Transition : Le levier de la diplomatie de crise 

Abdoulaye Diop, est revenu, dans l’émission «Mali kura taasira», sur la stratégie diplomatique adoptée par le Mali pour se faire entendre

Par Oumar DIAKITE 

Bamako, 17 mai (AMAP)  Le Mali s’est engagé à partager sa position et sa vision holistique de la situation qu’il traverse actuellement, afin de faire face aux incompréhensions constatées et à la mauvaise foi de certains partenaires.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, est revenu, dimanche dernier, dans l’émission «Mali kura taasira», sur la stratégie diplomatique adoptée par notre pays pour se faire entendre.

Le Mali traverse aujourd’hui une crise diplomatique. Les autorités de la Transition en sont conscientes et s’emploient, depuis de longs mois, à déconstruire la mauvaise lecture de la situation du pays par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une mauvaise lecture qui est, d’ailleurs, à la base de « sanctions illégales, injustes et inhumaines » imposées à notre pays par l’organisation sous régionale et l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

« La posture de ces partenaires nécessite la promotion d’une diplomatie de crise pour expliquer la réalité des faits et éviter que notre histoire ne soit racontée par les autres », a dit Abdoulaye Diop . « Et, surtout défendre la dignité et la souveraineté du peuple malien ».

Selon lui, il a fallu exposer au monde la relation fonctionnelle entre la sécurité et le développement. Le Mali a surtout procédé à une prise de contact avec des pays amis comme le Maroc, la République démocratique du Congo, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), les Emirats arabes unis (UAE). « Une visite a été également effectuée dans certains pays voisins, comme l’Algérie, la Mauritanie, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal et la Guinée », a poursuivi M. Diop. Notre diplomatie a affirmé, clarifié et défendu les positions maliennes devant les Nations unies. Ce fut lors de discours sur des thèmes majeurs de la situation politique du pays, cette année, aux sessions du Conseil de sécurité des Nations unies par le chef du département des Affaires étrangères ou par notre ambassadeur auprès des Nations unies. L’occasion a été mise à profit pour réaffirmer notre demande d’un mandat robuste pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)  et répondre, de façon vigoureuse, à des accusations non fondées sur les Forces armées maliennes (FAMa) suite aux évènements de Moura. 

NOUVELLE IMPULSION – S’agissant de la levée des sanctions contre notre pays, le ministre Diop a expliqué que le président de la République du Togo, Faure Gnassingbé, a été sollicité afin d’apporter une nouvelle impulsion aux pourparlers avec la CEDEAO. «Aujourd’hui, nous sommes plus proche d’une solution que nous ne l’avons jamais été», a dit Abdoulaye Diop. Et d’ajouter qu’ »une solution est toujours possible mais pas à n’importe quel prix ». « Désormais, rien ne se fera sur le dos de notre pays », a-t-il martelé. 

Les choses vont bien,  c’est juste la question de la durée de la Transition qui demeure. La CEDEAO planche sur 16 à 18 mois, alors que la partie malienne tient à 24 mois, a dit le ministre Diop.

L’effort diplomatique a permis d’engranger des résultats significatifs avec une meilleure compréhension de la situation et des positions du Mali par la majorité des partenaires. 

Le chef de la diplomatie malienne rappelle le soutien favorable de plusieurs pays africains à la levée des sanctions illégales et illégitimes des organisations sous régionales. Et, surtout, le soutien et la mobilisation de certains pays frontaliers (Guinée, Mauritanie et Algérie) qui ont également refusé d’appliquer ces sanctions, en maintenant leurs frontières ouvertes avec le Mali. Ce, en vue de permettre l’approvisionnement régulier et permanent du pays. 

Grâce à sa diplomatie éclairée, notre pays a pu obtenir le soutien de pays amis (Chine et Russie à l’ONU, l’Algérie, l’Ethiopie, le Rwanda à l’Union africaine). Ces soutiens historiques ont abouti à faire échec aux différentes actions d’isolements politiques et économiques du Mali au niveau international.

Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères note la diversification et le renforcement du partenariat stratégique, particulièrement dans les domaines de la sécurité et de la défense (Russie, Chine, Turquie).

Les actions diplomatiques ont également contribué à la mise en place de groupes de travail de haut niveau technique et politique et de rapprocher les positions entre notre pays et la CEDEAO. 

Abdoulaye Diop annonce que la dynamique amorcée, à travers la diversification des partenariats pour trouver une solution durable à la crise multidimensionnelle, va se poursuivre. Sur la base des priorités du pays, « à savoir la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles et les élections ». 

 OD/MD (AMAP)