente quotidiennement le quartier Razel, peut gagner de 7 500 à 10 000 Fcfa par jour. Suivie de son garçon, poussant brinquebalant la brouette chargée de concombres, elle sillonne allées du marché, les jours de foire, le poumon économique de la ville, pour proposer ses produits à la clientèle.

Les producteurs de concombres, ils sont légion, ont besoin actuellement de soutien, pour promouvoir leurs activités. Ceci permettra de renforcer l’autosuffisance alimentaire dans le Cercle de Diéma et créer des emplois pour de nombreux jeunes, tout en réduisant le flux migratoire.

Pour y parvenir, le président de la Chambre locale d’agriculture, Boubou Traoré, propose aux producteurs de concombres, de se regrouper en association, afin de pouvoir bénéficier de certains avantages.

Interrogé sur le sujet, le chef du Secteur de l’agriculture de Diéma, Mamadou Sy, soutient  inconditionnellement les producteurs agricoles Il les invite à diversifier la gamme de leurs spéculations pour accroître davantage leur production et en tirer le meilleur profit.

OB/MD (AMAP)