La Coalition islamique militaire mobilise le Sahel à Bamako pour contrer le financement du terrorisme

Bamako, 23 mai (AMAP) La Coalition islamique militaire pour combattre le terrorisme (CIMCT), une initiative régionale visant à renforcer les capacités nationales dans la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent, a tenu ce vendredi une conférence à l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye (EMP-ABB), a constaté l’AMAP.

C’était sur le thème « Défis et stratégie de lutte contre le financement du terrorisme dans la région du Sahel ». Cette initiative régionale ambitionne de doter les États du Sahel d’outils avancés pour traquer les flux financiers illicites.

Le programme, qui inclut une conférence réunissant 200 participants et un atelier pour 40 experts à l’EMP-ABB, vise à renforcer les enquêtes financières.

« Le terrorisme est une activité complexe, financée de manière transnationale », a expliqué le commissaire principal Amara Doumbia, conférencier et chef de la section stratégie et renseignement à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF).

« Nous formons les enquêteurs pour détecter les financements, mais il faut plus de coordination et d’outils avancés », a-t-il insisté, notant que l’évaluation de 2019 a révélé un manque de condamnations au Mali.

Les défis sont particulièrement aigus dans les zones reculées du Sahel. « Les groupes terroristes exploitent Internet et les réseaux sociaux pour collecter des fonds discrètement », a indiqué Doumbia.

Il a également pointé les stratégies financières complexes des groupes qui opèrent via des réseaux affiliés et contrôlent des territoires reculés. « Ils utilisent le commerce local, comme des quincailleries, pour blanchir l’argent, et leurs méthodes évoluent constamment », a-t-il ajouté.

Ali Sissoko, chargé de conformité à la Banque malienne de solidarité et participant à la conférence, a souligné le rôle des institutions financières. « Nous filtrons toutes les transactions à l’aide de bases de données internationales. Par exemple, un commerçant passant de 10 à 100 millions d’opérations en peu de temps déclenche une alerte », a-t-il expliqué.

« Cet atelier a renforcé mes compétences, mais certains sujets sensibles, comme l’implication présumée de certains acteurs dans le financement, n’ont pas été assez débattus », a-t-il regretté.

Les discussions ont aussi abordé les sources de financement du terrorisme, telles que le commerce d’armes, la traite humaine, l’exploitation de l’or et les cryptomonnaies. « L’État doit intensifier les contrôles sur tous les secteurs, y compris l’économie informelle », a plaidé M. Doumbia, rappelant que des décrets ont désigné des autorités pour superviser chaque domaine.

La CIMCT met l’accent sur quatre axes : idéologie, communication, lutte contre le financement du terrorisme et action militaire. En s’appuyant sur les standards du GAFI et les technologies émergentes, le programme ambitionne de renforcer la coordination entre les cellules de renseignement financier, les forces de sécurité et les organes judiciaires pour stabiliser la région.

« La lutte contre le terrorisme exige une collaboration étroite entre les pays », a déclaré le général Al-Mughidi lors de la cérémonie d’ouverture, jeudi, au Centre international de conférences de Bamako (CICB).

Il a rappelé que la CIMCT, initiée par l’Arabie saoudite en 2015, a développé 24 programmes sur 20 ans pour ses 41 pays membres, incluant des formations et un fonds spécial. « Nous renforçons la coopération pour coordonner nos efforts contre l’extrémisme violent », a-t-il ajouté.

OS/MD (AMAP)