
Les populations ont deserté la ville
Par Moussa DIARRA
Bamako, 18 déc (AMAP) Quelque 2 000 personnes, craignant pour leur sécurité et leur survie, ont abandonné leurs maisons et leurs moyens de subsistance, le 2 avril 2021, suite à l’attaque d’un camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Aguelhok, au nord de Kidal, a appris l’AMAP auprès de Médecins Sans Frontières (MSF) Espagne au Mali.
En raison de la proximité du camp avec les habitations, des milliers de civils ont été obligés de fuir pour se mettre à l’abri de la violence. Certains se sont ainsi déplacés vers la frontière de l’Algérie, tandis que d’autres ont trouvé refuge dans des villages aux alentours, à environ 60 km, d’Aguelhok.
« Nos équipes ont visité les villages d’accueil où s’était installée la majorité des déplacés. Il leur manquait de l’eau de qualité et en quantité suffisante, de la nourriture, des couvertures, des abris. Les conditions d’hygiène n’étaient pas réunies », rapporte le chef de mission de MSF-Espagne au Mali., Boulama El Hadji Gori, cité par un texte de l’ONG.
« De même, de nombreux cas de troubles psychologiques et de traumatismes ont été décelés. La seule structure de santé existante de la localité située dans la ville n’était plus accessible en raison des violences, de la peur de retourner en ville et du couvre-feu en vigueur », a-t-il ajouté.
L’équipe de MSF, dépêchée à Aguelhok, le 8 avril 2021, pour évaluer la situation des déplacés et apporter les premiers secours d’urgence, a recensé 378 ménages soit 2.268 personnes déplacées « qui se trouvaient dans des conditions très précaires ».
Pour répondre à cette crise humanitaire, les équipes de MSF ont, aussi, organisé des cliniques mobiles et assuré des consultations de santé primaire, accompagnées de séances psycho-sociales. « Pendant cette intervention, 333 personnes ont bénéficié de supports psycho-éducation et sociaux, 378 ménages ont reçu des articles essentiels non-alimentaires, 1 084 consultations curatives ont été administrées en ambulatoire », énumère l’ONG.
Selon MSF, « 674 enfants de moins de cinq ans ont été dépistés contre la malnutrition aiguë et 31 vaccinés contre la rougeole, 134 femmes enceintes ont bénéficié des consultations prénatales et 12 en post-natales, 1564 personnes ont été mobilisées pour des séances de promotion de la santé et d’engagement communautaire ».

Intervention d’urgence dans le domaine de l’eau
Les équipes MSF ont, également, mené une intervention d’urgence dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. C’est ainsi que 04 camions-citernes ont fourni plus de 1.282.000 litres d’eau aux déplacés et distribué 12.656 Aqua Tabs.
Dans les villages de Charnaché, Barrage Torcha et Marrat, MSF a construit 15 latrines et douches d’urgence et réhabilité trois (3) puits communautaires ainsi que des abreuvoirs pour les animaux.
L’ONG indique avoir noté « une forte mobilisation de la communauté pour demander la relocalisation du camp militaire loin des habitations mais (qui) semble n´avoir pas eu gain de cause ».
La situation sécuritaire dans la zone reste volatile, marquée par des affrontements entre groupes armés et des tirs d’obus récurrents sur le camp militaire dont les derniers ont été enregistrés au courant du mois de novembre. « La population civile d’Aguelhok est prise en étau entre belligérants et elle est victime au premier rang. Les témoignages de nos patients nous permettent d’affirmer que la population de Aguelhok vit dans une insécurité majeure. C’est une situation que nous déplorons vivement car cette population est largement affectée dans sa santé physique et mentale », poursuit le chef de mission.
MSF est présente dans la Région de Kidal (Nord) depuis 2015. En collaboration avec les autorités sanitaires et locales, MSF intervient dans le Centre de santé communautaire (CSCOM) central, dans les centres de santé communautaire de Abeibara, Aguelhok, Anefif et dans deux postes de santé avancés à Boghassa et Amacine.
L’organisation aide à fournir des soins de santé primaire, des consultations ambulatoires, des dépistages nutritionnels, des opérations de vaccination, des activités en santé mentale et appuie la surveillance épidémiologique.
MD (AMAP)