Assises : L’assassin de l’Imam Abdoul Aziz Yattabary condamné à mort

Bamako, 19 novembre (AMAP) La Cour d’assises de Bamako, a condamné, mardi, à la peine capitale Moussa Guindo, reconnu coupable de l’assassinat de l’Imam Abdoul Aziz Yattabary de la mosquée de Yattabary de Médine, a appris l’AMAP.

Trois chefs d’accusation étaient retenus contre le condamné, poursuivi pour crime d’assassinat, crime de torture et d’outrance envers le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Kéita.

Les faits se sont déroulés le 19 janvier 2019. Ce jour, vers 05 heures du matin, Guindo a quitté son dortoir, dans un magasin contigu à la mosquée, muni d’objets contondants, un gourdin et  un couteau, pour tendre un guet-apens dans la rue où passe, quotidiennement, l’Imam Yattabary pour aller à la mosquée.

Abdoul Aziz Yattabary, comme d’habitude, a quitté chez lui, à cette heure, pour diriger la prière de l’aube, Fadjr. Il a été abordé par Moussa Guindo, dans la rue, dans l’obscurité. L’agresseur aurait posé à sa victime, deux fois, la question : « qu’est-ce que je t’ai fait ». L’Imam ne sachant quoi répondre aurait continué son chemin. Moussa le terrassa, avant de lui asséner plusieurs coups, avec son gourdin à la nuque, et d’autres parties de son corps. La victime, surprise par ce geste, n’aurait pas eu le temps de crier au secours et son bourreau lui aurait donné plusieurs coups de poignard, avec le couteau qu’il détenait.

A la barre, Moussa Guindo a brillé par ses incohérences dans le propos. Tantôt, il prétend que l’Imam avait des dents contre lui parce qu’il a refusé de participer à la prière sur des corps de mauvais musulmans. Et que l’Imam aurait lancé Souleymane Sanogo, communément appelé Soloni Tondian, à sa poursuite. Parfois, il parle d’un prétendu soutien de feu l’Imam Yattabary, du président IBK et de Chérif Ousmane Madani Haidara à un projet autorisant l’homosexualité au Mali.

La partie civile (les avocats des parents de feu l’Imam Yattabary) a réclamé la peine de mort contre Moussa Guindo, car, selon elle, l’assassin a agi avec préméditation. A cet effet, la partie civile a demandé l’application des articles du Code pénal en vigueur au Mali, en la matière.

Par contre, l’avocat de la défense, commis d’office, a évoqué  l’article 28 du même Code qui prévoit la démence. Pour lui, Moussa Guindo n’a sa place que dans un asile psychique. L’avocat de l’assassin s’est référé, pour ce faire, aux conclusions des deux expertises médicales effectuées sur lui. Dont la première révèle « un trouble psychosomatique » et « un potentiel de dangerosité non négligeable du sujet ». Et le rapport de la seconde dit que Moussa « souffre de schizophrénie paranoïaque avec une dangerosité psychiatrique ».

Pour sa part, le Parquet a retenu un chef d’accusation. Il soutient que la préméditation et le guet-apens sont deux mobiles qui soutiennent l’assassinat. Cependant, il estime que « le crime de torture est un fait qui doit être commis par un fonctionnaire de l’Etat contre quelqu’un afin qu’il avoue quelque chose ». Il a aussi prouvé que l’outrance envers le président IBK « ne tient pas juridiquement » dans ce contexte.

De ce fait, le ministère public a demandé à la Cour de condamner Moussa Guindo, uniquement, pour assassinat. Les jurés l’ont reconnu coupable d’assassinat sans retenir des circonstances atténuantes.

OD/MD (AMAP)