Tabaski : Après la fête, la gueule-de-bois et la galère

Après les achats de la fête, il faut faire les comptes et mécomptes

Par Moussa M. Dembélé

Bamako, 11 juin (AMAP) Les lendemains de fête laissent un arrière-goût amer dans… le portefeuille que le compte en banque, pour ne pas dire un état de gueule-de-bois financier !!! La fête de Tabaski, l’un des événements religieux les plus budgétivores pour les chefs de famille, en particulier, n’échappe pas à la règle du réveil douloureux et du retour à la réalité du quotidien. Comme des lendemains qui déchantent un peu ou beaucoup, après les victuailles de la célébration, beaucoup ont de la peine à joindre les deux bouts, surtout si la fête arrive au début du mois, comme ce fut le cas, le 6 juin 2025. Si certains s’endettent pour passer la fête, d’autres se contentent simplement du peu qu’ils ont. Après la fête, les arguments sont diversement partagés.

Rencontré ce lundi 9 juin 2025, aux environs de 14 heures, à Badalabougou, en Commune V du District de Bamako, Lamine Doucouré est vendeur ambulant d’accessoires de téléphone. Articles sur le bras, la fatigue sur le visage, il n’a rien vendu depuis le matin. Selon, lui, les clients n’ont plus d’argent, car ils viennent de faire de grosses dépenses lors de la fête de Tabaski. « Pas de temps à perdre maintenant. Nous venons de dépenser tout qu’on avait à l’occasion de la fête. C’est pour cette raison que, depuis le lendemain de la fête, j’ai repris mon activité », confie-t-il. Avant d’ajouter que la fête a été célébrée dans un moment difficile. « Les gens n’avaient pas d’argent mais malgré tout, ils se sont efforcés pour faire face aux dépenses », explique-t-il.

DES INQUIETUDES – Lassina Diarra, vendeur de friperies à Magnambougou, en Commune VI du district de Bamako, abonde dans le même sens que notre précédent interlocuteur. « Après la fête, c’est la galère. Pour nous retrouver financièrement, il nous faut plus d’un mois. Le commerce est une chaîne. Les clients doivent avoir de l’argent pour acheter. Quand ils sont dans des difficultés financières, nous les commerçants, nous le ressentirons automatiquement », dit-il.

« J’ai fait trop de dépenses cette année lors de la fête. Je suis parti au village avec mon épouse. À cela s’ajoute d’autres dépenses imprévues. La vie à Bamako coûte déjà chère, s’il faut ajouter d’autres problèmes financiers, ce sera compliqué », s’inquiète Ibrahim Diallo, commerçant au Grand marché de Bamako.

Ceux qui s’endettent pour fêter, sont souvent dans l’impasse. Ils ont du mal à payer les dettes contractées. Un fonctionnaire, qui a requis sous l’anonymat, nous explique les difficultés financières auxquelles il fait face après la fête. « Le seul espoir de revenu régulier pour un fonctionnaire, c’est son salaire. Pendant les fêtes, cet argent ne suffit pas pour les dépenses. C’est pour cette raison, qu’on s’endette. Cette année, j’ai pris une dette que je dois rembourser pendant de trois mois. Ce qui va impacter sur d’autres projets en cours », dit avec une pointe de regret dans la voix.

Certains pensent que célébrer une fête ne nécessite pas d’aller au-delà de ses moyens mais plutôt faire en fonction de ses capacités financières. En tout cas, c’est ce qu’avance Siaka Diamoutènè, enseignant de collectivité. « C’est l’une des fêtes de Tabaski les plus difficiles de l’histoire. L’insécurité grandissante plus la pauvreté, auxquelles s’ajoute la cherté de la vie. J’ai fêté avec mes maigres moyens en évitant de m’endetter. Car la fête passe, mais les dettes restent », a -t-il conclu.

MMD/MD (AMAP)