
Les populations se réjouissent de la présence de file de remorques en provenance de Dakar
Par Bandé Moussa SISSOKO
Kayes, 11 juin (AMAP) La grande partie des importations du Mali transite par le Port de Dakar et passe par Kayes (Ouest). La réouverture des frontières est une bouffée d’oxygène pour les populations de la Cité des rail, très soulagées par la levée des sanctions de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Dans la banlieue de Kayes, se trouve le poste de sécurité de Alahina. En ce mercredi 6 juillet, on observe une grande file de gros porteurs en provenance de Dakar, capitale du Sénégal. Chacun attend son tour pour remplir les formalités de douane et de police.
C’est le même scénario entre la direction régionale de la douane, où se trouve le scanner, et le village de Kamankolé. Sur cet axe Kayes-Dakar, notre équipe de reportage a croisé quelques camions-remorques et autres véhicules venant de la frontière sénégalaise.
Arrivé poste de sécurité de Alahina, notre équipe de reportage constate que les différentes forces de sécurité et structures intervenant dans le transport routier sont à pied d’œuvre. Un agent de la sécurité s’active pour rendre la circulation fluide à l’entrée du village. Non loin de lui, un jeune soulève la barrière aux couleurs rouge et blanche afin de d’ouvrir la voie aux véhicules.
Avant d’atteindre le bâtiment abritant les postes de contrôles, on aperçoit à droite un groupe de chauffeurs, d’apprenti-chauffeurs et de syndicalistes en train de discuter à l’ombre d’un arbre. Parmi eux, Mahamadou Kéïta, membre du syndicat des transporteurs routiers de Kayes.
«Nous sommes très contents de la levée de l’embargo. Les chauffeurs, de même que les propriétaires de véhicules, souffraient beaucoup des sanctions de la CEDEAO. Certains avaient même cessé de travailler. Le prix du carburant a augmenté. Les passagers, aussi, n’avaient pas suffisamment d’argent pour faire face aux tracasseries à la frontière et d’autres postes de contrôle», soutient Mahamadou Kéïta. Il demande au gouvernement de subventionner encore plus les prix du carburant (essence, gaz-oil) pour alléger les souffrances des usagers de la route. Selon lui, le prix de 5 litres de ce carburant oscille entre 25.000 et 30.000 Fcfa contre 15.000 auparavant.
VIE CHÈRE – Selon ce syndicaliste, la vente de billets pour le trajet Kayes-Dakar avait cessé. Mais, la navette était assurée par les taxis et véhicules de 7 places qui débarquaient les passagers à Diboli, frontière Mali-Sénégal. Ils devaient traverser le pont à pied ou emprunter les pirogues pour rallier la ville sénégalaise de Kidira qui se trouve sur la rive gauche du fleuve Falémé.
Mais, ce calvaire a pris fin avec la levée des sanctions qui a été décidée le dimanche 3 juin 2022 à Accra (Ghana) lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO. Ces sanctions avaient été prises dans la capitale du ghanéenne, en janvier dernier, pour contraindre le Mali à revenir à une vie constitutionnelle normale. «Les bus et autres véhicules de transport en commun ont repris le trafic le mardi 5 juillet 2022. Le 1er car wolof (véhicule sénégalais) est arrivé hier (mardi) nuit », annonce ce syndicaliste.
«L’embargo a rendu la vie chère. L’Etat doit penser aux populations, notamment les chauffeurs dont la situation est précaire», souligne Mahadi Konaté, un autre membre du syndicat.
Le chauffeur de taxi, Mamadou Diarra, félicite les autorités de la Transition dont les efforts ont permis de réduire les tracasseries sur l’axe. Il se plaint du fait que chaque passager paye 3.000 Fcfa si sa carte d’identité est périmée alors que la contravention est, selon lui, estimée à 500 Fcfa et 1.000 Fcfa si l’intéressé perd sa pièce d’identité. Au niveau de Diboli, il affirme que les Maliens, tout comme les étrangers, payent 10.000 Fcfa.
Dans la matinée de ce mercredi vers 10 heures, le mouvement est timide sur l’axe Dakar-Kayes-Bamako, précisément au niveau du poste de surveillance située dans la Commune rurale de Khouloum. Mais la situation ne tardera pas à changer. «La levée de l’embargo nous a beaucoup plu. Nous dépendons du Sénégal. A cause des sanctions, le prix de la tonne de ciment sénégalais a atteint 120.000 Fcfa et celui d’une tonne de ciment local à 92.500 Fcfa. Je pouvais attendre deux mois pour avoir mes marchandises», affirme Ibrahim Ilo Sissoko, commerçant-détaillant, au carrefour des logements sociaux de Kayes, qui abritait l’ancien poste.
BMS/MD (AMAP)