Kayes, 19 avr (AMAP) Une délégation du ministère des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, conduite par le colonel-major Adama Tounkara, s’est jointe aux autorités locales de Khabou-Gadiaga, dans la Region de Kayes (Ouest) pour accueillir, jeudi dernier, près de 200 Maliens expulsés de Mauritanie.
« Vous avez assez fait. Il est bon de continuer à échanger avec vous pour faciliter le retour des refoulés au village », a déclaré le colonel-major Tounkara aux légitimités traditionnelles, saluant leur engagement. Les refoulés, transportés par trois camions jusqu’à la frontière, ont traversé le fleuve Sénégal en pirogue pour rejoindre Khabou, situé à 85 km de Kayes.
À leur arrivée, les refoulés, modestement vêtus et souvent sans bagages, ont renconté leur calvaire. « Nous avons souffert là-bas. On a passé huit jours en prison dans de mauvaises conditions », ont confié certains dont des femmes et des jeunes filles.
D’autres ont dénoncé la confiscation de leurs biens et une presumée complicité entre leurs employeurs et les agents de sécurité mauritaniens. Malgré leur retour, certains expriment leur souhait de repartir : « Nous ne connaissons personne au Mali », ont-ils affirmé.
Les autorités locales, dirigées par le 2e adjoint au préfet d’Ambidédi, Amadou Guissé, le maire de Sony, et les légitimités traditionnelles, ont organisé l’accueil avec le soutien du gouverneur de Kayes, le général Moussa Soumaré. « Le village a reçu 6 tonnes de riz et des fonds pour assurer la restauration des refoulés », a précisé Amadou Guissé.
Après leur enregistrement par la police de Diboli (frontière avec le Sénégal) et la Croix-Rouge, les arrivants sont conduits au Centre de santé communautaire (CSCOM) pour leur hébergement temporaire, puis transportés en bus, sous l’encadrement du Centre d’orientation et d’information des migrants, dirigé par Baraka Fofana.
Depuis le 10 mars, date de l’arrivée des premiers refoulés à Tafara (Cercle d’Aourou), Kayes a accueilli environ 1 200 Maliens. Un comité régional, créé le 14 mars, coordonne les services sociaux, sanitaires et humanitaires.
Le général Soumaré a salué l’élan de solidarité des chefs de villages : « Leur bonne volonté a été déterminante pour accueillir nos compatriotes. » Khabou a même offert un hectare pour construire un centre d’accueil.
Par ailleurs, le colonel-major Tounkara a annoncé que, « suite aux démarches de notre ambassadeur, la Mauritanie envisage de revoir ses conditions d’immigration. Bientôt, 195 personnes seront rapatriées. »
Peuplé de 3 000 habitants, ce village soninké de la Commune de Sony est au cœur des opérations d’accueil. Les légitimités traditionnelles, satisfaites des actions gouvernementales, insistent sur l’importance des actes concrets. « On doit accorder plus d’importance au travail qu’aux discours pour le bonheur des Maliens. », disent-elles.
BMS/MD (AMAP)