Par Youssouf Doumbia

Bamako, 25 fév (AMAP) C’est un instrument de musique traditionnelle des Bambaras des Régions de Dioïla ou «Banico» et de Bougouni (Sud). On le retrouve, aussi, chez leurs voisins des Communes de Koumantou et de Kolondièba. Leurs frères de Kolokani (Ouest)  et de toute la partie nord de la Région de Koulikoro s’identifient également à cette musique 

C’est, sans doute, l’un des instruments les plus utilisés par cette ethnie. On le retrouve, également, dans la Région de Ségou (Centre) avec quelques nuances. Ces derniers appellent cette variante le Bara.

Le « Bari» est un ensemble de quatre instruments de musique traditionnelle du Banico : le « doundounba » (le grand tambour), le « nèkè » (la moitié d’une grande barrique), le « djembé » (tam-tam) et le « djembédeni » (le petit tam-tam). Ils sont tous joués par les hommes à l’aide d’une baguette en bois dont l’extrémité est recouverte de caoutchouc. Le «Bari» renvoie aussi à la troupe tout entière qui joue.

A l’origine, le « Bari» était joué lors de grands travaux champêtres. Il servait alors à galvaniser les braves cultivateurs. Car à l’époque, les hommes valides du village se regroupaient pour travailler dans les champs des familles, à tour de rôle. Ainsi, la famille qui recevait le groupe s’occupait en même temps de la troupe de «Bari». Leur présence permettait aux cultivateurs de labourer en temps record un champ de plusieurs hectares. De nos jours, puisque les champs collectifs se font rares, et la mécanisation de l’agriculture aidant, les troupes de « Bari » sont très peu sollicitées. 

 « Etant donné que la troupe appartient à tout le village, nous attendons les grandes fêtes populaires pour la mobiliser », expliquait récemment Bou Koné de Koumantou. C’est ainsi qu’il devient l’instrument privilégié lors des cérémonies de réjouissance comme la célébration de la fête de l’indépendance, le 22 septembre et l’accueil de personnalités. Il sert à animer aussi les baptêmes, les circoncisions, les mariages et bien d’autres. 

Il se joue sur la place publique, dans un ou plusieurs cercles. Il arrive que des groupes d’âge organisent la fête et s’habillent en uniforme. Dans ce cas, ils forment le premier cercle. Au fur et à mesure que la mayonnaise monte, un second cercle est formé par la foule.

Le cercle constitue la scène où dansent énergiquement les hommes et les femmes, dans une file indienne exclusive à chacun. En tête de file, se trouve un homme appelé « Bari nièmogo ». Il donne le ton et les rythmes de danse à adopter. Un seul morceau de « Bari» peut durer jusqu’à 40 minutes.

Ainsi, comme partout ailleurs, la danse commence de la même manière par des prières, des actes de grâce aux divinités, des actes d’adoration à leur égard, à l’écart. La danse étant est une expression, elle représente d’ordinaire le phénomène que l’on souhaite. Elle se développe ensuite en figuration de toute une légende d’un épisode mythologique qui donne une place importante à l’expression narrative. Nous recourons généralement à la danse chaque fois qu’un évènement arrive, qu’il soit heureux comme lors du « bari » ou malheureux. 

Cette danse, sans rompre avec les attaches religieuses, est un spectacle, c’est-à-dire stylisée afin de présenter une certaine beauté qui n’entache en rien sa signification. Un penseur n’a-t-il pas dit que « la danse est toujours, au moins en partie, et en dépit parfois des apparences, plaisir de danser, plaisir de jouer avec le corps. En ce sens, elle est libération, catharsis. »

A la mimique des danseurs s’ajoute, dans certaines situations, une partie dialoguée qui change la danse en véritable représentation dramatique. Le geste précède, accompagne ou suit la parole car elle vaut par lui, tout comme il vaut par elle. Mais les gestes peuvent aussi constituer un langage par eux–mêmes et il était fatal, ce langage se passe du concours de la parole, pour acquérir une beauté indépendante s’appuyant sur des techniques.

Les chants sont interprétés par les femmes. La chanteuse principale, appelée parfois «soroké kono» (un oiseau) fait les éloges des vaillants hommes, des grands producteurs de céréales, propriétaires de champs, de bétails ou d’or. Les spectateurs donnent des sommes significatives à la chanteuse pour l’encourager. Les thèmes abordés dans les chansons portent en général sur le succès, l’amour, la mort, la bravoure, la méchanceté.

Le principal instrument est fabriqué à partir du tiers d’une barrique dont les deux côtés sont recouverts de peaux de vache. On l’appelle le « doundounba » qui signifie en français le grand tambour. Le « bari »  désigne aussi la troupe traditionnelle musicale.  

Les deux derniers instruments sont le « djembe » et le « kete ou djembedeni » qui signifie respectivement le « tam-tam » et le « petit tam-tam ». Tous les instruments du « bari » sont joués à l’aide d’une baguette en bois dont l’extrémité est recouverte de caoutchouc. L’équipe du « bari » est accompagnée d’une chanteuse. Pour les joueurs que nous avons rencontrés, la place de la femme est importante dans la troupe, parce qu’à l’origine le « bari » est destiné aux cultivateurs. Et qui parle de cultivateur parle aussi de la femme parce que ce sont les femmes qui apportent à manger aux hommes. 

Le « bari » est joué lors des cérémonies de circoncisions, mariages, baptême, funérailles… Toutes ces occasions sont importantes pour magnifier et faire les éloges des familles concernées. C’est pourquoi, la chanteuse Mamou Koné ne rate pas une occasion de magnifier les hommes braves de la société. « Nos chansons traitent de tout ce qui touche la société comme la jalousie, la méchanceté, le succès, la reconnaissance et bien d’autres », explique-t-elle.

Dans la Commune de Massigui, le « bari » a une variante appelée « boyi ». C’est un groupe de plusieurs femmes munies d’une petite calebasse appelée le « Ya » et d’un  djembe joué par une femme. Pour elles, le « boyi » est une danse traditionnelle réservée exclusivement à la femme. « Les hommes peuvent seulement danser mais ne jouent pas des instruments », précise Alima Fomba, lead vocal de la troupe. 

Le « boyi » est célébré grâce à la composition d’un ensemble d’instruments de musique traditionnelle. Une grosse calebasse est plongée dans un grand récipient rempli d’eau. L’ensemble des mélodies du « Ya » et de la grosse calebasse ajouté au son du tam-tam font la particularité du « boyi ». Selon nos sources, le « boyi peut être également joué par des hommes mais, dans d’autres localités. Une autre particularité du « boyi », c’est que le « ya » peut être joué par toute femme qui le veut.

YD (AMAP)