Par Anta CISSE
Bamako, 15 août (AMAP) Il est un peu plus de 17 heures dans une mosquée de Baco-djicoroni Golf. Les voix enfantines s’élèvent en chœur, récitant les premières sourates du Coran. Assis par terre, une vingtaine d’enfants, âgés de 5 à 12 ans, participent à un groupe coranique de vacances mis en place par l’imam principal.
Si d’autres viennent le cœur en joie comme le petit Abba, 7 ans, qui connait plus d’une vingtaine de sourates et fait prier ses petits cousins, sa grande sœur Aisha, 8 ans, se plaint que les vacances sont faites pour se reposer. « Malgré cela, elle n’est pas à la traine par rapport à son petit frère », explique leur mère.
Pendant les vacances scolaires, Moussa Diall, un élève de la 10ème avec ses camarades, a préféré rester actif plutôt que d’attendre la rentrée et en se faisant de l’argent. « Nous avons constaté que beaucoup d’enfants traînent dans les rues pendant les vacances. Avec des camarades, on a monté ce groupe de rattrapage pour les occuper utilement. Les cours vont de la grammaire à la mathématique, selon la spécialité de tout un chacun », indique-t-il. Avec une vingtaine d’élèves, chacun payant 3 000 Fcfa, ils économiseront pour s’acheter des habits pour la rentrée scolaire.
Aïssata Kiré, mère de cinq enfants à Ségou, envoie ses petits dans un de ces groupes improvisés à deux rues de chez elle. « Je ne peux pas payer une colonie de vacances. Ici, ils récitent le Coran, apprennent les bonnes manières et ils sont en sécurité. Moi, je peux travailler l’esprit tranquille et cela ne me coûte que 5 000 Fcfa le mois» dit-elle.
Dans les rues de Djénné, les récitations de coran rythment les matinées. El Hadj Cissé, maître coranique, organise chaque année une session. « Beaucoup d’enfants viennent de Bamako pendant les vacances pour avancer dans leur apprentissage. Les parents y tiennent. C’est une façon de renforcer leur foi », affirme-t-il. Selon lui, ces efforts se heurtent parfois à la réalité des infrastructures précaires, sureffectifs, encadreurs non formés, chaleur accablante. Il déplore, cependant, que certains enfants passent plusieurs heures sous un soleil de plomb ou dans des espaces exigus.
Parallèlement à ces groupes coraniques, d’autres initiatives se développent. Le Centre de formation groupe gastronomique professionnel (GGP) organise, chaque année, les « Vacances gastronomiques », une activité qui en est à sa 4ème édition. La première vague a commencé le 7 juillet et se terminera le 22 août 2025. Elle regroupe 25 adolescents âgés de 10 à 17 ans qui ont payé 70 000 Fcfa chacun.
Pour le promoteur Souradje Moumouni, l’activité vise à offrir une formation culinaire enrichissante encadrée par des chefs cuisiniers et pâtissiers passionnés. L’objectif est de permettre aux enfants et adolescents d’apprendre les bases de la restauration et d’être utiles à la maison.
Moussa, étudiant en première année universitaire, raconte son parcours avec fierté : « Depuis que j’étais en 6ème année, ma mère m’envoyait chaque été dans un atelier de couture à Torokorobougou pour ne pas que je traîne et prenne les mauvaises habitudes de mes voisins et amis. Elle disait qu’elle ne voulait pas que je devienne délinquant. Aujourd’hui, je sais coudre, et je gagne un peu d’argent en confectionnant des habits simples chez mon chef, en plus d’aller à l’école », a-t-il confié.
AC/MD (AMAP)