Brouille entre Paris et Bamako : Solidarité de l’Algérie avec le Mali

Bamako, 07 oct (AMAP) le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, s’est montré, mardi, solidaire du Mali dans sa brouille diplomatique avec la France.

«Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire, de se libérer de certains comportements, attitudes et visions qui sont intrinsèquement liés à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident…», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra qui a indiqué avoir exprimée « de vive voix » cette solidarité envers le Mali, lors de ses entretiens avec les autorités de la Transition.

Le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, a dépêché à Bamako, son ministre des Affaires étrangères, auprès du président de la Transition malienne, le colonel Assimi Goita, et du Premier ministre, Choguel Kokalla Maiga, « pour témoigner de la solidarité agissante de l’Algérie au peuple et au gouvernement » en cette période de tension qui prévaut entre Paris et Bamako.

Le chef de la diplomatie algérienne a été reçu en audience le même jour par le chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga. À l’issue de la rencontre, Ramtane Lamamra a situé sa visite dans le cadre de la densité de la relation stratégique entre les deux pays. « Notre agenda stratégique est varié et traduit les ambitions partagées des peuples malien et algérien de travailler ensemble résolument. Surtout à prendre en charge solidairement les défis auxquels les deux peuples, le peuple africain en général, sont confrontés », a-t-il soutenu.

Sur la «tension actuelle» entre Paris et Bamako, l’Algérie s’est montrée un très grand défenseur du Mali demandant à la France de se «libérer de certaines attitudes». Selon M. Lamamra, « nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire, de se libérer de certains comportements, attitudes et visions qui sont intrinsèquement liés à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident». « Laquelle mission, a-t-il poursuivi, a été la couverture idéologique utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l’Humanité. C’est-à-dire, la colonisation de tant de peuples africains ».

Et de qualifier de «faillite mémorielle» les propos tenus récemment sur le Mali et l’Algérie. Selon Ramtane Lamamra, cette «faillite mémorielle» est « malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française, parfois au niveau le plus élevé ». Aussi, le ministre algérien des Affaires étrangères a-t-il déclaré que cette «faillite mémorielle», qui pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays « dans des situations de crise malencontreuse, devrait pouvoir s’assainir par un respect mutuel inconditionnel ». « Et, également, par un respect de notre souveraineté, de notre indépendance de décision et acceptation de partenariat sur une base de stricte égalité ».

Parce que, selon le chef de la diplomatie algérienne, il y a une logique de donner et de recevoir dans les relations avec le partenaire français. «Il n’y a pas que de cadeau, pas de fronde à sens unique. Ce sont des intérêts stratégiques, économiques bien compris qui ne peuvent durer, être promus, se consolider et subir l’épreuve de la durée que dans le respect mutuel et dans l’équilibre des intérêts», a soutenu l’hôte de Bamako.

Il a rappelé que « l’Afrique est non seulement le berceau de l’Humanité mais, également, le tombeau du colonialisme et du racisme. Pour le ministre algérien, il est « très normal » que son pays se tienne aux côtés du Mali. «Le destin de l’Algérie et celui du Mali sont étroitement liés… et la solution à nos problèmes est entre nos mains», a-t-il insisté.

 

« Les Algériens lisent dans leur livre d’histoire la contribution inestimable qu’a apportée le Mali à travers la décision souveraine du président Modibo Kéita, en 1960, au lendemain de l’indépendance, d’ouvrir la frontière commune à l’Armée de libération nationale algérienne. Cela, afin que celle-ci puisse ouvrir un front contre le «colonialisme», a-t-il rappelé.

OD/MD (AMAP)