Cri de détresse des opérateurs économiques sénégalais après les sanctions de la CEDEAO contre le Mali

Dakar, 04 fév (AMAP) Les acteurs du secteur des transports, en particulier et de l’économie sénégalaise en général, ont exprimé, mercredi, à Dakar, leur incompréhension et ras-le-bol après les sanctions de la Communauté économique s des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) contre le Mali. 

« Nous voudrions déplorer la situation, en cerner les contours, jauger la profondeur des difficultés et aller à l’élaboration, avec d’autres acteurs, d’un mémorandum que nous soumettrons aux autorités », a dit Souhaïbou Guèye, secrétaire général du Groupement économique du Sénégal (GES), organisation patronale, lors d’une conférence de presse.

Sérieusement affectés par les sanctions de la CEDEAO, les opérateurs économiques sénégalais ont souligné les conséquences de celles-ci sur l’activité économique eu égard à l’importance des activités sur le corridor Dakar-Bamako. 

Et de rappeler que plus de la moitié des exportations du Sénégal vers l’Afrique de l’Ouest sont destinées au Mali.  « Ceci revient à dire qu’en se privant du trafic sur le corridor Dakar- Bamako, le Sénégal perd 600 milliards de Fcfa », a fait remarquer M. Guèye. 

Son collègue, Mbaye Mbengue, président du Collectif des entreprises agréées pour le transport et la livraison des conteneurs (CEATLCS) a rappelé que le Mali est le premier partenaire économique du Sénégal avec 250 milliards Fcfa. M. Mbengue a précisé que « sur les 20 millions de tonnes débarquées au port de Dakar, 4 millions vont au Mali ». « Ainsi, 6.000 containers sont mensuellement débarqués au Mali:, a-t-il ajouté.

«Nous avons trois cimenteries installées au Sénégal et qui envoient 1,7 million de tonnes par an», a dit le conférencier, peignant  le tableau du manque à gagner de ses camarades opérateurs économiques.

Quant au président du collectif des transports, Mor Sourang, il a renchéri : « avec 1.348 camions qui assurent le trafic entre les deux pays, ce sont plus de 3.000 personnes qui sont concernées».

« Le président Macky Sall, qui doit prendre la présidence de l’Union africaine, doit se rendre au Mali pour discuter avec les autorités de ce pays afin de trouver une solution », ont souhaité les conférenciers.

«J’en appelle à l’intelligence de nos autorités, car cette décision politique ne doit pas entraver le travail. Déjà, nous sommes à terre », a plaidé M. Sourang pour qui « perdre, aujourd’hui, le fret malien qui représente 4 millions de tonnes par an, aura un impact incommensurable ». « C’est un désastre économique qui est en train de s’installer », a-t-il lâché. 

«Il faut qu’il (Macky Sall) trouve la solution avec ses pairs et  le moyen de discuter…  Nous voulons un comité ratifié par les deux États (Mali et Sénégal) pour que nous puissions, le long du Corridor, prendre en charge les problèmes de tous les opérateurs », a suggérer Mor Sourang. 

Les opérateurs économiques sénégalais assurent que l’impact de l’embargo et des sanctions de la CEDEAO « commence à peser sur une partie du peuple sénégalais qui estime que ses dirigeants doivent trouver rapidement une solution,  pour éviter d’asphyxier l’économie du pays ».
GAD/MD (AMAP)