Bamako, 26 juin (AMAP) Les objectifs de production du Mali sont fixés à 11,6 millions de tonnes de céréales sur 6,6 millions d’hectares par le ministère de l’Agriculture pour la campagne agricole en 2025 qui démarre dans un contexte jugé favorable à plus d’un titre, a appris, mercredi, l’AMAP de source officielle.
Le ministre de l’Agriculture, Daniel Siméon Kelema, au cours d’une conférence de presse, dans les locaux du département, a fait l’état d’avancement de la campagne, en particulier sur le volet de la production végétale, à la date du 20 juin 2025.
En présence du directeur national de l’Agriculture, Souleymane Yacouba, et du président de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton, Yacouba Traoré, les échanges avec le ministre de l’Agriculture ont porté sur la pluviométrie et la situation hydrologique, la mise en place des intrants agricoles subventionnés, l’évolution des emblavures, le paiement du coton graine, la situation phytosanitaire, les principales difficultés et les pistes de solutions.
La souveraineté alimentaire reste le pilier central de la Politique de développement agricole (PDA). Dans ce cadre, le ministère élabore chaque année, en concertation avec les acteurs du secteur, un plan de campagne consolidé avec des objectifs harmonisés en matière de production céréalière, cotonnière, fruitière et maraîchère.
Pour l’année 2025, le plan a été approuvé lors de la 15e session du Conseil supérieur de l’Agriculture, tenue le 6 mai dernier. Il prévoit une production de 11 696 721 tonnes de céréales et 682 000 tonnes de coton graine.
Pour atteindre ces objectifs, plusieurs mesures sont prévues, notamment la mise à disposition d’intrants et d’équipements agricoles subventionnés, le contrôle de qualité des intrants, la protection phytosanitaire renforcée, le paiement du reliquat du coton graine aux producteurs et le maintien du prix d’achat du coton à 300 Fcfa le kilogramme.
La subvention des intrants concerne cette année les engrais chimiques et organiques, les semences de maïs hybrides et le biostimulant Ovalis. Deux programmes majeurs soutiennent cet effort. Le Programme de développement de la productivité et de la diversification agricole des zones arides et semi-arides du Mali (PDAZAM) prévoit la mise en place de 10 500 tonnes d’urée, 6 000 tonnes de DAP (Di-amoniaque phosphate) et 5 043 tonnes de NPK pour un montant total de 9,83 milliards de Fcfa.
À la date du 20 juin, 6 095 tonnes, soit 28,3 %, ont déjà été livrées. Le Programme d’urgence pour la production agricole de saison sèche et d’atténuation des effets de l’insécurité alimentaire (PUPSAN) prévoit, quant à lui, 1 335 tonnes d’urée, 200 tonnes de DAP et 684 tonnes de NPK pour un coût de 1,2 milliard de Fcfa.
Pour accompagner cet effort, le gouvernement a inscrit 17,6 milliards de Fcfa dans la Loi de finances 2025 pour soutenir la
subvention des intrants dans les zones hors coton. Pour les zones cotonnières, l’enveloppe s’élève à 35 milliards de Fcfa. « 21 453 tonnes d’engrais minéraux sont déjà acquises via un projet financé par la Banque mondiale. À cela s’ajoutent 1.335 tonnes attendues d’un autre programme et plus de 12.100 tonnes sur le budget national. Les livraisons sont en cours, et l’ensemble devrait être disponible au plus tard le 10 juillet », a annoncé le directeur national de l’Agriculture, Souleymane Yacouba.
Concernant la pluviométrie, le ministre Kelema a indiqué que les pluies sont normales à excédentaires dans la plupart des zones agricoles, hormis le Centre, le Nord et certaines localités de l’Ouest (Kayes) où elles restent déficitaires. Comparées à la même période en 2024, les précipitations sont généralement supérieures, sauf dans des zones localisées comme Gao (Nord), Mopti (Centre) et le sud de Kayes (Ouest). Le niveau des eaux est aussi en progression, avec des niveaux supérieurs à ceux enregistrés l’an dernier à la même période.
Les semis sont en cours, grâce aux pluies déjà enregistrées. Pour le riz, 49 280,5 hectares sont emblavés contre 47 760 ha en 2024, sur un objectif de 912 442 ha, soit un taux de réalisation de 5,4 %. Pour les céréales sèches (maïs, sorgho, mil, fonio), 307 663,75 ha sont emblavés contre 259 596 ha à la même période l’année dernière.
Pour les légumineuses, 33 211,5 ha sont déjà semés sur les 535 782,65 ha prévus pour l’arachide et 3 530,75 ha sur les 494 173,98 ha pour le niébé. Le sésame enregistre 41 ha sur 104 829,15 ha prévus et le soja, 3 377 ha sur 37 512,5 ha attendus.
Selon le ministre Kelema, la situation phytosanitaire reste calme. Parmi les difficultés, on note l’insécurité dans certaines zones de production, le retard dans l’approvisionnement en intrants dans le système coton et le retard dans le paiement du coton graine.
Le ministre a toutefois assuré que des mesures sont en cours pour résoudre ces problèmes. « La campagne agricole 2025 se poursuit dans de bonnes conditions, avec une pluviométrie globalement favorable et des emblavures en progression comparée à 2024 », a-t-il résumé.
Concernant la campagne cotonnière, le PDG de la Compagnie malienne de developpment des textiles (CMDT), Dr Kouloumégué Dembélé, s’est montré confiant. Il a indiqué que les emblavures prévues sont de 672 000 ha, dont 255 548 ha déjà réalisés, soit 38,03 %, un taux supérieur à celui de 2024 (28,90 % à la même date). Il a rappelé qu’en 2024, les semis avaient dû se poursuivre au-delà du 20 juillet en raison du retard pluviométrique.
Sur la question du paiement du coton graine, il a signalé que 63,88 % des paiements ont été effectués, contre 63,38 % à la même date l’an dernier. Le paiement complet a été bouclé le 30 août 2024. Cette année, il espère clore les paiements dès la première semaine de juillet.
Concernant la livraison des intrants, Dr Kouloumégué Dembélé a indiqué que le taux de livraison pour les engrais minéraux est de 43,23 % pour le complexe coton, 38,93 % pour le complexe céréales et 19,89 % pour l’urée. Des difficultés logistiques persistent, notamment liées à l’insécurité et aux restrictions de circulation des camions transportant les engrais, nécessitant des escortes. Ces contraintes ralentissent la rotation des véhicules.
Le ministre Daniel Siméon Kelema a reconnu le retard dans le paiement du coton graine et dans la mise en place des intrants, mais a promis une correction rapide. Il a remercié les banques pour leur soutien et salué la résilience des producteurs.
Le chef du département de l’Agriculture a aussi assuré que la traçabilité sera renforcée grâce à des missions de supervision pour éviter les détournements. « Les fournisseurs défaillants seront écartés sans état d’âme », a dit le ministre.
Il a rappelé que les dispositions ont été prises dès septembre pour coupler la livraison des intrants au transport du coton graine, mais que des difficultés sont survenues entre janvier et février, perturbant le processus. Il a présenté ses excuses au monde agricole, tout en appelant à la rigueur dans l’exécution des contrats.
MS/MD (AMAP)


