Alerte sur les conditions précaires d’emploi des domestiques et aide-ménagères au Mali 

L’ONG initie des campagnes de sensibilisation à l’attention de cette couche vulnérable

Par Amsatou Oumou TRAORE

Bamako, le 16 juin (AMAP) Que ceux qui reconnaissent leurs valeurs appellent, pudiquement, ces mains utiles «aide-ménagères». Ou que la tranche de la population, qui les méprise, les qualifie de «bonnes à tout faire», «bonniches» ou encore «52», la vie en ville de ces filles est parsemée d’embûches. 

Elles travaillent, dans la plupart des cas, dans des conditions précaires et sont, le plus souvent, victimes de diverses formes de violences, abus, exploitations et négligences (VAEN).

Elles ne bénéficient pas d’une bonne alimentation, n’ont pas de bonnes conditions d’hébergement  , leur employeur  accumule, dans certains cas des arriérés de salaire qui leur est dû, elles sont mal payées et sont victimes de discrimination, ce qui renforce leur vulnérabilité et accentue leur mise à l’écart. Leurs opinions ne sont pas prises en compte dans les décisions les concernant, en dépit de leur apport incontournable dans l’entretien des foyers.

Malgré ces dénis, le Code du travail malien reconnaît les domestiques comme des travailleurs à part entière et cela en vertu de la Convention 138 de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui fixe l’âge minimum au travail qui ne doit pas être inférieur à 18 ans et de la convention 182 qui condamne les pires formes de travail. Ces conventions qui ont été ratifiées par le Mali ne sont, malheureusement, pas appliquées correctement.

C’est l’objet de tout le plaidoyer que mène l’Association pour la défense des droits des aide-ménagères (ADDAD).  L’ADDAD est une organisation à but non lucratif, apolitique et non confessionnelle, initiée en 2009 et officiellement créée en 2013 par les aide-ménagères du Mali. Elle interpelle les autorités et l’opinion publique pour la protection et le respect des droits des filles travailleuses domestiques.

Cette association a pour objectifs «de défendre, promouvoir et protéger les droits des aide-ménagères et valoriser le métier d’aide-ménagère en vue d’améliorer leurs conditions de vie et de travail tout au long de leur parcours migratoire».

Elle est aujourd’hui présente dans neuf pays de la sous-région ouest-africaine (Mali, Burkina Faso, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Sénégal, Gambie et Ghana).

L’ADDAD-Mali compte aujourd’hui à peu près 1.500 aide-ménagères et est présente dans deux capitales régionales à savoir Ségou (Centre)  et Koulikoro, près de Bamako. Au niveau sous régional, elle compte, au moins,  5.000 filles travailleuses domestiques.

Elle a initié un projet de protection des filles travailleuses domestiques contre les violences et exploitations à Bamako, la capitale malienne,  qui a pour objectif de «contribuer à l’exercice des droits des filles et adolescentes travailleuses domestiques». Ce projet est soutenu financièrement par l’Agence basque (Espagne) et bénéficie de l’accompagnement technique de l’ONG de coopération mondiale pour le développement et l’action humanitaire en faveur des enfants et pour la défense de leurs droits «Educo».

Dans la mise en œuvre des activités du projet, des journées thématiques ont été initiées à l’occasion de la célébration de la fête internationale du travail le 1er mai dernier. Le projet a mis cette journée à profit pour initier des campagnes de sensibilisation de l’opinion publique sur les dangers liés au travail domestique. en général, et au travail des enfants dans les grandes villes, en particulier. 

L’Association interpelle, également. les parents qui envoient leurs enfants mineurs en ville afin de trouver de quoi constituer leur trousseau de mariage et apporter un appui financier a leur famille resté au village. Elle milite tout autant pour le maintien des enfants filles et garçons à l’école et, surtout, pour une plus grande sensibilisation de ces derniers sur les dangers de l’aventure urbaine.

AOT/MD (AMAP)