Bamako, 6 mars (AMAP) Contrairement aux autres mois de l’année, les gérants de salon de coiffure pour Homme, dans la capitale malienne, broient du noir, en cette période de ramadan, à cause de la rareté des clients- Notre Reportage
Le mois béni de ramadan, c’est aussi des avantages et des inconvenants suivant les métiers. Ceux qui exercent la profession de coiffeur pour homme sont ceux-là qui sont contraints à un repos forcé en attendant les dix ou cinq derniers jours du mois sacré. Alors que ces professionnels étaient, auparavant, envahis par les clients de tout âge, souvent impatients. Malheureusement, constat-on, en ce début du mois de ramadan, bon nombre de coiffeurs avouent le manque de clients. L’affluence est morose, certains salons ne reçoivent aucune personne.
Désert, aucun signe de vie, malgré les dispositifs habituels d’attirance et d’accueil en place, comme des sonorités, le salon de coiffure Gaba de Ousmane Guindo, situé au quartier Yirimadio en Commune VI du district de Bamako, est pauvre de monde, ce mercredi vers 14h. Aucun client ne pointe le bout du nez à cette heure de la journée. Ce qui fut une surprise pour nous. Après avoir toqué la porte à plusieurs reprises sans réponse du propriétaire, nous nous introduisons dans le salon. Nous le trouvions dans une sieste forcée suite à l’angoisse provoquée par la rareté de clients.
Inconfortablement installé sur un canapé, Ousmane Guindo peine à se réveiller à nos premières tentatives. Il a fallu qu’on lui donne quelques tapes à l’épaule pour que le coiffeur se rend compte de notre présence. « Depuis le matin je n’ai eu aucun client. Alors qu’avant le mois de ramadan, cela trouvait que j’avais déjà gagné plus 5.000 f cfa à cette heure de la journée », déplore le coiffeur. Ce trentenaire, chef famille et père de trois ans ayant commencé ce métier depuis 2014, lie la morosité à la période religieuse où les jeunes s’intéressent peu à la coiffure. « On ne dépasse plus 2.000 F cfa comme recette par jour », regrette notre interlocuteur.
Selon Ousmane Guindo, il n’y a que des personnes âgées qui viennent peu à peu dans le salon actuellement pour se faire coiffer. « On est confronté à cette difficulté pendant cette période du début de ramadan qui est, surtout, une période de haute consommation sans oublier qu’on est aussi des chefs de famille, pour beaucoup d’entre nous. Moi, par exemple : je paye à 25.000F cfa mon bailleur à chaque 5 du mois », se lamente-t-il. Insistant qu’il continuera à exercer ce métier de coiffeur, car étant sa profession de cœur.
De son côté, Bourama Dicko vit également la même situation. Ce recalé au niveau du diplôme d’étude fondamentale (DEF), âgé de 19 ans, se rend utile à la société et gagne son pain à travers le métier de coiffeur. Malgré qu’il ambitionne pour l’avenir d’être conducteur de véhicules.
« En temps normal, le métier de coiffeur me rapporte 3000 à 3500F cfa. Mais, avec ce début du mois de ramadan, ce n’est pas du tout facile pour nous, car les clients sont devenus rare et je ne gagne pas dans la journée au-delà de 2000F cfa, déplore-t-il.
Mamadou Bagayoko dit Diallo, coiffeur, étudiant et universitaire de 22 ans, domicilié à Sébénicoro, en Commune IV du district de Bamako. Il poursuit ses études post- lycée dans une faculté de la place, en classe de la première année, les jours où il n’a pas de cours, il passe travailler au niveau de sa petite entreprise qui lui permet de subvenir à ses besoins personnels et aussi de contribuer à aider ses parents pour la prise en charge de certaines dépenses familiales.
Mamadou Bagayoko dit Diallo précise qu’avant le ramadan, il gagnait plus de 5000F cfa par jour et les samedi et dimanche plus de 10.000F cfa. « Mais, depuis le début du ramadan, je ne dépasse plus 3000F cfa ; les clients sont devenus très rares », souligne-il. Mais malgré la situation de rareté des clients, il reconnait ne pas se plaindre car il parvient à faire face à ses besoins et certaines charges familiales. Et, ajoute qu’à partir du 25ème jour du mois de ramadan qu’ils (les coiffeurs) commencent à revoir les clients, tout commence alors à aller bien.
ST/KM (AMAP)